Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vicente (Gil) (suite)

 A. Braamcamp Freire, Vida e obras de Gil Vicente, « trovador, mestre da Balanca » (Porto, 1919 ; 2e éd., Lisbonne, 1944). / A. J. Saraiva, Historia da cultura en Portugal, t. II (Lisbonne, 1955). / P. Teyssier, la Langue de Gil Vicente (Klincksieck, 1959). / I. S. Revah, « G. Vicente » dans Dicionario das literaturas portuguesa, galeza e brasileira sous la dir. de J. do Prado Coelho (Porto, 1960).

Vichy

Ch.-l. d’arrond. de l’Allier*, sur la rive droite de l’Allier ; 32 251 hab. (Vichyssois).


L’agglomération, qui rassemble aussi Cusset, Bellerive-sur-Allier et, de plus en plus rattachés, Haute-rive, Charmeil, Creuzier-le-Vieux et Abrest, compte environ 60 000 habitants ; Saint-Yorre et Saint-Germain-des-Fossés deviennent aussi des satellites de la ville.

C’est en 1836 seulement que Vichy dépasse 1 000 habitants, et il lui faut attendre 1876 pour, avec 6 428 habitants, passer devant Cusset, le vieux bourg commercial de la région, marché de la Montagne bourbonnaise, débouché d’anciennes routes fréquentées menant vers le Forez et qui gardait le tribunal et le collège, tandis que les sous-préfectures étaient à Lapalisse et à Gannat. C’est comme « reine des villes d’eaux » que Vichy connaît la première phase de son développement, qui dure jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la portant à 25 000 habitants en 1936, contre 9 000 à Cusset. La compagnie fermière s’était créée en 1853, et le véritable lancement de la station thermale revient aux cures qu’y effectua Napoléon III à partir de 1861. Le bassin d’eaux minérales comporte, sur 16 communes, environ 220 sources. Il est divisé en plusieurs groupes, dont les plus exploités sont ceux de Vichy (sources Grande-Grille, Célestins, Chomel, Hôpital), de Cusset (source Mesdames), de Bellerive-Abrest (Boussange, le Dôme, les Lys, Cornélie) et de Saint-Yorre (fournissant des eaux en bouteilles), tandis que la partie occidentale du bassin est moins activement utilisée. Connu dès l’époque gallo-romaine, équipé très modestement à l’époque moderne, ce bassin prit de l’importance dans la seconde moitié du xixe s., lorsque Vichy était une station de luxe où l’on avait rectifié et bordé de parcs le cours de l’Allier, construit de larges avenues et édifié de luxueux hôtels. Aussi, le rôle thérapeutique (maladies du foie, de l’intestin, de l’appareil urinaire, goutte) n’était-il pas toujours la raison principale du séjour à Vichy, ce « Paris d’été » qui réunissait la société élégante autour des meilleurs spectacles. Cependant, durant cette période, une évolution dangereuse, quoique passée alors inaperçue du fait du maintien d’une fréquentation nombreuse (en pleine saison, les hôtels refusaient toujours des clients), se produit : au lendemain de la Première Guerre mondiale, la clientèle devient moins largement internationale, et une part croissante de « coloniaux » la constitue. Ce n’est pas seulement la traduction d’une conjoncture économique défavorable, mais une mutation progressive. C’est aussi le signe d’un changement dans les goûts des villégiateurs, voire dans les thérapeutiques. La Seconde Guerre mondiale marque un tournant décisif : le gouvernement de l’État français s’installe à Vichy, déserté par les curistes. Ces quatre années ont certes permis à une ville essentiellement commerçante de vivre, mais elles ont accumulé les déprédations ou transformations dans le parc mobilier. Après 1945, le repli sur la clientèle originaire de l’Union française s’accentue, la fréquentation populaire croît, tandis que les touristes aisés sont, de plus en plus, de véritables curistes : ils sont donc moins nombreux, la plupart des hôtels de luxe ferment ou se dégradent. Les trains du dimanche, puis la voiture individuelle amènent encore les foules de fin de semaine, mais elles ne font plus que passer. Le chiffre des personnes qui séjournent se stabilise depuis 1964 aux alentours de 150 000, dont environ 10 000 étrangers, chiffre plutôt en baisse (les originaires du Benelux l’emportent maintenant largement sur les Britanniques et les Américains, tandis que les Allemands et les Africains progressent). La clientèle française la plus représentée est celle de Paris et du Midi. Le nombre des curistes (20 p. 100 du total) est limité par la baisse des prises en charge par la Sécurité sociale depuis 1967.

Devant cette situation, des tentatives de relance ont eu lieu : création d’un nouveau plan d’eau, projets de rénovation hôtelière, et notamment de construction de nouveaux hôtels de luxe, recherche de nouvelles applications médicales de la cure (allergies), création de cours d’été de français pour étrangers, tentatives de rénovation culturelle (centre culturel Valery-Larbaud, « palais du Lac », pouvant accueillir les manifestations sportives et les congrès) et efforts d’équipement sportif. Mais, bien qu’une grande partie de la main-d’œuvre soit saisonnière, le sous-emploi règne dans le domaine touristique, et le petit commerce subit gravement les effets de la stagnation. Aussi Vichy devient-elle de plus en plus une « ville moyenne comme les autres », centre de services régionaux du sud-est de l’Allier, et ville industrielle : 38 p. 100 des actifs de l’agglomération (31 p. 100 à Vichy) appartenaient au secteur secondaire en 1968. Les nombreuses industries liées à l’exploitation des eaux (embouteillage, confiserie, produits de beauté) sont dépassées par des activités diverses, installées surtout lors des deux Guerres mondiales : mécanique (Manurhin : armement, appareils de mesure ; câbles, instruments de régulation, machines, cycles), industries alimentaires en rapide développement (conserverie de viande), confection, produits pharmaceutiques, imprimerie, plus la verrerie de Saint-Yorre. Des travailleurs migrants sont recrutés jusqu’à Varennes-sur-Allier, Gannat, Châteldon, mais surtout en Forterre et dans la forêt de Randan. L’agglomération est d’aspect assez diversifié : centre commercial riche en beaux magasins, grands immeubles nouveaux dominant le plan d’eau de l’Allier, quartiers et banlieues pavillonnaires dont se différencie le vieux centre de Cusset, tendance à la colonisation des coteaux en friche de Forterre méridionale, suburbanisation lâche dans un rayon assez vaste. Mais Vichy, en stagnation relative, envoie aussi des travailleurs à Clermont-Ferrand et peut devenir le pôle secondaire nord d’une grande conurbation du Val d’Allier centrée sur la métropole auvergnate.

P. B.

➙ Allier / Auvergne / Thermalisme.