Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Transvaal (suite)

Ces luttes n’empêchèrent pas les Boers de s’installer le long de la rivière Vaal. En 1837, ils attaquèrent à leur tour les Matabélés et les rejetèrent au nord du Limpopo, sur le territoire de l’actuelle Rhodésie. Cette même année, les colons s’organisèrent et ils firent choix de l’un des leurs, Piet Retief (1780-1838), qu’ils élirent chef du gouvernement et commandant de la « libre province de la Nouvelle-Hollande dans l’Afrique du Sud-Est ».

Mais Retief, contre l’avis de Potgieter, était partisan de poursuivre plus avant et de fixer les émigrants non au nord entre les fleuves Vaal et Limpopo, l’actuel Transvaal, mais sur la côte sud-orientale de l’Afrique, le Natal d’aujourd’hui. Cependant, des déboires les y attendaient. Les Anglais d’abord y étaient déjà installés, puis les Zoulous se montrèrent belliqueux et massacrèrent de nombreux colons, dont Retief. Aussi Potgieter décida-t-il ses compagnons à revenir dans la région du Vaal.

La troupe se mit alors sous la direction d’un nouvel arrivant, Andries Pretorius (1798-1853) ; après avoir remporté sur les Zoulous la victoire de Blood River (16 déc. 1838), elle s’établit sur le territoire du Natal, tandis que Potgieter s’installait avec un autre groupe au Transvaal. Dès 1842, les Anglais revenaient en force au Natal, en chassaient les Boers et en 1844 proclamaient le territoire colonie britannique. Désormais, les trekkers n’avaient d’autre solution, pour échapper à la domination anglaise, que de rejoindre leurs frères dans les provinces libres du Transvaal et de l’Orange.

Après l’annexion en 1848 par les Britanniques d’une vaste région de la Nouvelle-Hollande (v. Orange [État libre d’]), des Boers s’organisèrent sous le commandement de Pretorius et accoururent du Transvaal pour faire la guerre aux Britanniques. Ceux-ci, las de ces interminables conflits, se résignèrent et, par la convention de la Sand River (janv. 1852), reconnurent l’indépendance du Transvaal.


La difficile indépendance du Transvaal

L’État du Transvaal se proclama en 1856 République sud-africaine. À Pretorius et Potgieter, morts peu après l’indépendance, succéda le fils du premier, Marthinius Pretorius (1819-1901), qui fut élu président de la République sud-africaine en 1857. Énergique, celui-ci mena une guerre sans merci contre les Cafres et essaya d’unir en un seul État l’Orange et le Transvaal, mais cet essai d’union échoua du fait de l’Angleterre, bien décidée à maintenir coûte que coûte l’isolement des républiques boers. Alors, Marthinius Pretorius tenta de parvenir à ses fins en se faisant élire également président de l’Orange en 1859. Mais, dès 1863, Pretorius renonça à l’Orange.

Cependant, l’Angleterre n’avait jamais abandonné l’espoir de s’emparer du Transvaal, espoir avivé par la découverte des mines d’or et de diamants. En 1877, profitant d’une guerre entre les Boers et les Cafres et des difficultés financières rencontrées par le Transvaal sous la présidence (1872-1877) de Thomas François Burgers (1834-1881), elle annexa le Transvaal le 12 avril 1877.

Les protestations se multiplièrent bientôt, et la résistance s’organisa avec Paul Kruger et le général Petrus Joubert (1834-1900). La Grande-Bretagne ayant refusé de rétablir l’indépendance, les Boers, en décembre 1880, décidèrent de recourir aux armes et chargèrent le général Joubert du commandement. Cette première guerre des Boers fut tout à leur avantage ; les Anglais furent constamment battus et, après leur sévère défaite à Majuba Hill (févr. 1881), ils signèrent la paix avec Kruger, le 3 août 1881, à Pretoria. Le Transvaal recouvrait son autonomie, la Grande-Bretagne se réservant seulement la direction des Affaires étrangères.

La découverte de l’or dans le Witwatersrand, près de Pretoria, allait modifier ces perspectives. L’appât du métal précieux provoqua un afflux considérable de chercheurs et d’aventuriers de toutes sortes, les uitlanders, en grande partie Anglais, et la ville nouvelle de Johannesburg atteignit 100 000 habitants en quatre ans (1886-1890).

Le président Kruger, élu en 1883, se montra résolument hostile à l’établissement d’un aussi grand nombre d’étrangers au Transvaal, qui aurait pu modifier gravement ses structures politiques et religieuses.

La Grande-Bretagne de son côté s’efforçait d’isoler le Transvaal en l’empêchant d’accéder à la mer en l’entourant de ses colonies, mais surtout elle poussait les uitlanders à réclamer des droits politiques, biais par lequel l’impérialisme de la Grande-Bretagne essayait d’annexer de nouveau le Transvaal, auquel ses mines d’or donnaient une si grande importance.

Des hommes politiques comme J. Chamberlain*, ministre des Colonies, et Cecil Rhodes* se faisaient les champions de cette idéologie, et c’est avec leur accord qu’un simple lieutenant, Leander Starr Jameson (1853-1917), prépara en décembre 1895 un raid surprise contre Johannesburg destiné à renverser le gouvernement du Transvaal.

Mais le coup de main échoua. Par la suite, les rapports avec la Grande-Bretagne ne cessèrent de se dégrader, celle-ci cherchant manifestement la rupture. Dans ce dessein, elle prit en main les intérêts des uitlanders et prétendit leur faire accorder des droits politiques égaux à ceux des Boers, ce qui revenait en fait à passer le Transvaal sous domination anglaise.


De la guerre à l’union

Mais la résolution des Boers et l’attitude ferme de Kruger firent échouer ces plans. Alors, la Grande-Bretagne n’hésita pas à masser des troupes au Cap et au Natal, et, le 11 octobre 1899, les deux pays, Transvaal et Orange coalisés, engagèrent les hostilités contre l’Angleterre. Cette deuxième guerre des Boers vit d’abord la défaite des troupes anglaises à Ladysmith, Magersfontein et Stormberg (1899), mais les Boers ne surent pas exploiter leurs succès et bientôt l’Angleterre envoya en Afrique du Sud de grands renforts et des généraux éprouvés (Roberts, Kitchener).