Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Tournemire (Charles) (suite)

Il a surtout laissé une abondante littérature pour orgue, son instrument de prédilection, qu’il avait déjà touché, enfant puis adolescent, à Saint-Seurin et à Saint-Pierre de Bordeaux. Parmi ses pièces pour orgue, signalons le Triple Choral, op. 41, les Trois Poèmes op. 59, les Sei Fioretti, op. 60, les Sept Poèmes-Chorals, op. 67, la Symphonie-Choral, op. 69, la Symphonie sacrée, op. 71, la Suite évocatrice, op. 74, et, avant tout, ce monument sans pareil dans le répertoire musical de la liturgie catholique, l’Orgue mystique (51 offices pour l’année liturgique, 255 pièces en 3 cycles : Noël, Pâques, Pentecôte), op. 55, 56, 57. Ici, sur la suggestion de son ami Joseph Bonnet (1884-1944), organiste de Saint-Eustache, Tournemire a voulu réaliser pour le culte catholique ce que J.-S. Bach avait fait, avec ses Chorals, pour la liturgie luthérienne. Dans un langage très personnel, où il s’efforce de fondre les notions d’orgue liturgique et d’orgue symphonique, tour à tour archaïsant et audacieusement moderne, alliant les formes classiques traditionnelles du prélude, de la fugue et du choral à la grande variation beethovénienne, inspiré par la densité et la poésie des textes de l’office, il commente et paraphrase, d’une manière singulièrement lyrique et colorée, les mélodies grégoriennes des dimanches et de quelques fêtes, les traduisant en « impressions plain-chantesques » : petits poèmes suaves, grandes fresques décoratives, voire visions tumultueuses.

M. V.

Tours

Ch.-l. du départ. d’Indre-et-Loire, dans la Région Centre, sur la Loire ; 145 441 hab. (Tourangeaux) ; plus de 250 000 hab. dans les limites de l’unité urbaine.



La géographie


La situation et le site

Ville animée, riante, coquette, « Petit Paris » a-t-on dit d’elle, Tours tient ses faveurs d’avantages de situation éprouvés de longue date. Au confluent des vallées de la Loire et du Cher, au droit du seuil du Poitou, elle commande dès l’Antiquité, sur les routes de Paris vers l’Aquitaine et de Lyon vers l’Armorique, un important carrefour (Caesarodunum). Métropole de la province Lyonnaise IIIe, elle couvre de son autorité la Touraine, le Maine, l’Anjou et la Bretagne dans des limites qui survivront jusqu’en 1859, époque où la promotion archiépiscopale de Rennes en détachera la Bretagne (mais Nantes est restée évêché suffragant de Tours). Dépositaire du corps de son évêque, « apôtre des Gaules », saint Martin et gîte d’étape sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, elle anime au Moyen Âge l’un des pèlerinages les plus fréquentés de l’Occident chrétien. Étape marchande sur le vieux « chemin d’Espagne », elle trouve dans les transports modernes, avec le rail au xixe s., avec l’automobile au xxe, une consécration qui fait d’elle l’une des plus fortes positions du territoire français (triage ferroviaire de Saint-Pierre-des-Corps, itinéraire routier international Stockholm-Lisbonne, autoroute A 10 Paris-Bordeaux en construction).

Son site est moins heureux. Tours est née sur une petite butte insubmersible (en celtique, dunum) dont le nom antique de la ville dit tout le prix, mais vite occupée, et c’est sur un tertre artificiel (ville médiévale de saint Martin), puis dans une varenne exposée aux débordements de ses deux rivières qu’elle a dû s’étendre, non assurée de pouvoir trouver toujours dans le rempart de ses digues, ou levées, une totale sécurité (inondations de 1856 et de 1866). Au fond de sa vallée, elle a été aussi pour l’ennemi, dans les moments de détresse nationale (1870, 1940), une proie facile. Du moins, dans sa plaine et sur ses plateaux bordiers, a-t-elle pu disposer, depuis un siècle, des espaces nécessaires à sa croissance.


Les fonctions urbaines

Tours partage inégalement ses activités entre un petit secteur primaire agricole de 2 500 emplois (sur 86 000 ; 3 p. 100), un secteur secondaire industriel de 33 500 emplois (39 p. 100) et un secteur tertiaire de commerces et de services de 50 000 (58 p. 100). La prépondérance tertiaire s’affirme nettement. Centre de passage et de transit (4 000 cheminots en exercice, plus de 4 000 en retraite), Tours concentre en outre les échanges de campagnes largement diversifiées : Val de Loire maraîcher et viticole (céleris, carottes, haricots verts ; vins de Vouvray, de Montlouis-sur-Loire, de Bourgueil, de Chinon), Champeigne céréalière, Gâtines herbagères (lait, viande), plateau de Sainte-Maure (blé, fromages de chèvre, beurre, volailles, œufs). Son audience de marché d’approvisionnement déborde le département d’Indre-et-Loire. Centre de redistribution pour les charbons, les produits pétroliers, les métaux, les machines agricoles, les engrais, elle dispose encore d’un magasin général et d’une douane intérieure. Chaque année, elle organise deux foires-expositions, en mai et en septembre (« Grande Semaine » depuis 1921, foire agricole de l’Ouest européen depuis 1963), qui lui amènent plusieurs centaines de milliers de visiteurs. Elle développe des réseaux bancaires, d’assurances, d’agences, entretient un marché immobilier stimulé par la résidence secondaire. « Capitale des châteaux » au cœur de la Renaissance française, riche elle-même de témoignages d’art (cathédrale Saint-Gatien, église Saint-Julien, château de Plessis-lès-Tours, prieuré de Saint-Côme, hôtels gothiques et Renaissance, musées de peinture, du Compagnonnage, du Gemmail) et pleine de souvenirs littéraires (Ronsard, Balzac, Courier, Courteline, France), Tours séduit le touriste, a le meilleur équipement hôtelier de tous les pays de la Loire (près de 2 000 chambres), s’enorgueillit de son festival de musique de Meslay, attire par centaines, annuellement, congrès et manifestations sportives. Sa promotion universitaire, préparée par des maîtres illustres en médecine (Bretonneau, Trousseau, Velpeau), lui assure, avec un Institut d’études françaises à l’adresse des étrangers et une école de droit, depuis les années 1960, la formation des cadres et des chercheurs qui lui ont longtemps manqué (lettres, sciences, Centre d’études supérieures d’aménagement). Elle abrite l’école militaire du train. Un quotidien régional, la Nouvelle République du Centre-Ouest, tire en huit éditions départementales à 300 000 exemplaires.