Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bavière (suite)

L’histoire


Le Moyen Âge

Peuplée par des Celtes, puis incorporée aux provinces romaines de Norique et de Rhétie sous Auguste, la Bavière doit son nom aux Boïens, Germains installés vers 530 apr. J.-C. dans le pays, où ils prennent le nom de Bajuvares.

Du vie au viiie s., leurs princes sont vassaux des Francs. Sous Tassilon III (748-788), la Bavière connaît une expansion vers l’est et le sud-est, un essor culturel et de nombreuses créations de couvents. En 788, elle est intégrée dans l’Empire carolingien. Salzbourg devient en 798 la métropole religieuse du pays.

Au début du xe s., la Bavière est l’un des plus importants duchés de l’Empire germanique. Après la victoire du Lechfeld, en 955, sur les Hongrois débute une grande vague de colonisation de l’Est, qui aboutira à la création de l’Autriche et de la Carinthie. Cette dernière obtient son autonomie en 976, alors que les autres marches de l’Est s’en séparent au cours du xie s. En 1002, le duc Henri devient empereur (Henri II le Saint) et donne une vigueur nouvelle à la vie religieuse et artistique.

La dynastie des guelfes (1070-1180) pratique une politique d’expansion en Italie et en Allemagne du Nord. Henri le Lion, qui s’oppose à l’empereur Frédéric Ier Barberousse, se voit confisquer la Bavière, qui est donnée en 1180 au comte palatin Otton de Wittelsbach, dont les descendants régneront jusqu’en 1918. Le xiie s. est aussi l’époque de l’art roman, très proche de celui de l’Italie du Nord : c’est la basilique alpestre formée de trois nefs sans transept. Les troubadours bavarois sont nombreux, et l’évêque Otton de Freising (v. 1114-1158) compose deux grands ouvrages historiques.

Pendant la fin du Moyen Âge, le duché de Bavière demeure l’une des plus grandes principautés allemandes ; il a, de plus, une unité ethnique. Depuis 1214, sa dynastie règne aussi sur le Palatinat rhénan. Mais à plusieurs reprises se produisent des partages qui affaiblissent l’ensemble.

Lentement se développe une administration locale bien dirigée par les souverains. Ceux-ci parviennent, au xiiie s., à unifier le duché grâce à l’extinction de la majorité des familles nobles, mais leur expansion géographique va être bloquée par la formation de puissantes principautés ecclésiastiques sur le pourtour (Salzbourg, Augsbourg). Les villes impériales sont limitées aussi à la périphérie, à l’exception de Ratisbonne. Des luttes fréquentes éclatent avec les Habsbourg à l’est ; elles se poursuivront jusqu’à la fin de l’époque moderne. Seul émerge Louis IV, devenu empereur en 1328. En art, le gothique tardif connaît un grand essor dans la construction de centaines d’églises en brique. L’université d’Ingolstadt, fondée en 1472, et l’œuvre de l’historien Aventinus (1477-1534) sont les manifestations d’un humanisme original.


Le xvie et le xviie s.

Le xvie s. voit les ducs s’imposer définitivement face aux états ; et surtout la Bavière devient un bastion de la réforme du concile de Trente. Guillaume IV (1508-1550), conseillé par Johann Eck, le grand adversaire de Luther, pratique dès 1522 une politique d’opposition systématique à la Réforme. Les anabaptistes, assez nombreux, sont pourchassés avec vigueur. En 1525, la Bavière est le seul État du Sud à être épargné par la guerre des Paysans ; les décrets du concile de Trente y sont introduits dès 1564. Le concordat de 1583 accorde aux princes le contrôle des biens ecclésiastiques et un droit de regard sur la nomination de l’épiscopat. L’Église subit désormais une tutelle assez stricte de l’État. Il est vrai que celui-ci soutient activement les efforts de rénovation religieuse dans toute l’Allemagne du Sud, avec l’aide de Rome et de l’Espagne. À partir de 1583, un Wittelsbach occupe le siège épiscopal de Cologne et, à partir de 1719, celui de Münster. Cette liaison Munich-Cologne, qui durera deux siècles, renforce sensiblement la puissance dynastique et assure au catholicisme allemand une certaine unité. Les Jésuites, soutenus par les princes, façonnent la piété populaire et influencent la vie artistique et culturelle par le théâtre, la musique (Roland de Lassus), la littérature populaire et l’art baroque, qui oriente la Bavière vers l’aire culturelle des pays latins.

Le champion de cette politique est Maximilien Ier (1597-1651), militant convaincu de la Contre-Réforme. Grand homme d’État, il réussit à remettre sur pied les finances, obérées par un mécénat ruineux, et à créer un appareil administratif de qualité. Le Codex Maximilianeus de 1616 établit une unité juridique dans toute la Bavière et remet à jour toutes les anciennes lois. Ainsi s’implante un absolutisme catholique qui élimine totalement les états et les anciennes franchises. Avec l’aide de Tilly est constituée une armée remarquable au service de la Ligue, créée en 1609 par la majorité des princes catholiques gagnés par le dynamisme de la réforme du concile de Trente. En 1613, la branche collatérale de Palatinat-Neuburg implantée sur le Danube se convertit ; elle acquiert en 1614 les duchés de Juliers et de Berg, en attendant la succession du Palatinat en 1685.

Pendant la guerre de Trente Ans, la Bavière joue un rôle appréciable. Dès 1619, Maximilien accorde son aide militaire à l’empereur Ferdinand II face à la Bohême révoltée. Après la victoire de la Ligue à la Montagne Blanche en 1620, Tilly occupe le Haut-Palatinat, situé au nord du Danube, ainsi que le Palatinat rhénan, avant de mener campagne en Allemagne du Nord. En récompense, la Bavière obtient le chapeau d’Electeur, au détriment des cousins palatins, en 1623, ainsi que le Haut-Palatinat, rapidement recatholicisé par les Jésuites et les Capucins. Mais les années 1631-1648 sont moins brillantes ; la Bavière n’est pas épargnée par les dévastations, ce qui incite Maximilien à conclure une paix séparée qui lui permet de conserver les avantages acquis au début.

En 1650, la Bavière est un État épuisé : la population a diminué de près de 40 p. 100, l’économie s’est effondrée, les campagnes sont dévastées. Dans les villes, il ne reste « que des dettes et des documents poussiéreux ». La noblesse, ruinée, va désormais vivre au service du prince. Seuls les couvents se relèveront rapidement et accapareront des terres.