Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

barotraumatisme (suite)

Physiopathologie des accidents

Les accidents sont en rapport avec les propriétés physiques des gaz :
1. Le volume d’un gaz varie en raison inverse de la pression qu’il supporte (loi de Mariotte : PV = constante) ;
2. La quantité de gaz qui se dissout dans un liquide est fonction directe de la pression qui règne à la surface de ce liquide (loi de Henry).

La première loi a une incidence directe sur les gaz contenus dans les cavités closes ou semi-closes (sinus, oreille moyenne, appareil digestif, poumons). La seconde concerne essentiellement les gaz du sang et plus particulièrement l’azote : une augmentation de la pression entraîne une sursaturation. La décompression a pour conséquence le dégagement de ce gaz sous forme de bulles dans le sang et dans les tissus.


Manifestations cliniques

• Les barotraumatismes des oreilles et des sinus. La trompe d’Eustache établit normalement l’équilibre des pressions entre la caisse du tympan et le milieu extérieur. Mais une variation trop rapide ou une mauvaise perméabilité de la trompe ne permet pas l’équipression.

À la montée, la pression relative dans la caisse est plus élevée que celle du milieu ambiant. Lorsque le déséquilibre atteint 20 mb, la trompe s’ouvre passivement — le sujet perçoit une sorte de « click » — et l’équilibre se rétablit en règle générale facilement.

À la descente, le rétablissement des pressions nécessite une ouverture active de la trompe d’Eustache (par déglutition) ou une auto-insufflation par expiration forcée à bouche et nez fermés. Si la variation est trop rapide, cela devient impossible et les accidents apparaissent : surdité transitoire, douleurs parfois intenses, épanchement de liquide dans la caisse du tympan. La répétition de ces accidents peut entraîner une surdité définitive avec participation de l’oreille interne.

Au niveau des sinus peuvent apparaître des douleurs vives (surtout frontales) si l’orifice d’un sinus est bouché, et des épistaxis (saignements de nez).

• Le réveil des infections dentaires des racines au cours d’un vol en avion est en rapport avec la dilatation de l’air atmosphérique ou de gaz de fermentation dans une cavité de carie dentaire incomplètement obturée.

• Dans le tube digestif, la dilatation des gaz dans certains segments (estomac, côlon) peut entraîner des douleurs atroces, les coliques des scaphandriers, la pression atmosphérique sur l’abdomen n’équilibrant plus la pression interne à la remontée.

• Au niveau des poumons, il faut signaler l’accident redoutable que peut représenter une surpression relative à l’intérieur des alvéoles. Ce peut être le cas lors des derniers mètres d’une remontée, pour un plongeur pris de panique et qui retient son expiration : la rupture des alvéoles pulmonaires entraîne un pneumothorax (rupture d’un alvéole proche de la plèvre) et de l’emphysème (rupture des cloisons entre les alvéoles).

• L’aéroembolisme en rapport avec le dégagement des gaz dissous dans le sang et les tissus peut se voir chez l’aviateur lors de la montée, mais affecte surtout les travailleurs en air comprimé lors de la décompression. L’oxygène et le gaz carbonique sont peu en cause (ils sont facilement captés par les globules rouges), au contraire de l’azote qui ne s’élimine que progressivement au niveau des poumons par simple phénomène physique de diffusion.

Lorsque le coefficient de sursaturation est dépassé, l’azote n’a plus le temps de s’éliminer au-dehors et se dégage sur place sous forme de bulles dans le sang et les tissus.

Ces bulles sont la cause d’embolies gazeuses à l’origine d’accidents très graves.

Ces accidents peuvent être suraigus avec choc mortel par syncope cardiaque ou atteinte du bulbe rachidien.

Ils peuvent être aigus, atteignant l’appareil locomoteur (douleur et gonflement des articulations et atteintes musculaires), la peau avec démangeaisons (les puces) et apparition de plaques rouges, les organes des sens (labyrinthe), le système nerveux avec possibilité de paraplégie.

Enfin, les accidents tardifs, ou séquelles, sont surtout ostéoarticulaires (épaule, hanche), pouvant aboutir à l’ostéonécrose (destruction du tissu osseux) et à l’arthrose secondaire.


La prévention des accidents

• Prévention médicale. Elle est réalisée par les visites d’embauche, éliminant les sujets porteurs d’atteinte nasale ou auriculaire, pulmonaire, abdominale (hernie), cardiaque, etc.

• Prévention technique surtout. Dans l’aviation, on utilise des cabines de pressurisation, et la vitesse de descente est limitée (300 m/mn dans les compagnies commerciales, souvent moins).

Chez les travailleurs sous-marins, il convient de respecter les tables de plongée et de remontée, et d’aménager des chambres de repos et de recompression.


Traitement des barotraumatismes

Le traitement des accidents de décompression est fondé sur la recompression en chambre ou en caisson, permettant la redissolution des gaz dans le sang. La disparition des signes cliniques précise la notion de « pression de soulagement ». Une décompression très lente permet ensuite une élimination des gaz par la respiration. Cette méthode permet généralement de sauver la vie du sujet. La précocité de sa mise en œuvre conditionne son efficacité.

J. T.

Barracuda

Poisson Téléostéen des mers chaudes, qui ressemble au Brochet* d’eau douce tant par sa forme générale que par ses mœurs prédatrices. Il peut attaquer l’Homme et n’est pas moins dangereux que les Requins.


Le Barracuda, ou Bécune (Sphyræna barracuda), hôte des côtes antillaises, atteint facilement 2 m de long. Le corps est très allongé et la tête conique ; la bouche, largement fendue, montre une mandibule nettement proéminente ; la denture est forte. À l’inverse des Brochets, le Barracuda possède deux nageoires dorsales : la première, soutenue par des rayons épineux, est à l’aplomb des pelviennes ; la seconde, aux rayons mous, est opposée à l’anale et reportée à l’arrière du corps, en avant d’une forte caudale profondément fourchue. Les écailles sont petites et lisses.