Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Adamov (Arthur) (suite)

L’esthétique brechtienne marque alors la technique d’Adamov, qui donne à son œuvre un aspect plus didactique (le Printemps 71, 1963 ; la Politique des restes, 1963 ; M. le Modéré, 1968) sans qu’il paraisse croire que de la parabole puisse naître une formule d’action pratique. Ces fresques historiques et pamphlétaires sont coupées d’interludes que, même dans l’évocation de la Commune de Paris, Adamov appelle des guignols, ne pouvant séparer le réalisme épique de l’allégorie burlesque. « Tout ce qui ne relie pas l’homme à ses propres fantômes, mais aussi, mais encore à d’autres hommes, et, partant, à leurs fantômes, et cela dans une époque donnée et, elle, non fantomatique, n’a pas le moindre intérêt, ni philosophique, ni artistique », écrit-il dans Ici et maintenant (1964). Mais unissant l’analyse historique à l’anecdote tragique ou grotesque, Adamov demande moins au public la reconnaissance d’une idéologie positive que la « désolidarisation d’un spectacle négatif ». Il ne cessa, cependant, de confronter son expérience aux sensibilités dramatiques étrangères, adaptant la Mort de Danton de Büchner, Edouard II de Marlowe, les Petits Bourgeois de Gorki, les Âmes mortes de Gogol. Il revenait sans cesse sur sa fascination du monde clos et déchiré (Off Limits, 1968), sur ses excès, ses incertitudes, ses contradictions (l’Homme et l’enfant, 1968) auxquelles il ne parvint à échapper que par la mort. Au cœur de ce théâtre de lucidité politique gît une douloureuse exigence d’hygiène morale.

J. D.

➙ Théâtre.

adaptation

Ajustement de l’organisme à toutes les conditions du milieu qui assure la pérennité de cet organisme.


C’est presque un truisme d’affirmer qu’un animal ou une plante qui vit et se reproduit est adapté aux conditions de son biotope et aux multiples exigences imposées par la lutte continuelle, caractéristique de toute vie. L’adaptation se définit donc par rapport à quelque chose ; elle comporte essentiellement une notion de convenance. Son étude revient à constater les réponses fonctionnelles de l’être vivant aux conditions des milieux qu’il habite. Ces réponses, ces réactions intéressent la totalité de l’organisme et entraînent des corrélations variées entre les diverses structures et leur fonctionnement.

On dit qu’un Européen s’est adapté au climat tropical, que le Crabe chinois s’est adapté aux eaux douces d’une grande partie de l’Europe, que la Baleine est adaptée à la vie aquatique. Ces trois exemples d’adaptation laissent pressentir des différences ; en effet, le terme général d’adaptation englobe plusieurs phénomènes : l’adaptation individuelle, ou accommodation ; l’adaptation spécifique, ou naturalisation ; l’adaptation éthologique ou adaptation statistique.

Lucien Cuénot

Biologiste français (Paris 1866 - Nancy 1951), le pionnier de la génétique en France. Après de brillantes études à la faculté des sciences de Paris — il est docteur ès sciences naturelles à vingt et un ans —, sa carrière (1890-1937) se déroule à la faculté des sciences de Nancy, où il est professeur titulaire de la chaire de zoologie dès 1898. Zoologiste de grande classe, il est le contraire du spécialiste et étudie de nombreux groupes. Il prouve, le premier, que les lois de Mendel sont applicables aux animaux ; il découvre que « l’albinisme est un masque » cachant des différences génétiques de coloration ; il découvre les caractères létaux (1905) ; le fait est exact, mais son hypothèse explicative est erronée. L’évolution et les problèmes qu’elle pose, adaptation et spéciation, retiennent son attention. Tentant d’expliquer l’harmonie entre la forme et le milieu, il propose la théorie de la préadaptation. « Mutationniste insatisfait », il refuse d’admettre que le hasard des mutations triées par la sélection naturelle puisse aboutir à l’édification d’organes complexes. Il s’intéresse aux coaptations et aux outils animaux et végétaux, qui, par leur morphologie et leur fonctionnement, rappellent les outils industriels ; il y voit une intention, une invention, un anti-hasard. Cette faculté artisane le conduit à un néo-finalisme épuré n’ayant aucun rapport avec un providentialisme désuet.


Adaptation individuelle

L’adaptation individuelle se manifeste dans des conditions variées. Le milieu, dans son ensemble, présente une certaine stabilité, encore que des différences sensibles existent entre les basses températures d’un hiver rigoureux et les températures élevées d’un été particulièrement torride. Chaque organisme réagit, et ses diverses fonctions s’efforcent de lutter afin de maintenir un équilibre compatible avec la vie. Mais l’adaptation intervient plus intensément lorsqu’un individu quitte ses conditions de vie habituelles pour s’établir dans un milieu différent. Un Européen s’installe dans une région tropicale : il s’adapte plus ou moins rapidement à sa nouvelle vie et supporte plus ou moins bien les conditions nouvelles du climat tropical. Il s’est accommodé ou accoutumé.

L’accommodation nécessite des modifications morphologiques, physiologiques, hormonales qui sont des accommodats, ou somations. L’individu subit ces modifications sans y participer volontairement. Les difficultés à vivre dans de nouvelles conditions révèlent l’insuffisance des adaptations, qui peut entraîner la mort.

Les accommodats, ou réactions appropriées de l’individu, sont variés ; alors que le froid stimule la pousse des poils chez les Mammifères, la chaleur l’inhibe ; les Chèvres lainières des hauts plateaux d’Asie transportées dans un climat plus doux perdent leur toison, et leur peau s’épaissit. Il est bien connu que la vie à des altitudes élevées provoque une série de modifications en rapport avec la faible pression de diffusion de l’oxygène alvéolaire ; à l’accroissement quantitatif des hématies transporteuses d’oxygène s’ajoute une accélération de la circulation. Les insuffisances respiratoires corrélatives de l’emphysème entraînent également une hyperglobulie chez les emphysémateux.

L’organisme réagit au froid en réduisant la perte de chaleur (constriction des vaisseaux périphériques, érection des poils ou des plumes) et en augmentant la production de chaleur (sécrétion d’adrénaline, frisson, etc.).

Un accroissement de lumière et de rayons ultraviolets détermine une pigmentation de la peau, créant ainsi un écran protecteur. Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’équateur, les peaux deviennent plus claires ; il est alors possible de profiter au mieux de l’ensoleillement, qui diminue progressivement.