Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vienne (suite)

Vers 1900, Sigmund Freud* — sorti de la faculté de médecine viennoise — crée la psychanalyse dans son cabinet de la Berggasse (IXe arrondissement). L’université — la plus ancienne du Saint Empire après celle de Prague — compte aujourd’hui un peu plus de 22 000 auditeurs inscrits, chiffre à compléter par ceux des étudiants des autres établissements d’enseignement supérieur. L’Académie des sciences a été fondée en 1847. La Bibliothèque nationale (l’ancienne Hofbibliothek) conserve de riches fonds anciens ; d’importance pour les chercheurs sont également la bibliothèque de l’université et celle de la ville ainsi que les dépôts d’archives.

À côté des théâtres nationaux — Opéra et Burgtheater, avec son annexe de l’Akademietheater — fonctionnent la Volksoper, le Volkstheater et le Josefstädter Theater, sans compter de nombreuses petites scènes. Parmi les salles de concert, il faut mentionner celle du Musikverein (Wiener Philharmoniker) et celle du Konzerthaus (Wiener Symphoniker).

L’évêché de Vienne, érigé en 1469, est devenu archevêché en 1772. L’Église catholique romaine compte 145 paroisses, dont 30 incorporées à des ordres réguliers ; l’Église de la confession d’Augsbourg (luthériens) comprend 18 paroisses, celle de la confession helvétique (calvinistes) 3 paroisses, celle des « vieux-catholiques » 6 paroisses, les Églises orthodoxes 5 paroisses ; on compte 4 communautés de méthodistes ; la communauté israélite dispose de 2 synagogues.

Vienne est le siège de l’IAEA (International Atomic Energy Agency), dépendant de l’O. N. U.

R. B.

➙ Autriche.

 K. Weiss, Geschichte der Stadt Wien (Vienne, 1871). / R. Kralik, Geschichte der Stadt Wien (Vienne, 1926 ; trad. fr. Histoire de Vienne, Payot, 1932). / F. Lettmayer (sous la dir. de), Wien um die Mitte des XX. Jahrhunderts (Vienne, 1958). / H. Schreiber, Vienne (Horizons de France, 1959). / J. Bérenger, la République autrichienne de 1919 à nos jours (Didier, 1972).


Vienne, ville d’art

L’aspect que présente Vienne au visiteur hâtif est celui d’une grande ville avenante, sur laquelle un xixe s. quelque peu pompeux — celui de l’empereur François-Joseph — a imprimé sa marque en aménageant à partir de 1857 sa ceinture verdoyante de boulevards, le Ring, appuyé par ses deux extrémités au canal du Danube et bordé par des monuments plus recommandables par leur majesté que par leur style, qui assurent les fonctions essentielles d’une capitale : Opéra — si important dans la ville de la musique —, musée d’Histoire de l’art, musée d’Histoire naturelle, Parlement — auquel l’architecte Theophil von Hansen a su donner de la grandeur —, hôtel de ville, Burgtheater, université, voire église Votive (Votivkirche).

Le musée d’Histoire de l’art (Kunsthistorisches Museum), construit selon des normes généreuses de 1872 à 1881, a reçu les anciennes collections impériales. À l’entresol, un des plus riches ensembles de tapisseries du monde, les camées, l’illustre trésor de métaux précieux provenant des fouilles de Hongrie ainsi que la remarquable série des portraits funéraires égyptiens du Fayoum. Au premier étage, la richesse de la Galerie de peinture a permis de consacrer des salles entières à tel artiste ou à telle école (Rubens, les Vénitiens...). L’école espagnole abonde en portraits princiers de la famille impériale. Entre les œuvres les plus réputées de ce musée brillent celles de Dürer, dont l’empereur Rodolphe II était un amateur passionné, et celles de Bruegel l’Ancien, dont il n’existe nulle part ailleurs un ensemble pareil.


Vienne médiévale

Alors que la cathédrale (Stephansdom), située au cœur de la ville ancienne, n’a gardé que peu de souvenirs de son passé roman (édifices des xiie et xiiie s.), c’est en 1340 que fut consacré son chœur gothique, suivi de la tour sud, magnifique clocher de 137 m, et de la nef. Dans le fond du chœur s’élève le tombeau monumental de l’empereur Frédéric III et de sa femme, entrepris en 1467 par le sculpteur Nikolaus Gerhaert de Leyde (v. 1430-1473). Au début du xvie s. s’illustre Anton Pilgram (v. 1460 - v. 1515), qui s’est représenté deux fois sur ses œuvres avec une verve toute populaire : à la chaire et à la base de l’orgue.

Aussi aimée des Viennois est, plus au nord, dans un quartier qui a gardé son aspect ancien et familier, l’église Maria am Gestade (xive s. - début du xve s.), dont le chœur conserve une riche vitrerie gothique.


Vienne baroque

Sans doute est-ce en qualité de métropole du baroque* que Vienne a conquis sa célébrité, presque exclusivement à partir de la mémorable victoire du Kahlenberg, en 1683.

Deux très grands architectes surtout ont été les artisans de la mutation baroque : Johann Bernhard Fischer von Erlach (1656-1723), aidé de son fils Joseph Emanuel (1693-1742), et Johann Lukas von Hildebrandt (1668-1745), ingénieur militaire de naissance italienne. L’un et l’autre travaillent aux édifices religieux et profanes de la première moitié du xviiie s. à Vienne. On les trouve tous deux au Palais impérial, à la Hofburg, où Fischer le fils construit le chef-d’œuvre qu’est la Bibliothèque nationale, dont les beaux volumes architecturaux surmontés d’un dôme sont décorés par les trompe-l’œil du peintre Daniel Gran (1694-1757). C’est encore Fischer le fils qui est l’auteur du manège où des écuyers impeccables présentent toujours la célèbre parade de leurs chevaux de race espagnole. Dans l’église toute voisine des Augustins, Antonio Canova a sculpté l’un de ses plus beaux tombeaux, celui de l’archiduchesse Marie-Christine, femme de l’archiduc Albert de Saxe-Teschen (1738-1822), le fondateur de l’Albertina — la plus belle au monde, peut-être, des collections de dessins, d’aquarelles et de gravures (célèbre, notamment, pour ses Dürer, ses Rubens, ses Rembrandt).

Dans la vieille ville, dès le xviie s., la vénérable église des Neuf-Chœurs-des-Anges (« Am Hof ») gothique d’origine, avait reçu une façade baroque. Non loin de la cathédrale, c’est probablement à Hildebrandt qu’est attribuable la reconstruction de la Peterskirche, de forme ovale et dont le grand axe est perpendiculaire à la longue place du Graben, ponctuée par la colonne tarabiscotée de la Sainte-Trinité.