Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

tungstène (suite)

Principaux dérivés

Il y a de grandes analogies entre dérivés du tungstène et dérivés du molybdène, qu’il s’agisse du trioxyde MO3, M désignant Mo ou W, des tungstates et molybdates des homo- et hétéropolyacides, d’halogénures (MX2)n, où X désigne un halogène, MF4, MCl5, de complexes K4M(CN)8, KM(CN)8, du dérivé hexacarbonyle M(CO)6 ou de sa réaction avec le cycle pentadiène (C5H5)2M2(CO)6. Mais alors que le molybdène donne avec le chlore le pentachlorure, le tungstène donne un hexachlorure. De plus, les tungstates alcalins sont susceptibles d’une réduction particulière ; ils sont réduits en effet à chaud par le tungstène ou par électrolyse, et les produits formés présentent une grande variété de couleurs du jaune au violet en passant par le bleu ou l’orangé. Ces composés ont un éclat métallique et conduisent l’électricité, on les appelle « bronzes de tungstène » et ils ont pour formule [MI étant un cation alcalin]. Ces « bronzes de tungstène » ont une structure lacunaire et une composition variable.

H. B.

 C. J. Smithells, Tungsten (New York, 1953). / G. D. Rieck, Tungsten and its Compounds (Londres, 1967).

Tuniciers

Groupe de Procordés marins dont la corde se limite à la région caudale.


Les Tuniciers sont des Cœlomates deutérostomiens ou épineuriens pourvus d’une corde dorsale limitée à la région caudale. Dans la plupart des groupes (sauf chez les Appendiculaires), la queue disparaît à l’état adulte, de sorte que les Tuniciers présentent la caractéristique, presque unique dans le règne animal, d’être définis par un caractère larvaire transitoire. Le mésoderme ne se segmente pas en somites et en cavités cœlomiques comme chez les autres Cordés (Amphioxus et Vertébrés), mais il se dissocie en un mésenchyme qui donne les muscles, les vaisseaux sanguins et les organes génitaux, et en un tissu de remplissage qui occupe l’emplacement de ce qui serait la cavité générale. Le péricarde est le seul vestige du cœlome. Les Tuniciers se caractérisent encore par leur système nerveux réduit, ce qui les rapproche de l’Amphioxus (avec lequel on les réunit sous le nom d’Acraniens) et ce qui les éloigne des Vertébrés (ou Craniotes). Enfin, les Tuniciers sont des organismes filtreurs et microphages dont le pharynx est transformé en branchie. Ils sont enveloppés par une tunique (d’où le nom de Tuniciers, dû à Lamarck) percée de deux orifices, l’un inhalant et l’autre exhalant, permettant la circulation de l’eau.

La classification des Tuniciers est la suivante :
— Ascidies (Tuniciers fixés à corde caduque) ;
— Appendiculaires (Tuniciers nageurs à corde persistante) ;
— Thaliacés (Tuniciers planctoniques à corde caduque comprenant les Pyrosomes, les Doliolides et les Salpes).


Les Ascidies

Connues également sous le nom d’« outres de mer », les Ascidies sont souvent ignorées du public, à l’exception des Microcosmus comestibles et vendus dans les ports méditerranéens sous le nom violets ou de bijus.


Un type d’Ascidie : la Claveline (Clavelina lepadiformis)

Commune sur les côtes de l’Atlantique dans la zone de balancement des marées, cette espèce mesure de 2 à 5 cm. Le corps comprend trois parties : le thorax, l’abdomen et le postabdomen, prolongé par les stolons qui fixent l’animal au support. Le thorax renferme le pharynx, dont la paroi est constituée par la branchie percée de fentes branchiales ciliées qui le mettent en communication avec deux cavités péripharyngiennes séparées ventralement au niveau de l’endostyle et confluentes dorsalement en un atrium cloacal qui s’ouvre à l’extérieur par un siphon exhalant, ou siphon cloacal. Les Ascidies sont de véritables filtres, l’eau étant mise en circulation par les battements des cils des fentes branchiales et de l’endostyle. L’endostyle est une gouttière ciliée et glandulaire située sur la face ventrale du pharynx, qui sert à retenir les micro-organismes en les engluant dans un mucus et en les poussant peu à peu dans l’œsophage (v. alimentation). Entre le pharynx et le siphon cloacal existe un organe neuro-glandulaire constitué d’un ganglion cérébroïde, d’où partent les nerfs, et d’une glande hyponeurale qui s’ouvre dans le pharynx par un organe vibratile cilié. Par sa position, cette glande rappelle l’hypophyse postérieure des Vertébrés ; elle produit une hormone très semblable ou même identique à l’ocytocine. L’abdomen comprend le tube digestif en forme de U avec l’œsophage, l’estomac et l’intestin, qui débouche dans le cloaque. Un organe énigmatique (et absent chez certaines Ascidies) est l’épicarde, qui a la forme d’un tube issu du pharynx et venant jusqu’au cardiopéricarde. Ce dernier assure la circulation sanguine, le sang se trouvant non dans des vaisseaux vrais, mais dans des sinus creusés dans le mésenchyme. Le sang des Ascidies renferme de nombreux types cellulaires ; il est riche en vanadium et contient parfois même de l’acide sulfurique libre. Toutes les Ascidies sont hermaphrodites. Dans le postabdomen de la Claveline, on trouve un testicule formé de plusieurs follicules et un ovaire ; les deux glandes débouchent dans le cloaque, et les produits génitaux sont rejetés par le siphon cloacal. Le postabdomen est occupe presque uniquement par le mésenchyme. Il se prolonge par des stolons ramifiés dans lesquels circule le sang. La tunique qui entoure le corps est constituée d’une substance, la tunicine, voisine de la cellulose et dans laquelle entrent des composés azotés, ce qui permet de la rapprocher de la chitine des Arthropodes. On y rencontre aussi des spicules calcaires et des cellules : la tunique est donc une formation vivante.


Reproduction sexuée et développement

La fécondation a lieu dans l’eau de mer. Le développement de l’œuf a fait l’objet de très nombreuses recherches expérimentales, qui devaient ouvrir la voie à l’embryologie moderne ; parmi ces recherches, il faut citer celles du Français Laurent Marie Chabry (1855-1894) en 1887 et de l’Américain Edwin Grant Conklin (1863-1952) en 1905. L’œuf a une polarité dorsiventrale ; le pôle végétatif, le plus riche, correspond à la région dorsale de l’embryon, le pôle animal à la région ventrale. Le développement est du type en mosaïque, mais il existe cependant quelques possibilités de régulation. La segmentation est totale et presque égale. Après un certain nombre de divisions, l’œuf donne une blastula, puis une gastrula et une neurula, qui se transforme finalement en une larve à aspect de têtard, avec une queue bien développée occupée par un tube neural superposé à une corde dorsale. La queue, pourvue de muscles, sert à la nage. Le tube neural se prolonge dans la partie antérieure du corps, où il se dilate pour former la vésicule cérébrale, en relation avec un œil impair. Le pharynx, percé de fentes, et le tube digestif sont localisés à cette partie antérieure. Les papilles adhésives situées à la partie antérieure forment une ventouse grâce à laquelle la larve se fixe au support avant de se métamorphoser. La queue et le système nerveux disparaissent ; les organes qui restent subissent une rotation de 180° ; la bouche s’ouvre à l’opposé du point de fixation ; enfin les organes génitaux se développent.