Région historique et géographique d’Europe orientale formant la partie méridionale des Carpates et bornée au sud par les Alpes de Transylvanie.
Cette contrée forestière dont le nom latin, apparu au xiie s., signifie « au-delà de la forêt » et le nom hongrois, Erdély, « pays au pied de la forêt », fut disputée au cours des siècles entre Hongrois et Roumains avant d’échoir à ces derniers après la Première Guerre mondiale.
Les origines
La région fut le cœur du royaume des Daces, puis de la province romaine de Dacie : les légions romaines l’évacuèrent entre 271 et 275. (V. Dacie et Valachie.)
La conquête magyare (1003-1526)
Étienne Ier, roi de Hongrie, groupe au début du xie s. les terres de Transylvanie en un comitat gouverné par un voïvode (1003), mais la constitution tourmentée du relief est un obstacle sérieux à l’intégration politique du pays. Aussi les Hongrois y implantent-ils des colons de leur race, les Szeklers (en hongrois Székelyek, parfois traduit en français par « Sicules »), et sous le roi Géza II (1141-1162), des Germains, les « Saxons de Transylvanie » (Siebenbürger Sachsen), sont établis sur les marches méridionales et nord-orientales.
Ces communautés germaniques (dites « saxonnes ») jouissent de l’autonomie administrative ; la garantie de leurs privilèges repose sur une charte, le Privilegium Andreanum, accordée en 1224 par le roi André II de Hongrie. En 1241, l’invasion mongole porte un coup très dur au développement du pays et en freine la magyarisation. Aussi la population paysanne autochtone des Valaques (Roumains) se développe-t-elle sans obstacle.
Sous la pression des Turcs, les Transylvains sont conduits à se doter eux-mêmes de fortes institutions, et, au xve s., les voïvodes se sont pratiquement rendus indépendants. Toutefois, les nobles hongrois et le patriciat saxon s’appuient sur l’autorité royale pour contenir les paysans valaques — la masse des serfs — souvent révoltés (notamment en 1437-38) et leur imposer en 1514 un Codex tripartitus qui réglemente les rapports entre nobles et serfs.
La principauté indépendante de Transylvanie (1541-1697)
Après la défaite des Hongrois à Mohács, devant les Turcs, en 1526, le voïvode Jean Zápolya est élu roi de Hongrie et de Transylvanie par le parti « national », antiautrichien. Ferdinand de Habsbourg, qui règne sur les parties nord et ouest du royaume, refuse de reconnaître le nouveau roi jusqu’en 1538 ; à cette date, par le traité de Nagyvárad (Oradea Mare), les Habsbourg acceptent le fait accompli, à condition que, à la mort de Jean Zápolya, ses territoires reviennent à la couronne d’Autriche.
Cette clause n’ayant pas été respectée à la mort du roi (1540), et les États ayant élu son fils, Jean-Sigismond (1540-1571), comme souverain, tout lien est rompu avec les Habsbourg : la Transylvanie, gouvernée par des princes hongrois locaux et indépendante de facto depuis 1526, devient une principauté autonome vassale du sultan en 1541.
La lutte contre l’Autriche se confond à cette époque avec la guerre religieuse contre le catholicisme ; les Transylvains ont dans leur grande majorité embrassé le parti de la Réforme, les Germains s’étant convertis au luthéranisme, et les Magyars au calvinisme.
La Transylvanie fait preuve cependant d’une grande tolérance religieuse et accorde l’égalité des droits aussi bien aux calvinistes et aux luthériens qu’aux catholiques et aux unitariens (les Szeklers surtout relèvent de cette obédience). Toutefois, le gouvernement exclut de cette tolérance l’Église orthodoxe, qui recrute ses fidèles parmi les paysans valaques.
Les Valaques, qui ne peuvent avoir aucun contact avec le métropolite orthodoxe, installé en Valachie, trouvent dans cette contrainte un aliment à leur nationalisme et adoptent le roumain comme langue sacrée.
Étienne Báthory, prince de Transylvanie en 1571, roi de Pologne en 1576, veut assurer le triomphe de la Contre-Réforme avec l’aide des Jésuites ; il ne peut y parvenir et ne réussit qu’à provoquer des guerres civiles qui aboutissent à l’éphémère union (1600-01) de la Transylvanie, de la Valachie et de la Moldavie sous l’autorité de Michel le Brave, prince de Valachie.