Boole (George) (suite)
S’étant lié d’amitié avec Augustus De Morgan (1806-1871), Boole prend un vif intérêt à la controverse sur la logique, qui est élevée entre ce dernier et le philosophe écossais sir William Hamilton (1788-1856), et entreprend ses propres recherches sur la logique. Puis il enseigne de nombreuses années au Queen’s College de Cork, en Irlande. Tous ses travaux font preuve d’une grande indépendance de pensée, et cette originalité se retrouve dans ses conceptions religieuses ainsi que dans son comportement social, lui conférant une certaine réputation de bizarrerie.
En 1847 paraît son premier travail sur la logique, The Mathematical Analysis of Logic, ouvrage contemporain de celui de De Morgan, Formal Logic or the Calculus of Inference, Necessary and Probable. En 1854, Boole revient sur l’argument dans son écrit An Investigation of the Laws of Thought, on which are founded the Mathematical Theories of Logic and Probabilities. Dans les titres de ses deux premiers ouvrages apparaît le but qu’il s’assigne : utiliser l’analyse mathématique pour approfondir nos connaissances dans les domaines de la logique et des probabilités. Dès le début de son travail de 1847, il adopte une conception abstraite de l’algèbre, absolument indépendante des notions de nombre ou de grandeur. Il désigne par 1 l’univers des objets concevables, et l’opération consistant à choisir dans cet univers tous les objets d’un certain type est représentée par 1 . x ou x. Le produit xy signifie le choix, parmi ces objets, de ceux d’un second type y. C’est notre intersection ensembliste. Boole note les égalités xy = yx et x2 = x. La somme x + y est la réunion actuelle des ensembles, mais il ne la considère que si x et y n’ont pas d’éléments communs, et x + x n’a pas de signification. Le complémentaire de x est représenté par 1 – x. Ces bases lui permettent de mettre en évidence d’importantes règles de calcul, telle la distributivité de la multiplication par rapport à l’addition.
L’œuvre mathématique de Boole, que l’on peut considérer comme un promoteur de la logique mathématique contemporaine, comprend deux ouvrages classiques, souvent réédités : Treatise on Differential Equations (1859) et Treatise on the Calculas of Finite Differences (1860). Sa première algèbre présente certaines complications inutiles et quelques imperfections. William Stanley Jevons (1835-1882) les fera disparaître en 1864 dans ses Elementary Lessons in Logic (1870). Chez lui, l’addition devient notre réunion d’ensembles et a lieu même si x et y ont une partie commune. Alors, elle est commutative, x + x = x, et les deux opérations ont un rôle absolument symétrique. Les notations modernes des algèbres de Boole proviennent de l’école de Giuseppe Peano (1858-1932). Entre l’époque de Boole et celle de Peano, un remarquable changement de tendances s’est d’ailleurs produit : alors que le fondateur de la théorie applique les mathématiques à la logique, Peano, Alfred North Whitehead (1861-1947), David Hilbert (1862-1943), Bertrand Russell (1872-1970) feront de la logique le fondement même des mathématiques. Cependant, il convient de noter l’hostilité assez curieuse de Georg Cantor (1845-1918) aux conceptions de Boole.
J. I.
➙ Algèbre.
E. T. Bell, Men of Mathematics (New York, 1937 ; trad. fr. les Grands Mathématiciens, Payot, 1939). / N. Bourbaki, Éléments d’histoire des mathématiques (Hermann, 1960).