Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Transylvanie (suite)

Michel est assassiné en 1601 par ordre du commissaire impérial, et, en 1604, l’empereur Rodolphe de Habsbourg s’empare du pays. Les persécutions religieuses qui s’ensuivent engendrent bientôt la révolte des Transylvains. Le 5 avril 1605, la diète élit le prince Étienne Bocskai (1557-1606), et l’empereur est obligé de le reconnaître au traité de Vienne, le 23 juin 1606. Étienne Bocskai s’emploie ensuite à négocier une trêve de vingt ans entre l’empereur et le Sultan (traité de Zsitvatorok en novembre 1606), mais il meurt un mois après.

Son successeur, Gabriel Báthory, règne jusqu’en 1613 ; la période suivante, celle de Gabriel Bethlen (1613-1629) et de Georges Ier Rákóczi (1630-1648), est considérée comme la plus glorieuse de l’histoire transylvaine.

La Transylvanie à cette époque demeure une puissance d’importance internationale et le bastion avancé de la Réforme en Europe orientale. Elle bénéficie des difficultés rencontrées par les Habsbourg durant la guerre de Trente* Ans et de l’incapacité de l’Empire ottoman à intervenir alors dans les affaires de son vassal. Georges Ier Rákóczi est l’allié de la France et de la Suède contre l’empereur Ferdinand III, ce qui lui vaut, au traité de Linz (1645), l’agrandissement de ses territoires. Mais son fils, Georges II Rákóczi (1648-1660), ayant mené une guerre malheureuse contre la Pologne (1657), est déposé par le Sultan.

La Porte nomme alors les princes de Transylvanie et y établit une autorité tyrannique. Mais, sous le règne de Michel Ier Apafi (1661-1690), les Turcs, après leur défaite de Kahlenberg sous les murs de Vienne en 1683 par les troupes de Jean III* Sobieski, doivent abandonner la Transylvanie, qui reconnaît la suzeraineté de l’empereur Léopold Ier aux traités de Vienne (1686) et de Blasendorf (Blaj) [1687]. Après la mort de Michel Ier, son fils, Michel II Apafi, lui succède, mais il est contraint d’abdiquer en 1697. Le Sultan, vaincu par la Sainte Ligue, renonce à ses droits au traité de Karlowitz (1699).


La Transylvanie sous les Habsbourg (1697-1918)

L’empereur confirme les privilèges et les libertés des Transylvains, ainsi que la tolérance religieuse, mais il y lève un lourd tribut, y établit des troupes et dirige bientôt toutes les affaires du pays par l’intermédiaire d’un gouverneur.

Les Transylvains essaient d’abord de se révolter contre l’empereur et contre les Jésuites sous la direction de François II Rákóczi (1676-1735), petit-fils de Georges II (1703). François II Rákóczi remporte des succès et est élu prince de Transylvanie en 1704 par la diète de Gyulafehérvár. Il recherche l’alliance de Louis XIV (1707), mais il est vaincu à Trenčín par les troupes impériales en 1708. Après la paix de Szatmár (1711), conclue entre l’empereur et Sándor Károlyi (1668-1743), toute résistance cesse. Cependant, le mouvement d’émancipation se maintient grâce à l’archevêque Ioan Inocenţiu Micu (Clain) [1692-1768], qui, se fondant sur le caractère autochtone de la population roumaine et sur sa prépondérance numérique, revendique l’égalité des droits des quatre communautés transylvaines : Roumains, Magyars, Saxons, Szeklers.

Le fait essentiel du xviiie s. en Transylvanie demeure l’accroissement démographique des Roumains, renforcé par l’arrivée de nombreux réfugiés venus de Moldavie et de Valachie, alors sous domination ottomane. Les paysans valaques orthodoxes se révoltent en 1785 contre les nobles magyars et réclament la reconnaissance de leurs droits religieux. Vienne fait la sourde oreille et rétablit l’autorité des magnats hongrois sur le pays.

Le mouvement révolutionnaire de 1848 est, en Transylvanie, un mouvement de libération et de lutte pour l’indépendance et l’unité des diverses minorités. Les Magyars revendiquent l’union avec la Hongrie et offrent aux Roumains, en échange de leur soutien, l’abolition du servage. Ceux-ci, au nom de leur propre indépendance, refusent et appuient les troupes autrichiennes. Mais, en 1851, l’Empire triomphant traite indistinctement toutes les nationalités en vaincues : l’allemand devient la langue officielle.

La Transylvanie est rattachée au royaume de Hongrie à la suite du compromis de 1867. Les Transylvains sont alors soumis à une magyarisation imposée de Budapest et perdent leurs institutions locales traditionnelles. En effet, la loi de 1868 sur les nationalités, libérale en théorie, s’avère lettre morte. Ainsi, les Saxons de Transylvanie perdent, dès 1876, le statut qui, traditionnellement, préservait leur personnalité à la fois sur le plan social et sur le plan religieux.

Le nationalisme roumain, quant à lui, devient très actif (création du parti national roumain, 1881) ; alimenté par les souvenirs historiques du temps de Michel le Brave, il gagne les intellectuels et la classe moyenne, qui préconisent l’union de la Transylvanie avec le jeune royaume de Roumanie.


L’union avec la Roumanie

Cette union est réalisée au lendemain de la victoire alliée de 1918 et de l’éclatement de l’Empire austro-hongrois. C’est le 1er décembre 1918, à Alba Iulia, que les Roumains de Transylvanie proclament leur rattachement à la Roumanie ; ils sont suivis par les Saxons le 21 janvier 1919. Le 4 juin 1920, le traité de Trianon ratifie cette réunion et fixe les nouvelles frontières de la Roumanie.

C’est alors au tour de la minorité hongroise, importante sur la zone limitrophe orientale du pays, de se considérer comme spoliée. Bien que des garanties aient été accordées aux minorités non roumaines, des frictions ont lieu, aggravées par la réforme agraire de 1920-21.

Profitant de la situation internationale, la Hongrie réclame en juillet 1940 une modification de ses frontières. L’Allemagne de Hitler et l’Italie imposent le 30 août 1940, par l’arbitrage de Vienne, la rétrocession à la Hongrie de 45 000 km2 dans les parties septentrionale et orientale de la Transylvanie roumaine. Cet acte mécontente les Roumains sans satisfaire les Hongrois. Le traité de paix du 10 février 1947 rendra à la Roumanie ses frontières de 1920.

En 1952, le gouvernement communiste de Bucarest accorde l’autonomie à la région magyare de Mureş : toutefois, la réforme administrative de 1968 abolit ce statut spécial.

P. P.

➙ Hongrie / Roumanie.