Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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teinture et apprêts (suite)

Apprêt

L’apprêt est l’ensemble des opérations, généralement finales, appliquées aux articles textiles et destinées à leur conférer des propriétés particulières ou les qualités désirées de présentation. (En fait, il vaudrait mieux utiliser dans ce sens le mot apprêtage et réserver le terme apprêt au produit déposé sur les textiles au cours de certaines opérations d’apprêtage.) L’apprêt peut être effectué soit par traitement physique ou mécanique, soit avec utilisation d’un produit chimique d’apprêt.


Apprêts destinés à modifier l’aspect et les propriétés de certaines fibres

• La laine

• Traitements physiques et mécaniques.
— Le séchage joue un rôle important au point de vue qualité et toucher des étoffes : après un préséchage destiné à enlever surtout l’eau adhérente, le séchage proprement dit doit être conduit avec soin sans sursécher la matière textile, pour éliminer l’eau de gonflement et l’eau de capillarité ; il est fait par conduction (sur des tambours chauffés), par convection (dans une chambre ou un tunnel où circule un courant d’air chaud), par rayonnement (infrarouge) ou par hautes fréquences (par passage entre les plaques d’un condensateur alimenté par un courant alternatif à haute fréquence).
— Le grattage (ou lainage) effectué sur la surface de l’étoffe lui confère un aspect et un toucher pelucheux ou duveteux par dégagement partiel des fibres individuelles.
— Le tondage donne à l’étoffe un aspect plus régulier en éliminant, à la surface, des fibres non prises dans les fils.
— Le pressage confère aux étoffes un aspect lisse et brillant en éliminant les plis éventuels.
— Le décatissage, par un traitement à la vapeur d’eau surchauffée, atténue le brillant indésirable de l’étoffe et favorise la stabilisation dimensionnelle.
— Le ratinage modifie l’aspect de l’étoffe grattée en la frottant à l’état humide sur une surface abrasive.

• Apprêts chimiques.
Certains sont spéciaux à la laine du fait de ses propriétés particulières.

Les apprêts infeutrables ont pour objet de remédier au feutrage, favorisé par la présence des écailles formant la cuticule de la laine. Cette propriété de feutrer est dans certains cas recherchée pour la réalisation de tissus présentant une très grande résistance ou pour la fabrication de feutres. En revanche, il faut y remédier pour qu’elle ne se manifeste pas lors de la teinture ou du lavage, le feutrage étant accompagné d’un retrait important. Les traitements appliqués ont pour but d’éliminer les écailles ou de les recouvrir d’un film de résine.

Les traitements antimites permettent de détruire les larves d’insectes qui mangent la laine. On a utilisé des poisons agissant soit par inhalation (camphre, naphtaline), soit par contact (D. D. T.), ou bien encore par ingestion en dénaturant la laine pour la rendre non comestible. Dans ce dernier cas, on peut obtenir une dénaturation permanente résistant au lavage et au nettoyage à sec, tandis que les deux autres types de procédé n’ont pas d’action permanente.

• Le coton

• Traitements physiques et mécaniques.
— Le calandrage — qui, à l’origine, avait pour but le repassage industriel des tissus — sert également aujourd’hui à obtenir différents effets : matage, brillantage, gaufrage (impression de dessins en reliefs). Pour cela, on utilise des calandres équipées de deux ou plusieurs rouleaux, rouleaux durs métalliques chauffés ou rouleaux élastiques.
— Le retrait compressif permet de provoquer le retrait préalable du coton afin de mettre à la disposition du consommateur un article « stable » qui ne rétrécira pas au lavage.

• Apprêts chimiques.
— Les apprêts de garniture sont destinés à donner au tissu une certaine tenue appelée la « main » du tissu. Pour cela, on le foularde avec de l’amidon, des dérivés cellulosiques ou des résines.
— Les apprêts de charge avaient pour but d’augmenter le poids des tissus et sont de moins en moins utilisés.
— Les produits d’adoucissage donnent un toucher plus doux. On a utilisé des matières grasses naturelles, mais il est préférable d’utiliser des matières grasses sulfonées. On emploie aussi des sulfates d’alcools gras, des émulsions de paraffine, des produits cationiques et certains agents hygroscopiques.
— Les apprêts infroissables, le wash and wear, le pressage permanent permettent d’améliorer les propriétés du coton, qui est l’une des fibres textiles sur lesquelles les marques de froissement restent le plus marqué. En utilisant des apprêts aux résines thermodurcissables, le caractère « infroissable » est conféré aux fibres cellulosiques par réticulation intermoléculaire : la formation de pontages dans une fibre non gonflée conduit à une infroissabilité à sec ; dans une fibre gonflée, elle conduit à une infroissabilité au mouillé. Trois techniques industrielles sont appliquées pour obtenir le caractère infroissable : la réticulation en milieu aqueux, la réticulation en phase vapeur et enfin la réticulation en milieu anhydre, qui correspond au traitement classique avec les dérivés aminoplastes. Le traitement dit « wash and wear » (laver et porter) a pour but d’obtenir simultanément l’infroissabilité à sec et au mouillé, pour donner au coton les mêmes propriétés qu’aux tissus synthétiques, qui, après lavage, se défroissent spontanément pendant le séchage en épargnant la nécessité du repassage. Le traitement a malheureusement pour effet de diminuer plus ou moins la résistance à la déchirure et à l’abrasion. D’autre part, comme les articles ainsi traités sont destinés à être lavés, il faut utiliser des résines solides aux lavages et de plus ne fixant pas le chlore, car il est d’usage d’ajouter dans le lavage industriel ou domestique de faibles quantités d’eau de javel. Pour le confectionneur, avec des tissus traités « wash and wear », il devient difficile de fixer les plis dans les vêtements. C’est pourquoi on a été amené à étudier les traitements « pressage permanent » : il faut déposer l’apprêt sur le tissu avant confection sans faire la réticulation, laquelle se fera après mise en forme du vêtement par vaporisage sur une presse appropriée.
— Les apprêts anticryptogamiques sont destinés à protéger le coton contre les moisissures ou champignons qui s’attaquent aux fibres cellulosiques. On peut utiliser des produits fongicides qui détruisent les microorganismes : par exemple, des dérivés phénolés, des ammoniums quaternaires, des sels ou complexes métalliques. On peut aussi protéger le textile par des sels comme les azides, les fluorures et les iodoacétates, qui ont la propriété d’inactiver les enzymes sécrétées par les spores des champignons. On arrête ainsi les processus de dégradation de la cellulose. Enfin, on peut modifier chimiquement la fibre ; c’est ainsi que, l’acétate de cellulose étant moins sensible aux moisissures, une acétylation superficielle conduira au « coton passivé ». Le procédé employé sera choisi suivant l’emploi en tenant compte de sa solidité au lavage et en veillant qu’il n’ait pas d’odeur prononcée, qu’il ne modifie ni les nuances de teinture ni le toucher du tissu, qu’il ne dégrade pas le textile et surtout qu’il ne présente pas d’inconvénient pour le corps humain.