Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Washington (suite)

L’expansion de Washington se poursuit grâce aux efforts du sénateur James McMillan (1838-1902), qui fait agrandir la bibliothèque du Congrès et crée musées et universités. Au xxe s., les deux guerres mondiales, le New Deal et l’extension ininterrompue de l’administration fédérale transforment la bourgade en une véritable métropole qui déborde sur les deux États voisins. Washington conserve néanmoins son cachet : une végétation luxuriante et une atmosphère sudiste et provinciale. Paradoxalement, elle est parmi toutes les grandes villes des États-Unis l’une des moins cosmopolites. Une commission du Congrès veille au respect des règles d’urbanisme, à l’embellissement de la capitale nationale. Une certaine unité dans la hauteur et la dimension des édifices publics a été préservée malgré la diversité des styles : à côté des temples gréco-romains à frontons et à colonnades de la fin du xixe s. se dressent les immeubles récents fonctionnels des administrations nouvelles, des centrales syndicales et des annexes des ministères.


Les fonctions et la population

Washington vit presque exclusivement de la fonction de capitale. C’est le siège des pouvoirs exécutifs (Maison-Blanche), législatif (Capitole) et judiciaire (Cour suprême, Tribunal fédéral), des ministères et des administrations civiles, presque tous situés autour du Mall, du Capitole et de la Maison-Blanche. La marine et l’armée occupent des espaces importants sur les rives du Potomac et de l’Anacostia (base aéronavale, arsenal de la marine, forts) et sur la rive droite du fleuve (Pentagone, cimetière militaire d’Arlington, Fort Myer). L’inflation administrative consécutive à la centralisation et à l’accroissement du pouvoir fédéral depuis le New Deal et surtout depuis la guerre a obligé de nombreux services à émigrer en banlieue, dans le Maryland et en Virginie. C’est aussi le siège des ambassades.

Des banques et des compagnies d’assurances sont représentées dans la capitale, de même que les bureaux de recherches de grandes firmes. Washington joue un rôle intellectuel prééminent : on y compte des musées (National Gallery of Art, Corcoran Gallery of Art, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, Phillips Gallery), des bibliothèques importantes (dont celle du Congrès, modèle de référence pour toutes les bibliothèques de l’Amérique du Nord), des universités (Georgetown, George Washington, Howard, the Catholic University of America), les Archives nationales, l’Académie des sciences, la Smithsonian Institution. L’édition est liée aux activités administratives (Imprimerie du gouvernement) et scientifiques (réparties en trois groupes : entre Massachusetts Avenue et la Maison-Blanche ; entre Massachusetts Avenue et le Rock Creek ; dans la section nord de la 16e Rue).

L’agglomération comporte une importante population de fonctionnaires : le gouvernement procure 40 p. 100 des emplois ; l’industrie, peu importante, travaille pour le gouvernement ; et le commerce, pour l’Administration et ses employés. L’inflation des services a entraîné celle des effectifs de fonctionnaires ; une part croissante de ces derniers s’établit dans les quartiers résidentiels situés hors du district, soit en Maryland (Silver Spring, 77 500 hab. ; Bethesda, 71 600 hab. ; Wheaton, 66 250 hab. ; Rockville, 41 560 hab. ; College Park, 26 150 hab.), soit en Virginie (Arlington, 174 280 hab. ; Alexandria, 110 940 hab.). Les banlieusards en col blanc (white collar commuters) abandonnent ainsi les anciens quartiers de résidence du centre aux Noirs, selon un processus classique dans les grandes villes américaines. Minoritaires dans l’agglomération (737 000 contre 2 125 000), les Noirs sont plus nombreux que les Blancs dans le district de Columbia : 537 000 contre 209 000 (la capitale fédérale a un maire noir) ; tandis que le nombre des Blancs diminuait de 39,4 p. 100 entre 1960 et 1970 dans la ville, celui des Noirs s’accroissait de 30,7 p. 100 pendant la même décennie. Au total, la population de l’agglomération continue de s’accroître rapidement : le taux d’augmentation (38,6 p. 100 de 1960 à 1970) est plus élevé que celui de toutes les autres grandes agglomérations nord-américaines.


La place dans la vie américaine

Elle se manifeste dans le fait que des voies ferrées, des routes et des lignes aériennes convergent sur la capitale ou la desservent au passage. Des trains rapides relient Boston à Washington par New York et Philadelphie (Northeast Rail Corridor), et il est envisagé d’installer un aérotrain sur ce trajet. La capitale politique dispose, pour ses liaisons avec la capitale économique, de plusieurs autoroutes qui contournent ou traversent Baltimore ou empruntent le pont de la Chesapeake. D’autres autoroutes joignent Washington à Harrisburg et à Pittsburgh en Pennsylvanie, et à Richmond en Virginie. Les autoroutes qui convergent sur Washington se greffent sur une rocade (Capital Beltway) d’où partent des antennes vers le cœur de la ville. Enfin, Washington dispose d’un aéroport national sur la rive droite du Potomac et de l’aéroport international Dulles, situé à 35 km à l’ouest du centre de la cité.

Après avoir été une ville d’importance secondaire, Washington a vu croître son poids économique et démographique à mesure que se renforçait le pouvoir fédéral. Aujourd’hui, comparable par l’effectif de sa population à Boston et à Baltimore, elle marque, comme la première, une des extrémités de la Mégalopolis atlantique et tend à former à l’intérieur de celle-ci une conurbation de plus de 6 millions d’habitants avec la seconde.

P. B. et A. K.

 C. McLaughlin Green, American Cities in the Growth of the Nation (New York, 1957).

Washington (État de)

État de la région nord-ouest pacifique des États-Unis ; 176 617 km2 ; 3 429 000 hab. Capit. Olympia.


De l’ouest à l’est, le Washington comprend : des chaînes côtières discontinues, peu élevées, sauf dans les monts Olympic (2 424 m), et formées de sédiments plissés ; une profonde et large dépression méridienne qui s’ennoie dans le golfe très ramifié du Puget Sound et communique avec l’océan par la trouée de la Chehalis ; les monts des Cascades (batholites soulevés et coiffés de laves), dont les volcans culminent à plus de 4 000 m (mont Rainier, 4 392 m, au cône étincelant de glace et de neige ; mont Baker, 4 285 m) ; un plateau dont le socle et la couverture sédimentaire disparaissent sous des champs de lave néogènes, qui forment une table inclinée de 1 000 m au nord à 300 m au sud et découpée par des chenaux d’écoulement proglaciaire dans le Channeled Scabland ; enfin, à l’est de cette région, la Palouse, formée de collines douces, dont le riche tchernoziom dérive d’un manteau de lœss. La gigantesque vallée morte de Grand Coulée marque un ancien passage du fleuve Columbia, qui draine le plateau oriental avant de traverser les monts des Cascades par une profonde tranchée.