Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Xenakis (Yannis) (suite)

À côté de son activité doublement créatrice de compositeur et d’architecte, Xenakis poursuit un important travail pédagogique, plusieurs mois par an, à l’université de Bloomington (États-Unis), tout en dirigeant à Paris les travaux des Équipes de mathématique et automatique musicale (E. M. A. M. U.), dont il est le fondateur, travaux qui se poursuivront désormais en étroite collaboration avec l’Institut de recherche et de coordination acoustique-musique (I. R. C. A. M.) du Centre Beaubourg.

Son œuvre rayonne maintenant dans le monde entier, du Japon à la Grande-Bretagne, des États-Unis à l’Allemagne, et la Grèce lui consacre à présent, elle aussi, des festivals. En marge de tous les groupes et de toutes les esthétiques héritées, cette œuvre représente un apport capital à la pensée musicale de cette seconde moitié de siècle.

Les œuvres principales

• orchestre : Metastasis (1954) ; Pithoprakta (1956) ; Achorripsis (1957) ; Duel pour 2 orch. (1959) ; ST/48 (1959-1962) ; Stratégie pour 2 orch. (1962) ; Terretektorh (1966) ; Polytope de Montréal (1967) ; Nomos Gamma (1967-68), Kraanerg, ballet (1969) ; Synaphai, piano et orch. (1969) ; Antikhton, ballet (1971) ; Erikhton, piano et orch. (1973) ; Noomena (1974).

• petites formations : Syrmos, 18 cordes (1959) ; Analogiques A et B, 9 cordes et bande (1959) ; S7/4, quatuor à cordes (1956-1962) ; ST/10 (1962) ; Amorsima-Morsima (1962) ; Atrées, 10 instr. (1958-1962) ; Eonta, piano et 5 cuivres (1964) ; Akrata, 16 vents (1964-65) ; Anaktoria, octuor (1969) ; Persephassa, 6 percussions (1969) ; Aroura, 12 cordes (1971) ; Linaia-Agon, 3 cuivres (1972) ; Eridanos, cordes et cuivres (1973).

• solistes : Herma, piano (1961) ; Nomos Alpha, violoncelle (1966) ; Mikka, violon (1973) ; Evryali, piano (1973) ; Gmeeoorh, orgue (1974).

• chœurs : Polla Ta Dhina, 20 voix d’enfants et orch. (1962) ; Nuits, 12 voix mixtes (1967) ; Cendrées, chœur et orch. (1973).

• musiques de scène : Hiketides (pour les Suppliantes d’Eschyle, 1964) ; Oresteia (1966) ; Medea (1967).

• électro-acoustique : Diamorphoses (1957) ; Concret PH (1958) ; Orient-Occident (1960) ; Bohor (1962) ; Hibiki-Hana-Ma (1969-70) ; Persépolis (1971) ; Polytope de Cluny, à Paris (1972).

H. H.

 Y. Xenakis, Musiques formelles (Richard-Masse, 1963 ; nouv. éd., Formalized Music, Bloomington, Ind., 1971) ; Entretien avec Jacques Bourgeois (Boosey et Hawkes, 1970) ; Musique, architecture (Casterman, 1971). / M. Bois, Yannis Xenakis, the Man and his Music (Londres, 1967). / D. Charles, la Pensée de Xenakis (Boosey et Hawkes, 1968). / C. Rostand, Xenakis (Salabert, 1970).

Xénophon

Philosophe et écrivain grec (dème d’Erkhia, près d’Athènes, v. 430 - † v. 355 av. J.-C.).



Sa vie

Issu d’une famille aisée, il suit les leçons des sophistes, probablement celles de Prodicos, mais il s’attache surtout à Socrate* ; la rencontre des deux hommes, vers 404, a donné lieu à une anecdote connue, contée par Diogène Laërce : « On dit qu’un jour Xénophon ayant rencontré Socrate dans la rue, celui-ci lui barra le chemin avec son bâton et lui demanda où l’on achetait les choses nécessaires à la vie. Xénophon le lui dit. « Et pour devenir honnête homme, reprit Socrate, où faut-il aller ? » Xénophon ne sut que répondre. « Suis-moi donc, dit Socrate, et je te le dirai. » À partir de ce jour, Xénophon devint son auditeur. » Au printemps de 401, il s’enrôle dans l’armée de mercenaires que Cyrus le Jeune lève en Asie Mineure contre son frère Artaxerxès II : d’abord il n’est « ni général, ni officier, ni soldat » (l’Anabase), puis l’amateur devient l’un des chefs de la retraite des Dix Mille. Après un séjour à Athènes, qu’il quitte rapidement, rendu suspect en tant qu’ami de Socrate (le philosophe venait de mourir) et de Cyrus, il reprend du service, en 396, dans l’armée du roi de Sparte, Agésilas, combat à Coronée contre ses compatriotes et est, pour ce fait, exilé par les Athéniens. Il se retire dès lors à Scillonte, en Élide, dans un domaine rural donné par les Lacédémoniens : c’est là qu’il compose la majeure partie de ses ouvrages. En 371, il doit quitter Scillonte, ravagée par les Éléens en guerre contre Sparte, et se réfugie à Corinthe. On ignore s’il revient à Athènes quand les Athéniens rapportent le décret d’exil qui l’avait frappé (365), mais on sait que, trois ans plus tard, Athènes s’étant rapprochée de Sparte pour lutter contre Thèbes, ses deux fils combattent dans les rangs de la cavalerie athénienne. Le dernier de ses ouvrages, le traité les Revenus, est de 355 : après cette date, on perd sa trace.


Un honnête homme, une œuvre honnête

Soldat, économiste, chef de famille, cavalier, historien, romancier, philosophe, Xénophon offre de multiples visages. Cet homme cultivé, à l’entretien facile, qui sait aussi bien manier la plume que l’épée, est l’image du citoyen « beau et bon » (kalos kai agathos) de l’Athènes du ve s. À défaut de génie, il possède le talent, celui de savoir mettre à la portée de tous le fruit de ses expériences et de ses méditations. Son intelligence et sa sensibilité ne sont pas exceptionnelles en son temps, ses écrits ne brillent pas par leur éclat, et sa prose présente une harmonie aimable où l’on ne retrouve ni la grâce d’Hérodote ni la force de Thucydide. Mais ce grand seigneur lettré, qui passa quelque vingt ans dans son domaine de Scillonte, mérite la sympathie : c’est le propre d’un sage que de savoir cultiver ses terres et c’est le fait d’un homme d’esprit que d’aimer la littérature et la philosophie. N’est-il pas aussi homme d’action, amoureux de l’aventure et des horizons nouveaux, soucieux, par appétit de vivre, de se dépenser physiquement et de courir le monde ? Sans doute, son âme, bien équilibrée, à l’optimisme inébranlable, ne se pose pas d’interrogations inquiètes sur elle-même : elle ne connaît ni le doute, ni l’angoisse. Mens sana in corpore sano, le vers de Juvénal s’applique parfaitement à Xénophon, et le personnage est séduisant, à condition qu’on ne cherche pas chez lui une hauteur de vues qu’il ne saurait avoir. Au total, l’esprit est bon et vigoureux : Xénophon est d’agréable compagnie.