Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bogotá

Capitale de la Colombie, dans les Andes, à 2 640 mètres d’altitude ; 2 818 000 hab.


Fondée en 1538, Bogotá fut, dès la fin du xvie s., la capitale de la vice-royauté espagnole de Nouvelle-Grenade. Avec l’indépendance des colonies espagnoles, elle devint capitale de la république de Colombie, jusqu’à la division du pays en trois États. À partir de 1886, elle demeure la capitale de la Colombie proprement dite (avec les frontières actuelles).

Bogotá exerce donc la fonction de capitale administrative. Sa population, cependant, ne représente guère plus de 10 p. 100 de la population colombienne. D’autres villes possèdent d’importantes activités industrielles et commerciales, en particulier Medellín*. Cette particularité est sans doute due en partie à la situation même de Bogotá et, d’une façon plus générale, à la configuration du pays, morcelé par la montagne andine.

Bogotá se trouve dans un haut bassin de la cordillère des Andes, à 2 640 m d’altitude, dont l’accès aux autres parties de la Colombie, et surtout à la plaine pacifique, est particulièrement difficile. Le bassin jouit d’un climat adouci par l’altitude, qui tempère l’influence d’une latitude presque équatoriale. Mais le climat est affecté de fréquents brouillards et de pluies fines qui le rendent peu agréable ; ce n’est guère que de janvier à mars que la ville jouit d’une saison véritablement très belle.

Le bassin où est située Bogotá, offre un paysage de campagne prospère, avec une agriculture variée et un élevage intensif ; aussi, la ville ajoute-t-elle à ses fonctions de capitale celle de centre économique d’une région agricole riche et dynamique. En outre, Bogotá est un centre industriel : centre de vieille industrie, d’abord, issue de traditions indiennes comme la fabrication de couvertures de laine ou le tissage des ponchos ; mais également centre d’une industrie textile et des industries mécaniques. Cette fonction industrielle connaît un grand essor et constitue la cause essentielle de l’accroissement accéléré de la population urbaine. Bogotá, enfin, a un rôle universitaire et artistique (son musée lui a valu le nom d’« Athènes de l’Amérique du Sud »).

Sur le plan ferroviaire, les relations entre Bogotá et l’extérieur sont très difficiles ; les routes modernes relient la ville d’une façon plus efficace aux autres pays de l’Amérique latine comme aux autres régions de la Colombie, mais c’est surtout l’avion qui rompt l’isolement de la capitale.

L’espace urbain reflète l’histoire de la ville : le centre des affaires s’est construit autour des quelques avenues modernes qui ont percé la vieille ville coloniale, aux rues étroites et animées. Actuellement, les bâtiments modernes de ces avenues, qui renferment les fonctions dynamiques, bureaux, sièges sociaux, etc., s’opposent aux petites rues, qui ont conservé des activités traditionnelles de petit commerce ou d’artisanat. Au-delà de cette vieille ville s’étendent les quartiers résidentiels récents, faits essentiellement de maisons individuelles, qui, dans le nord-est de la ville, constituent le quartier aristocratique et qui, dans les parties sud et sud-est, vont en se dégradant et forment un habitat pauvre, parfois de bidonvilles.

M. R.

Bohême

Région de la République socialiste de Tchécoslovaquie, devenue fédérale par la nouvelle loi constitutionnelle d’octobre 1968.



Géographie

La Bohême forme avec la Moravie* le « pays » ou la « région des Tchèques », qui jouit, au même titre que la Slovaquie, d’une certaine autonomie dans le cadre de la Fédération bipartite et constitue la « République socialiste tchèque ». La Bohême en est le territoire géographique le plus important par sa superficie (environ 50 000 km2) et sa population (plus de 6 millions d’habitants sur près de 10 millions en Bohême-Moravie). La Bohême et la Moravie assurent près des trois quarts de la valeur de la production agricole de la Tchécoslovaquie, plus des quatre cinquièmes de la valeur de la production industrielle.

Les « pays tchèques » forment une entité linguistique : 94,5 p. 100 de la population se composent de populations de langue tchèque (5 p. 100 de langue slovaque). Il y a environ 200 000 Allemands, Polonais, Hongrois, Ruthènes et Ukrainiens. L’opposition entre « pays tchèques » et « pays slovaques » n’est pas seulement linguistique ; elle est de nature religieuse. Les pays tchèques sont en partie déchristianisés, et le protestantisme y a gardé une certaine importance ; les pays slovaques sont encore catholiques, et la foi y reste vive. Les contrastes sont encore d’ordre économique et social. Pendant longtemps, la Slovaquie, dans le cadre de la Double Monarchie, puis de la Ire République tchécoslovaque, a fait figure de pays pauvre, moins développé, à la croissance plus lente, ayant gardé les caractères d’un pays isolé, montagnard, rural. Son industrialisation et son urbanisation, accélérées depuis 1945, la rapprochent de la Bohême-Moravie : les écarts diminuent avec les taux de croissance nettement plus élevés.


Le milieu

Au sens strict, la Bohême se compose de régions appelées dans la géographie traditionnelle quadrilatère bohémien, dont l’évolution participe de celle de tout le domaine hercynien en Europe centrale. Elle est formée d’un pourtour montagneux (massifs anciens séparés par des bassins tertiaires) et d’un centre composé de cuvettes drainées vers l’Allemagne, au nord, par le réseau hydrographique de la Labe (Elbe).

Le pourtour se compose de trois alignements de massifs, qu’on peut distinguer en fonction de leur direction, de leur altitude, de leur aération et du potentiel qu’ils offrent à l’exploitation économique.

Au nord-ouest et au nord s’allongent, dans la direction varisque (S.-O. - N.-E.), les Krušné Hory, ou monts Métallifères (Erzgebirge en allemand), qui culminent à un peu plus de 1 200 m et dont les crêtes forment la frontière entre la Bohême et la République démocratique allemande. L’ensemble présente une dissymétrie nette : les pentes douces descendent vers la Saxe, et, du côté tchèque, un abrupt de faille domine une série de beaux fossés tectoniques reliés par l’Ohře et la Bílina, affluents de l’Elbe. Le volcanisme s’est manifesté au Miocène, donnant de belles coulées de basalte, des dykes et des necks dans la montagne de Doupov et les Středohoří. Les filons contiennent des minerais non ferreux et surtout des minerais de radium, que les Russes ont exploités, avant de les épuiser, à Jáchymov. Des sources thermales jalonnent les lignes de faille : Františkovy Lázně, Mariánské Lázně et surtout Karlovy Vary, qui s’enorgueillit du seul geyser européen, reçoivent plus d’un million de curistes. La vie pastorale a décliné, mais la verrerie subsiste sous sa forme noble : les cristaux de Bohême sont fabriqués dans la région de Karlovy Vary. Charbons bruns et lignites sont exploités à ciel ouvert dans les bassins de Sokolov et de Most. Ils alimentent des centrales thermiques géantes ainsi qu’une industrie chimique lourde et une industrie mécanique. La Labe perce les Strědohoří et emprunte un ensellement entre les Krušné Hory et les Lužické Hory (ou montagnes de Lusace). Favorisées par la navigation frontalière, les deux villes de Děčín et d’Ústí nad Labem sont, au centre de riches bassins, des foyers d’industrie chimique et métallurgique.