Capitale fédérale des États-Unis, formant le district de Columbia entre la Virginie et le Maryland ; 830 000 hab. (agglomération : 2 908 800 hab.).
Le développement urbain
Pendant une quinzaine d’années après la guerre d’Indépendance, le Congrès et le gouvernement des États-Unis ont siégé dans diverses villes, dans le New Jersey et la Pennsylvanie principalement. L’Union ne pouvant se contenter d’une capitale itinérante, on décida d’en construire une dans un site vierge. L’emplacement idéal devait à la fois être situé à mi-distance de l’État le plus au nord (le New Hampshire à la fin du xviiie s.) et de l’État le plus au sud (la Géorgie à cette époque), disposer d’une rivière navigable sur une certaine distance à partir de la mer et commander vers l’amont de cette vallée l’accès aux régions transappalachiennes, alors en cours de peuplement. Malgré l’opposition des États du Nord (qui préféraient Philadelphie et répugnaient à voir la capitale fédérale aux confins du Sud esclavagiste), Georges Washington*, le premier président des États-Unis, qui avait été arpenteur dans sa jeunesse, imposa un site près de l’estuaire du Potomac, à proximité de la Fall Line, dans une zone marécageuse il est vrai, mais que l’on pourrait assainir. Le Maryland et la Virginie acceptèrent de céder à l’Union environ 10 milles carrés de leur territoire. En 1790, le Congrès retint la proposition et choisit dès 1791 le nom de la future ville.
Pour réaliser ses projets, le président Washington fit appel à un ancien officier de l’armée « continentale », le major Pierre Charles L’Enfant (1754-1825), d’origine française, qui avait fait des études d’architecture en Europe. Les Américains se seraient contentés d’une cité au plan géométrique, comme la plupart des nouvelles cités de cette époque ; leur intention, d’ailleurs, était de dépenser le moins possible. L’Enfant rêvait de construire un autre Versailles. Il prévoyait un axe (the Mall) orienté est-ouest, large de 350 m, long de 2,5 km, joignant la colline, sur laquelle serait bâti le Capitole, ou palais du Congrès, au Potomac ; comme à Versailles, un canal bordé de jardins occuperait l’axe de cette vaste esplanade. La résidence présidentielle serait placée au nord d’un autre ensemble de verdure perpendiculaire au Mall. La ville serait divisée par de larges rues orientées nord-sud et est-ouest en blocs rectangulaires de taille inégale. Le plan comportait aussi des avenues plantées d’arbres offrant toutes une perspective sur le Capitole ou la demeure du président ; l’une d’elles (Pennsylvania Avenue) reliait ces deux édifices. Aux intersections de ces avenues et des voies orthogonales seraient aménagées des places de formes variées. Cette disposition esthétique permettrait aussi à l’artillerie américaine de résister à toute attaque ennemie. Le Congrès comptait payer l’architecte entre 2 000 et 3 000 dollars ; L’Enfant réclama 95 000 dollars, se fâcha avec les législateurs et fut renvoyé sans un sou en 1792 ; il mourut dans la misère.
Pourtant, c’est son plan qui fut réalisé, non sans lenteurs. En juin 1800, lorsque le président John Adams s’installe dans la nouvelle capitale fédérale, rien n’est terminé. À peine 3 000 habitants, dont 625 esclaves, survivent dans cette bourgade malsaine, où l’été est terriblement chaud et humide, où la malaria fait des ravages. En 1814, les soldats britanniques incendient la plus grande partie des bâtiments. Qu’à cela ne tienne ! La paix revenue, la reconstruction commence aussitôt. Mais, une fois de plus, les travaux sont lents : c’est que la seule fonction de Washington est politique, et son essor est étroitement lié à celui de l’administration fédérale. Jusqu’à la guerre de Sécession, la capitale est une petite cité, défigurée par son marché à esclaves, dominée par ses caractères sudistes. Le Mall, qui unit le Washington Monument et le Capitole, est encombré par des échoppes, des taudis et des voies ferrées. La guerre de Sécession donne un coup de fouet à la construction, qui se ferait dans le désordre le plus total si le président Ulysses Simpson Grant, en 1871, ne nommait un énergique chef des Travaux publics. Les plans de L’Enfant sont tirés des cartons : l’accroissement de la population et du rôle national de la ville le commandait. On sauve ce qui peut l’être encore, en détruisant des baraquements, en aménageant les terrains vagues en espaces verts (parcs du Potomac, de Rock Creek), en interdisant la construction de gratte-ciel. En revanche, pour éviter les diverses formes de corruption, la cité perd sa gestion autonome : le district de Columbia est placé en 1878 sous l’autorité de trois commissaires que nomme le président des États-Unis ; le budget municipal est voté par le Congrès.