Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

brûlures (suite)

Localisations particulières des brûlures

À la face, on doit craindre une brûlure des voies respiratoires supérieures par inhalation de gaz à haute température. On peut redouter une brûlure oculaire, qui devra toujours être systématiquement recherchée. Des brûlures de paupières posent toujours de difficiles problèmes thérapeutiques.

Les brûlures du pavillon de l’oreille sont particulièrement douloureuses, d’autant plus qu’il s’y ajoute souvent une périchondrite (inflammation autour du cartilage).

Les brûlures orificielles (nez, conduit auditif, anus, vagin) sont d’autant plus graves qu’elles ont une tendance spontanée à l’évolution vers la sténose cicatricielle (durcissement des tissus entraînant un rétrécissement des orifices).

Les brûlures des zones génitales et de la marge de l’anus posent enfin de difficiles problèmes d’hygiène et de thérapeutique.


En conclusion

Si le traitement des brûlures a fait des progrès considérables au cours de ces dernières années, il n’en demeure pas moins que le meilleur traitement reste la prévention. Grâce à une éducation prolongée et attentive du public, des usagers de la route, des ouvriers, 60 p. 100 au moins des brûlures peuvent être évitées.

A. J.

 T. Godfraind, l’Auto-intoxication après brûlure (Arscia, Bruxelles, 1959). / H. A. Miller, les Brûlures du globe oculaire (Charles-Lavauzelle, 1959). / G. Arturson, Pathophysiological Aspects of the Burn Syndrom (Stockholm, 1961). / A. Monsaingeon, les Brûlés (Masson, 1963). / H. E. Köhnlein, Die Möglichkeiten der Homoio-, Hetero- und Allotransplantation bei der Behandlung der Schwerstverbrannten (Berlin, 1965). / W. Hartenbach et F. W. Ahnefeld, Verbrennungs-Fibel (Stuttgart, 1967).

Brunelleschi (Filippo)

Architecte et sculpteur italien (Florence 1377 - id. 1446).


De la Renaissance, idéal nouveau qui se constitue par référence à l’Antiquité en cette période de transition qu’est le début du Quattrocento, Brunelleschi est ordinairement considéré comme le promoteur dans le domaine de l’architecture. Cependant, on a parfois méconnu l’aspect positif, révolutionnaire de son œuvre pour n’en retenir que les survivances et les emprunts.

Son père, le notaire Brunellesco Lippi ou Lippo, avait l’ambition d’en faire un médecin à l’exemple de son aïeul ; il lui fit donner une éducation étendue ; l’optique, la mécanique, la géométrie furent parmi les matières étudiées par l’enfant. Mais une autre voie s’offrait, favorisée par son habileté manuelle, et il devint apprenti orfèvre.

En 1401-02, il participe au concours pour la seconde porte du baptistère de Florence ; Ghiberti* et lui en sortent vainqueurs ex aequo. Les deux œuvres primées restent médiévales ; mais autant la première est équilibrée, élégante, sensible déjà à la leçon antique, autant celle de Brunelleschi traduit une nature tourmentée, un tempérament fougueux. Et cette forme de caractère le pousse à abandonner à son rival une place qu’il voulait sans partage. Il part pour Rome, peut-être avec Donatello*, et y découvre la magie des ruines antiques. Il y vivra de son métier, attendant dans l’ombre l’occasion de conquérir les suffrages exclusifs de ses concitoyens.

Bientôt, l’achèvement de la cathédrale Santa Maria del Fiore est à l’ordre du jour : comment couvrir l’octogone élevé par Arnolfo* di Cambio ? Brunelleschi intrigue avec une habileté consommée, fait traîner les choses. Il obtient, en 1418, un concours public, et finit par persuader tout le monde, sans même avoir dévoilé totalement le secret de sa méthode. Chez cet homme capable d’attendre une revanche pendant plus de vingt ans (il fera écarter le contrôle de son travail par Ghiberti pour incompétence !), la ruse n’a d’égale que la violence dont il fait preuve lorsqu’il brise, de colère, son modèle de palais ducal refusé comme trop grandiose par Cosme de Médicis.

On a beaucoup discuté pour savoir si la coupole de Santa Maria del Fiore était gothique ou Renaissance ; le problème est d’un autre ordre. Progrès certain sur le plan technique, le dôme de Florence s’inscrit dans la lignée des efforts tentés depuis l’Antiquité pour couvrir un vaste espace. En Toscane comme à Rome, on continue alors à employer la brique selon une technique plus que millénaire, et à couvrir les espaces à l’exemple du Panthéon. La parure de pierre ou de marbre, qui habille les murs sans en révéler la structure, peut librement s’adapter à la mode ; il n’est pas rare qu’elle fasse l’objet d’un concours au même titre qu’une chaire ou un autel : Brunelleschi réalisera de cette façon les corniches de la nef de la cathédrale.

On avait, sous les yeux, l’exemple d’un dôme octogonal à double coque, de profil intérieur ogival, celui du baptistère. Il s’agissait pour Brunelleschi d’en reprendre la technique et de l’adapter au franchissement d’une portée non plus de 25 mais de 41 mètres, et cela toujours sans cintrage. Au baptistère, les deux coques étaient rendues solidaires par des éperons, à raison de deux principaux aux arêtes et de deux secondaires sur la portée des panneaux. À partir de l’appui formé par l’enveloppe externe d’un mur montant au tiers de la hauteur, des berceaux rampants, engendrés par les éperons et les raidissant, soutenaient l’enveloppe extérieure, de profil rectiligne. L’idée, géniale, de Brunelleschi fut de remplacer les petits berceaux rampants par une série d’arcs couchés, prenant appui sur les éperons d’arêtes et soulageant, à l’aide d’ancrages, les éperons intermédiaires. Ces arcs, normaux aux enveloppes, forment comme les lits d’un appareil rayonnant ; continus, ils auraient donné — à supposer l’enveloppe interne supprimée — une coupole côtelée.

En fait, le dôme de Florence reste plus proche des tours-lanternes médiévales que des coupoles de l’âge classique. En dépit de son importance constructive (puisqu’il reste la plus grande voûte élevée sans cintre), on ne saurait y trouver l’explication du rôle reconnu à Brunelleschi dans la diffusion des idées nouvelles.