Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
W

Washington (État de) (suite)

Le climat est tempéré maritime dans l’Ouest avec des hivers doux et des étés frais (3,5 °C en janvier et 18,2 °C en juillet à Seattle) ; les précipitations, modérées dans la dépression méridienne (800 mm), sont très abondantes dans les monts Olympic et sur le versant ouest des Cascades (plus de 2 500 mm) ; les peuplements de conifères géants (sapin de Douglas, tsuga) de ces montagnes sont une des richesses de l’État. Le plateau oriental, au climat continental (– 4 °C en janvier et 21,5 °C en juillet à Spokane) et aride (de 250 à 500 mm dans la Palouse), est vêtu d’une prairie courte ou d’une steppe à armoise.

L’agriculture n’occupe plus que 4,4 p. 100 de la population active sur 45 000 exploitations (en 1940, 82 000). Le plateau oriental a été livré à l’élevage extensif avant de devenir un Wheat Belt. Le blé, cultivé en rotation avec les pois ou la jachère selon les techniques du dry farming (qui accélèrent l’érosion des sols), place le Washington au quatrième rang (2,7 Mt ; 900 000 ha. ; 430 millions de dollars).

Les terres irriguées du plateau intérieur (460 000 ha) produisent de la betterave à sucre (1,3 Mt, valant 25 millions de dollars), des fourrages, des pommes de terre, des fruits (pommes de la Wenatchee et de la Yakima). Dans la dépression méridienne, on pratique une agriculture associée à l’élevage (la plupart des 200 000 vaches laitières de l’État sont dans cette région). Le revenu brut total de l’agriculture se monte à 1 146 millions de dollars.

La pêche (saumon local et saumon d’Alaska, flétan) place l’État au onzième rang pour la production (60 000 t) et au huitième pour la valeur (38 millions de dollars).

Le Washington se classe au sixième rang pour l’étendue des forêts (9,2 Mha) et au deuxième pour la production, après l’Oregon (8 à 9 Mt, valant environ 210 millions de dollars). L’exploitation des grands conifères, très mécanisée, alimente les scieries et les papeteries du Puget Sound.

À part quelques gisements uranifères, l’industrie extractive est peu importante. Grâce à sa production hydroélectrique (42 TWh, provenant du bassin du fleuve Columbia et des cours d’eau alimentés par les neiges des Cascades) et à l’importation par oléoduc de brut albertain, le Washington dispose de ressources énergétiques qui ont stimulé le développement industriel, dont les principales branches sont la construction navale et aéronautique (Boeing emploie 90 000 personnes dans la région de Seattle), les industries du bois (bois d’œuvre, papier, ameublement sur les rives du Puget Sound), l’électrométallurgie (Spokane). L’industrie fournit ainsi 22 p. 100 des emplois (275 000 personnes) ; sa production s’élève à 10 milliards de dollars, dont 5 milliards de valeur ajoutée.

La population urbaine (72 p. 100) se rassemble sur les rives du Puget Sound : Seattle-Everett (1 422 000 hab.) est un centre industriel (21,5 p. 100 des emplois ; 3 milliards de dollars de valeur ajoutée), un port de commerce (7,5 Mt) et de pêche, le port des relations avec l’Alaska, une métropole régionale ; Tacoma (411 000 hab.) possède, outre la fonction portuaire (5,5 Mt), des activités commerciales (22 p. 100 des emplois) et administratives (26 p. 100) ; Olympia, la capitale, n’a que 23 000 hab. Au sud de la dépression, Vancouver (42 500 hab.) fait partie de l’agglomération de Portland (Oregon). Spokane (170 000 hab.) est, avec Phoenix (Arizona) et Sait Lake City (Utah), une des grandes villes-oasis des déserts physiques et humains que sont les plateaux intérieurs ; nœud ferroviaire très important, c’est aussi un centre industriel (usines d’aluminium, scieries, papeteries, minoteries).

P. B.

Washington (George)

Général et homme d’État américain (Bridges Creek, Virginie, 1732 - Mount Vernon 1799).


Chez George Washington, l’homme se cache derrière le mythe. En effet, le chef de l’armée américaine pendant la guerre d’Indépendance, le premier président des États-Unis est entré dans une sorte de légende dorée. Des anecdotes, très souvent inventées, ont fait de lui un surhomme : enfant, il ignorait le mensonge ; jeune homme, il était d’une force exceptionnelle ; au combat, les coups de l’adversaire ne l’atteignaient pas ; dans l’exercice de ses fonctions, il manifestait un sens du devoir remarquable, la piété la plus profonde. Plus grand mort que vivant, Washington est l’objet d’un véritable culte : des universités, des cours d’eau, des montagnes, des comtés, des rues et des avenues, des villes (dont la capitale fédérale) et des villages, sans oublier l’État de la côte pacifique, portent son nom. Pour les Américains à la recherche d’une épopée nationale, il est un trait d’union : son anniversaire est la seule fête qu’avec le 4 juillet tous les États de l’Union célèbrent chaque année.


Les origines

George Washington est né le 22 février 1732 dans le comté de Westmoreland, en Virginie. Ses ancêtres avaient quitté l’Angleterre au milieu du xviie s. pour chercher fortune de l’autre côté de l’Atlantique, mais, s’ils avaient acquis le rang d’honorables « bourgeois », leur aisance ne dépassait pas un niveau médiocre. Son père, Augustin Washington, avait eu deux fils de son premier mariage, puis, devenu veuf, il se remaria en 1729 avec Mary Ball (1708-1789) : George fut leur aîné. Ses parents possédaient quelques centaines d’hectares : dans l’Amérique coloniale, c’était peu. Aussi le jeune homme dut-il se contenter d’apprendre des rudiments de mathématiques et de latin auprès de sa mère : l’université coûtait trop cher, et lui-même manifestait un goût relatif pour les études ou les exercices intellectuels. Lorsque son père meurt en 1743, le voici contraint de ne compter que sur sa ténacité et le hasard pour se faire une situation.

De fait, George Washington a bénéficié de l’aide de son demi-frère, Lawrence († 1752), qui lui a beaucoup appris, lui a donné le goût des choses militaires, l’a introduit dans l’entourage des Fairfax, les plus riches propriétaires en Virginie, et lui a laissé en héritage sa plantation de Mount Vernon. Bien conseillé, George se livre à d’habiles spéculations : en tant qu’arpenteur, il accompagne les Fairfax, en 1748, dans la vallée de la Shenandoah et trace les limites de la future ville d’Alexandria ; il ne tarde pas à recevoir les fonctions d’arpenteur officiel du comté de Culpeper, au pied des montagnes (1749). En 1751, il s’associe à la Compagnie de l’Ohio, qui détient des droits sur 200 000 acres de l’autre côté des Appalaches. À vingt ans, il possède près de 2 500 ha de terres et s’intéresse de près à l’expansion vers l’Ouest.