Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Bavière (suite)

La Bavière


Une région en voie d’industrialisation

La Bavière ne présente pas des paysages homogènes. Aux abords du Danube, l’allure plate est déterminée par les formations fluvio-glaciaires. Les terrasses forment encore les paysages des vallées inférieures : Iller, Lech, Isar et Inn. En avançant vers le sud, les collines accidentent le relief. Les glaciations quaternaires marquent de leur empreinte le paysage actuel. Ammersee, Starnberger See (appelé aussi Würmsee), Chiemsee doivent leurs contours autant à la tectonique qu’aux influences glaciaires. L’écoulement des eaux est souvent difficile. Le mot Moos (Dachauer Moos, Erdinger Moos, Donaumoos) signifie « tourbière » dans les pays de parler bavarois. Le mot Ried est l’équivalent souabe, plus à l’ouest. À l’approche des Alpes, les moraines würmiennes sont peu retouchées et mènent vers les paysages calcaires de la frange alpine. Les cours d’eau, en traversant du sud au nord ces différentes régions, assurent, dans une certaine mesure, l’unité de l’ensemble. La vallée du Danube ne présente pas les caractères grandioses de son homonyme rhénane. Son rôle fédérateur a été faible. Celui de l’Isar, surnommé le « Rhin bavarois », a été plus efficace.

Sur le plan des sols, la Bavière présente une grande variété. Les zones non recouvertes par les dernières glaciations ont vu le dépôt du lœss fertile (Dungau). Au fur et à mesure que l’on s’enfonce vers le sud, les labours perdent de l’importance, pour être remplacés par la Grünlandwirtschaft, ou économie herbagère. Dans la zone alpine s’y ajoute l’Almwirtschaft (exploitation des alpages en partie communaux). L’Allgäu est tourné vers l’économie laitière ; on le surnomme la « Käseküche Deutschlands ». La couleur verte domine, tandis que, plus au nord, l’ocre des terres de labours donne au printemps une impression de plus grande austérité. Tabac, houblon et betteraves sont plantés sur les exploitations poly-culturales d’une vingtaine d’hectares.


L’essor démographique et l’industrialisation récente

Pendant très longtemps, la Bavière a passé pour un « Agrarstaat » (État agricole). Sa relative autonomie politique (royaume de Bavière jusqu’en 1918) a pu ralentir la pénétration des influences extérieures, notamment prussiennes. Il n’en est plus de même depuis 1944-45, période qui a vu l’arrivée de 630 000 personnes uniquement dans les deux Regierungsbezirke de Haute- et Basse-Bavière. L’expansion démographique était cependant déjà amorcée avant 1939. La Haute-Bavière (ch.-l. Munich), qui comprend toute la zone alpine bavaroise, ne connaît guère de déclin démographique. Sa population a plus que triplé en un siècle et augmenté de plus de 50 p. 100 depuis 1939.

L’évolution a été rapide depuis vingt ans. Alliant la tradition au progrès, la Bavière est devenue un pays industriel. En Haute-Bavière, les actifs agricoles ne groupent plus que 14 p. 100 des travailleurs en 1964 ; avec 34 p. 100, la Basse-Bavière, plus excentrée et limitrophe de la Tchécoslovaquie, reste plus rurale. La nature y est plus rude, et la situation politique, en réduisant les échanges avec la Tchécoslovaquie, n’incite pas au dynamisme. La frange frontalière est, sur une profondeur de 40 km (donnée valable pour toute la bande frontalière de la R. F. A.), classée zone à développer (Fördergebiet).

Il en va autrement pour le Regierungsbezirk souabe. Axé autour du Lech, ce département fait encore partie de l’aire de la civilisation souabe. Son dynamisme a toujours été plus vif que celui de la Basse-Bavière (sa population a plus que doublé en un siècle). Grâce à Augsbourg, les relations avec l’Italie ont été anciennes et suivies. L’agriculture ne retient que 20 p. 100 des actifs ; par contre, l’industrie emploie 47 p. 100 des travailleurs. Le Regierungsbezirk souabe rappelle déjà la Souabe wurtembergeoise, où le travail industriel a gagné profondément les campagnes.

On est frappé, en étudiant l’histoire et la géographie des pays bavarois, par le faible pouvoir urbanisateur joué par le Danube. Les grandes villes bavaroises tournent le dos au fleuve, qui, pourtant, traverse une bonne partie de l’Europe. Augsbourg est située sur le Lech et doit sa fortune aux relations lointaines. Elle est, comme Ratisbonne, une création romaine. Ingolstadt est une ville moyenne. Son essor est relativement récent. L’industrie automobile (Auto Union-VW) et les raffineries de pétrole, branchées sur le pipe-line sud-méditerranéen, autorisent un avenir prometteur. Aucune ville, cependant, ne peut être comparée à Munich, qui, de simple métropole bavaroise, se hisse au niveau d’une métropole européenne, et cela malgré une situation géographique en apparence défavorable.


L’économie du Land de Bavière

Pour l’ensemble du Land, la population active agricole ne s’élève plus qu’à 19 p. 100 du total des actifs, alors que le secteur industriel en emploie 46 p. 100. L’agriculture reste liée néanmoins à de solides traditions. Le déclin du nombre des agriculteurs ne signifie pas celui de la production agricole. Celle-ci, bien au contraire, a fait des progrès considérables au cours des dernières années. L’élevage prend une extension de plus en plus grande. De 1950 à 1964, la production laitière est passée de 3,1 millions à 6,4 millions de tonnes. Celle de beurre a triplé et celle de fromage a presque doublé. Dans les régions alpines, mais aussi en Franconie, le tourisme s’est greffé sur les activités agricoles. Le plus souvent, il est le fait des populations locales et rappelle l’organisation autrichienne. Le tourisme bon marché est encouragé par les autorités, qui, depuis peu, versent des subventions aux paysans qui acceptent des touristes dans leurs fermes. L’essor est rapide. En 1949-50, on ne comptait que 11,8 millions de nuitées. En 1963-64, le total des nuitées dépasse 41,6 millions, dont 2,9 millions pour les étrangers. Si Munich figure dans ces chiffres pour 3,4 millions, le Berchtesgadener Land en totalise 2,1 millions, et la station olympique de Garmisch-Partenkirchen arrive en troisième position avec 1,5 million. Pour bien des régions, le tourisme est plus qu’un appoint, une source principale de revenus. Son développement est à mettre en relation avec l’urbanisation et l’industrialisation du Land. Environ 35,5 p. 100 de la population de ce dernier vivent dans les communes de moins de 2 000 habitants. Ce pourcentage tombe à 22 p. 100 en Haute-Bavière. Ce sont la Basse-Bavière et le Haut-Palatinat qui ont le pourcentage le plus élevé de population rurale (respectivement 55 et 44 p. 100). Par contre, la population des villes de plus de 100 000 habitants se monte déjà à 22 p. 100 de la population du Land. Ce sont les villes qui constituent les foyers de prospérité. Dans tous les Regierungsbezirke, l’industrie assure plus de 40 p. 100 du produit brut. Les temps sont donc révolus où l’on identifiait la Bavière avec une région rurale, agricole, qui ravitaillait une Prusse industrialisée.

F. R.