Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Tessai (suite)

Peintre lettré, Tessai s’inspire souvent de poèmes anciens ou d’écrits bouddhiques, qu’il calligraphie sur la peinture. Ces textes ne constituent qu’un point de départ pour son imagination. Paysages, fleurs, oiseaux ou bien encore portraits de moines éminents, de poètes, de simples pêcheurs et de buveurs, ses peintures ne sont jamais des images figées, simples représentations de la réalité, mais la traduction de ses visions intérieures, fruits de longues années de méditation et de concentration.

M. M.

 Les Œuvres de Tomioka Tessai, catalogue de l’exposition au musée Cernuschi, Paris, en 1967 (Tōkyō, 1966).

Tessin

En ital. Ticino, canton de Suisse ; 2 811 km2 ; 245 000 hab. Capit. Bellinzona.


Formant un triangle dont la base est constituée par le massif du Saint-Gothard et dont la pointe méridionale est située près de Chiasso, en bordure de la plaine du Pô, le canton est le seul du pays à être entièrement localisé sur le versant sud des Alpes.

La plus grande partie du nord du canton correspond à l’aire de drainage du Tessin, depuis ses sources jusqu’au lac Majeur. On l’appelle Sopraceneri. Le sud, dont le nom est Sottoceneri, est plus réduit, mais déborde sur la zone hydrographique du lac de Lugano. La ligne de séparation entre les deux régions passe par le col de Monteceneri, qui a déterminé les noms de ces dernières.

Le Sopraceneri correspond approximativement aux Alpes du Tessin et appartient donc aux Alpes centrales. Parmi les roches cristallines, gneiss et granites dominent. Les vallées s’incurvent petit à petit vers le sud-est. Elles confluent vers la dépression longitudinale insubrique déterminée par la plaine de Magadino et le nord du lac Majeur. Les roches cristallines se retrouvent partiellement au Sottoceneri. Mais au nord du lac de Lugano apparaissent les Alpes calcaires méridionales. Dans le sud du Tessin, le Mendrisiotto est un pays de collines, aux formations alluviales abondantes, au drainage hydrographique plus indécis, faisant déjà partie de la plaine lombarde. L’érosion fluviale, très active, n’a pas effacé toutes les traces glaciaires. Le Monteceneri était une zone de diffluence glaciaire importante. Les limites et les extensions des lacs du Tessin ne peuvent s’expliquer que par les influences glaciaires. Les fonds des lacs Majeur et de Lugano sont situés au-dessous du zéro marin.

Le climat du Tessin est appelé insubrique, c’est-à-dire qu’il correspond à celui des vallées s’ouvrant sur les lacs. L’écran des Alpes est déterminant, protégeant les vallées des influences du nord. En été, la sécheresse méditerranéenne englobe le Tessin. L’ensoleillement est plus élevé que dans le reste de la Suisse. On compte 2 286 heures d’ensoleillement à Locarno, 2 101 à Lugano, contre 1 600 en moyenne dans le Mittelland.

Les pluies sont relativement importantes, car apportées par les vents d’ouest, quoique les Alpes du Valais débarrassent ces derniers d’une partie de leur humidité. Les pluies sont plus fréquentes par temps de fœhn. Ce dernier se manifeste par vent du sud. Les maximums de fœhn et de précipitations coïncident et se placent en mai et en octobre. On note 1 590 mm de précipitations à Bellinzona et 1 890 mm à Locarno.

Le Tessin n’est pas uniforme. On peut retrouver une douzaine de petites unités naturelles ou géographiques : le val Bedretto, ou haute vallée du Tessin ; le val Leventina, qui prolonge le précédent ; le val Blenio, qui correspond à la vallée du Brenno, qui conflue avec le Tessin ; la Riviera, qui continue le val Leventina ; la région de Bellinzona ; la vallée de Verzasca ; la vallée de Maggia ; la région de Melezza, au nord-ouest du lac Majeur ; la plaine de Magadino ; les bords du lac Majeur ; le lac de Lugano ; le Mendrisiotto.

Sur une surface totale de 281 100 ha, 71 300 ha sont improductifs. Les champs de labour occupent moins de 2 000 ha, et les prés 19 000 ha. La vigne s’étend sur 1 200 ha. L’essentiel de la surface est occupé par les alpages. Les rares champs de céréales (seigle) y grimpent jusqu’à 1 500 m sur les adrets, à 1 300 m seulement sur les ubacs. Les pommes de terre peuvent être cultivées jusqu’à 1 600 m, autour des chalets d’été. Les céréales ne mûrissent pas sur pieds ; il faut les sécher sur des rascane dans le Bedretto. Les hautes vallées se dépeuplent. Les villages et surtout les chalets d’été tombent en ruine. Dans les basses vallées, la situation est meilleure, mais les crues subites des cours d’eau nécessitent une lutte incessante. À l’approche des lacs, l’agriculture est plus intensive (arboriculture, viticulture). Nulle part ailleurs en Suisse, le recul de la population n’a été aussi important que dans les vallées du Tessin, bien que la population du canton soit passée de 117 000 habitants en 1850 à 245 000 en 1970. La population a régressé dans 143 communes. Pour 16 d’entre elles, les pertes se chiffrent à plus de 60 p. 100. Un indice vient de l’utilisation des alpages. En 1864, on en exploitait 558, alors qu’actuellement on n’en exploite guère plus de 200.

Près de 60 p. 100 des exploitations agricoles sont situées dans le secteur montagneux. Seulement 18 p. 100 des quelque 6 000 exploitations du Tessin sont exploitées à temps complet. L’agriculture du Tessin ne fournit que 1,5 p. 100 du revenu agricole brut de la Suisse. C’est montrer la faiblesse locale de cette branche. Toutefois, dans certains secteurs, l’agriculture tessinoise peut présenter un bilan positif : vigne, cultures fruitières, élevage, production de lait et de fromage. La vigne, dans le sud, est plantée en culture mixte : avec des légumes, des céréales, de l’herbe, etc. L’irrigation tend à se développer.

L’industrie n’occupait que 26 000 personnes en 1955, alors qu’elle en occupe plus de 40 000 maintenant. À la base, il faut citer l’hydro-électricité, exploitée assez tardivement. Quelques usines sont de taille considérable (Biasca, sur le Brenno [390 MW]). Au total, on compte 1 880 MW installés. Sur une production totale de 3 TWh en 1972, seulement 1,1 milliard a été consommé dans le canton, dont 56 p. 100 à des fins agricoles et domestiques. L’industrie ne profite donc guère de la production hydro-électrique. Les barrages-réservoirs ont toutefois transformé le paysage de haute montagne. Les implantations ont eu des conséquences importantes sur le plan de l’emploi et des revenus au profit des collectivités locales. L’industrie de transformation (textiles, tabacs, alimentation) est localisée dans les villes, au sud. La métallurgie de transformation a longtemps fait défaut.

Le tourisme est une activité en plein essor, d’autant plus que la vallée du Tessin est une grande voie de passage. On comptait 937 000 touristes et 3,3 millions de nuitées en 1972, contre 230 000 touristes et 1,2 million de nuitées en 1935. Les régions de Lugano et de Locarno concentrent les neuf dixièmes des nuitées.

F. R.