Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bonneterie (suite)

Métiers chaîne et Rachel

Ces métiers produisent en général des tricots en pièces ouvertes. Depuis ces dernières années, ils ont connu un essor considérable non pas tant sur le plan technologique pur que sur celui de la productivité. Avant 1940, ils fonctionnaient aux environs de 300 rangées par minute. Depuis, ils ont connu dans leur conception et leur construction une évolution des plus remarquables, passant du stade d’une mécanique assez primitive à celui de la mécanique de précision. Les cames à galets ont été remplacées par des cames à contre-effet, puis par des excentriques, les mouvements étant obtenus par composition de mouvements oscillants. Les vitesses atteintes actuellement sont de l’ordre de 1 400 rangées par minute. Le nombre de barres des métiers Rachel est passé à 48. Les métiers chaîne peuvent posséder jusqu’à 13 barres : plus un métier compte de barres, plus ses possibilités d’échantillonnages sont grandes.

Face à ces possibilités et à ces évolutions se dessine une tendance à l’unification des possibilités des différents genres de matériel, les efforts ayant été orientés vers la recherche d’une polyvalence aussi étendue que possible avec l’apparition du métier Jacquard intégral sur circulaires, du métier Cotton double fonture et de la tricoteuse fully fashioned. Cependant, chaque type de machine, devenu polyvalent dans son propre domaine, reste centré dans son exploitation sur ses productions traditionnelles, mais dans une gamme beaucoup plus variée.


Importance économique

La bonneterie est une branche très importante de l’industrie textile. En France, elle est la première en ce qui concerne les effectifs et la masse globale de ses salaires. Ne cessant de progresser grâce au perfectionnement incessant de ses moyens de production, l’industrie de la maille s’est considérablement développée grâce à l’automatisation et à la mise au point de méthodes de contrôle scientifiques. Elle est répartie dans toute la France, les plus fortes concentrations se trouvant dans l’Aube (Troyes), dans le Nord (Roubaix-Tourcoing), dans la Loire (Roanne) et à Paris.

De nos jours, la bonneterie pénètre pratiquement dans tous les domaines du vêtement, et elle aboutit à de nombreuses applications industrielles. Si la layette, le linge de corps masculin (maillots de corps et slips), les chemises polo, les chaussettes et les bas sont des articles de bonneterie connus, la lingerie féminine, souvent qualifiée d’« indémaillable », est faite de tricots, et certaines dentelles sont produites par des métiers Rachel, qui sont des métiers de bonneterie. Ces métiers produisent encore des filets de pêche, des filets d’emballage pour saucissons, des rideaux, des tapis. Les métiers chaîne produisent des tissus pour chemises d’homme, du « velours de Nylon » pour l’ameublement et la carrosserie, des tissus pour blouses et draps de lit. Sur les métiers trame, outre les tricots classiques, on fabrique des tissus pour l’ameublement et pour la carrosserie, des tissus pour pyjamas, pour maillots de bain, etc. La maille, qui s’est irréversiblement imposée dans le vêtement féminin (jupes, robes, tailleurs deux-pièces, manteaux), aborde maintenant le domaine du costume d’homme. Les vêtements de sport (tee-shirt, polo, survêtements, fuseaux de ski, collants, maillots de bain) doivent envelopper le corps, voire le serrer pour le maintenir sans en gêner les mouvements, d’où la recherche de tissus extensibles et élastiques ; or, les tricots répondent à ces besoins.

Le fait que les métiers trame circulaires permettent des changements de production faciles et rapides, beaucoup plus qu’en tissage, puisqu’il n’y a pas d’ourdissage à faire, n’est pas étranger non plus au succès de la bonneterie par rapport au tissage, voire de la bonneterie trame par rapport à la bonneterie chaîne. En effet, les exigences de la mode imposent une diversification de plus en plus grande des articles, probablement parce qu’à certains égards la vie moderne se caractérise par une uniformité que l’individu tend à compenser par plus d’originalité dans son habillement. Il est donc important que la fabrication puisse se faire avec une très grande souplesse.

L’évolution de la consommation des matières textiles illustre bien la progression de la bonneterie française. Celle-ci absorbe à l’heure actuelle plus de 80 p. 100 des fils synthétiques textures disponibles sur le marché national.

E. V.

 E. Noble, le Métier Cotton (Éd. La Maille, 1952). / J. Suchet, Théorie de la maille dans les tricots trame (Éd. La Maille, 1952)./ J. Dury, Traité de bonneterie mécanique. Métiers rectilignes et rectilignes à mailles retournées (Éd. La Maille, 1954). / D. F. Paling, Warp Knitting Technology (Londres, 1965). / I. Meuris, Tricot et métier Rachel (Éd. La Maille, 1968).

Principales étapes de l’évolution de la bonneterie mécanique

1775 ou 80

invention du premier métier chaîne à main ;

1798

construction du premier métier circulaire à aiguilles à bec ;

1860

construction du premier métier circulaire à aiguilles à clapet ;

1861

introduction de la commande automatique et mécanique par Paget ;

1866

construction du métier rectiligne de l’Américain Lamb ;

1868

invention du métier Cotton par l’Anglais William Cotton ;

1891

construction du premier métier à diminutions ;

1892

construction du premier métier rectiligne à mailles retournées ;

1915

construction du premier métier interlock de C. A. Roscher ;

1921

construction du premier métier circulaire.

Boole (George)

Logicien et mathématicien britannique (Lincoln 1815 - Ballintemple, près de Cork, 1864).


Né dans une modeste famille d’artisans qui ne peut lui assurer qu’une instruction primaire, il apprend le latin grâce à la complaisance d’un libraire et, à l’âge de douze ans, il traduit une ode d’Horace en vers anglais. Plus tard, il apprendra le grec, le français, l’allemand et l’italien. Il enseigne les mathématiques dans une école élémentaire et passe de la lecture des manuels à l’étude des grands traités de Laplace et de Lagrange. Ses premiers travaux concernent le calcul des variations. Il les propose à D. F. Gregory (1813-1844), jeune directeur du Cambridge Mathematical Journal, qui, en 1841, publie son article On Certain Theorems of the Calculus of Variations, rédigé en 1838.