Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
U

U. R. S. S. (Union des républiques socialistes soviétiques) (suite)

Mais les tenants du réalisme* finirent par triompher de l’avant-garde, et, en 1934, le premier congrès de l’Union des écrivains soviétiques définit la norme, imposée désormais, du « réalisme socialiste », supprime le pluralisme des tendances et crée une seule Union des artistes de l’U. R. S. S., organe tout-puissant qui régente aujourd’hui encore la vie artistique soviétique. Pendant une trentaine d’années, jusqu’au XXe Congrès du P. C. (1956), ce sera le règne de la médiocrité et de la grisaille. Quelques peintres isolés (Aleksandr Tychler [né en 1898], Aleksandr Volkov [1887-1957]) créent dans le silence des œuvres personnelles.

Depuis 1956, on note à l’Union même quelques efforts pour sortir d’un réalisme provincial et sans âme (Boris Weisberg [né en 1925]). Mais, parallèlement, tout un art non officiel fait son apparition : les sculptures tragiquement tourmentées de Ernst Neizvestny (né en 1926), celles, métalliques, de Maksim Arkhanguelski (né en 1926), aux formes harmonieusement disloquées, les monotypes raffinés et lyriques de Maria Gortchilina (née en 1900), les explosions de tachisme coloré de Zenon Komissarenko (né en 1890), l’abstraction organisée de Vladimir Nemoukhine (né en 1925), la spontanéité chromatique de Zverev (né en 1930), l’« absurdisme » de Ilia Kabakov (né en 1933), le monde onirique, au réalisme cruel, de Boris Svechnikov (né en 1927), la calligraphie et la facture matiériste de Dmitri Plavinski (né en 1937), l’expressionnisme d’Oskar Rabine (né en 1928), de Vladimir Jankilevski (ou Iankilevski, né en 1928) et d’Erik Boulatov (né en 1934), les lithographies en couleurs, métaphysiques et barbares, de Mikhaïl Chemiakine (né en 1943), etc. Ces recherches, comme les expériences cinétiques du groupe « le Mouvement » (Lev Nusberg, né en 1937), bien qu’elles ne soient qu’un reflet du bouillonnement créateur des années 20, sont prometteuses d’avenir.

J.-Cl. M. et V. M.

➙ Asie centrale (art de l’) / Ouzbékistan / Scythes / Steppes (art des).

 I. E. Grabar, Histoire de l’art russe (en russe, Moscou, 1909-1914 ; 6 vol.). / L. Réau, l’Art russe (Laurens, 1921-22, 2 vol. ; nouv. éd., Gérard, Verviers, 1968 ; 3 vol.). / I. E. Grabar (sous la dir. de). Histoire de l’art russe (en russe, Moscou, 1953-1964 ; 16 vol.). / M. V. Alpatov, Histoire générale de l’art, t. III (en russe, Moscou, 1955) ; Trésors de l’art russe (Cercle d’art, 1966). / Histoire de l’architecture russe (en russe, Moscou, 1956). / M. Ilyne, les Arts décoratifs populaires en Russie (Éd. en langues étrangères, Moscou, 1960). / A. Mongait, l’Archéologie en U. R. S. S. (Éd. en langues étrangères, Moscou, 1960). / C. Gray, The Great Experiment, Russian Art, 1863-1922 (Londres, 1962 ; trad. fr. l’Avant-garde russe dans l’art moderne, 1863-1922, la Cité des arts, Lausanne, 1968). / A. Kopp, Architecture et urbanisme soviétiques des années 20. Ville et révolution (Anthropos, 1967). / P. Sjeklocha et I. Mead, Unofficial Art in the Soviet Union (Berkeley, 1967). / J. Berger, Art and Revolution. Ernst Neizvestny and the Role of the Artist in the USSR (Londres, 1969, trad. fr. Art et révolution. Ernst Neizvestny et le rôle de l’artiste en U. R. S. S., Denoël, 1970). / P. Evdokimov, l’Art de l’icône. Théologie de la beauté (Desclée De Brouwer, 1970). / Spécial Avant-garde U. R. S. S., numéro spécial de Chroniques de l’art vivant (1971). / V. Marcadé, le Renouveau de l’art pictural russe, 1863-1914 (l’Âge d’homme, Lausanne, 1972). / L’Architecture et l’avant-garde artistique en U. R. S. S. de 1917 à 1934, numéro spécial de VH 101 (Esselier, 1972). / K. Kornilovitch et A. L. Kaganovitch, Histoire illustrée de l’art russe (Nagel, 1975).
CATALOGUE D’EXPOSITIONS. La Peinture russe et soviétique, musée national d’Art moderne (Paris, 1960). / L’Art russe des Scythes à nos jours, Grand Palais, Paris (les Presses artistiques, 1968). / A. Pohribny, Progressive Strömungen in Moskau, musée de Bochum (Bochum, 1974).

urticaire

Affection cutanée de causes diverses, dont les lésions ressemblent à des piqûres d’orties.


L’éruption ortiée consiste en élevures rosées, blanches au centre et roses en bordure ; de taille variable (d’un demi à plusieurs centimètres), les efflorescences sont rondes, ovalaires ou de contour géographique, mais toujours bien limitées. Localisée ou généralisée, l’urticaire siège n’importe où. Particulièrement douloureuse au cuir chevelu et à la plante des pieds, elle s’accompagne d’œdème quand elle atteint les paupières ou le prépuce. Sur les muqueuses buccales (lèvres, langue, voile du palais et glotte), elle donne lieu à des troubles de la déglutition, voire de la respiration. D’apparition brusque, précédée et accompagnée de prurit plus ou moins vif, elle persiste de quelques minutes à quelques heures, s’effaçant sans laisser de traces.

D’évolution très capricieuse, parfois réduite à une ou à quelques crises, elle est dite « chronique » quand elle récidive pendant plus de six semaines, avec survenues quotidiennes. Nombreuses sont les formes cliniques observables : maculeuse, circinée, ligurée, vésiculeuse, bulleuse, porcelainée, hémorragique. L’urticaire géante (maladie de Quincke) affecte les paupières, les lèvres (œdème de Quincke), les articulations. Faite de larges éléments (de 2 à 10 cm), elle se caractérise par un gonflement œdémateux, cutané et sous-cutané. Elle peut envahir le pharynx et le larynx. Son pronostic est réservé vu la possibilité d’œdème de la glotte.


Mécanismes d’apparition

Deux types étiologiques sont à considérer : allergique et cholinergique.

• L’urticaire allergique. Elle traduit une allergie* humorale à des anticorps circulants, le conflit de ceux-ci avec l’antigène correspondant libérant l’histamine. Les antigènes nocifs sont multiples. Presque tous les médicaments peuvent être en cause, mais plus spécialement la procaïne, l’aspirine et la pénicilline (de 15 à 20 p. 100 des urticaires chroniques sont d’origine médicamenteuse). Les parasites intestinaux (Ascaris, Ténia, etc.) sont à suspecter en cas d’éosinophilie élevée ; il est alors nécessaire d’examiner les selles fraîches. Les urticaires microbiennes (Streptocoque, Staphylocoque, Proteus) seront identifiées par la découverte du foyer infectieux (sinusal, dentaire, génital) et confirmées par les intradermo-réactions. Il en est de même des urticaires mycosiques ou moniliasiques. Les urticaires d’origine alimentaire (15 p. 100 des cas) obligent à tenir à jour la liste des menus pour identifier l’aliment nocif. Celles qui sont dues aux pneumallergènes (poussières, plumes, pollen) sont parfois associées à des manifestations allergiques respiratoires (asthme, rhume des foins). Elles sont à préciser par les tests cutanés, dont la lecture et l’interprétation doivent être prudentes et expérimentées. Nombreuses sont les causes physiques susceptibles d’ébaucher et d’entretenir une urticaire : lumière, soleil, effort et surtout froid. L’urticaire due au froid s’accompagne parfois de signes généraux (hypotension, tachycardie, dyspnée). Elle impose l’interdiction des baignades et nécessite la recherche de l’existence d’une cryoglobulinémie (20 p. 100 des cas). L’identification des allergènes responsables d’une urticaire chronique est parfois facile, mais plus souvent très délicate et nécessite un interrogatoire minutieux, un examen général, des recherches de laboratoire et des tests allergologiques.