Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

teinture et apprêts (suite)

Apprêts destinés à donner aux textiles une propriété particulière

• Apprêts hydrofuges.
Il faut faire une distinction entre hydrofugation et imperméabilisation.

L’imperméabilisation a pour but d’empêcher le passage de l’eau au travers d’articles textiles ; elle se fait le plus souvent par enduction en déposant sur la surface des articles textiles une pellicule continue d’enduit. Elle a l’inconvénient d’atténuer considérablement la perméabilité aux gaz et aux vapeurs.

L’hydrofugation est un traitement qui tend à diminuer l’hydrophilie des textiles en conservant au maximum leur perméabilité aux gaz et aux vapeurs ; les tissus hydrofugés sont donc perméables à la transpiration. Pour le coton et les fibres cellulosiques, l’hydrofugation peut se faire par modification chimique en fixant sur la chaîne cellulosique des longues chaînes hydrophobes. Elle peut aussi se faire par dépôt d’un apprêt sur le textile : actuellement, les résultats les plus intéressants sont obtenus avec des résines thermodurcissables renfermant dans la molécule une longue chaîne aliphatique ou par un film hydrophobe à base de silicones. Les traitements d’hydrofugation devraient résister parfaitement au cours des opérations d’entretien : lavage et nettoyage à sec, mais dans les deux cas il reste sur les tissus des produits tensio-actifs inhibant l’hydrofugation.

• Apprêts ignifuges.
On peut classer ces apprêts suivant les différents mécanismes de leur action :
— mécanisme du refroidissement, quand l’apprêt se décompose en absorbant une grande quantité de chaleur ;
— mécanisme de l’enrobage, si l’apprêt constitue un film protecteur imperméable à l’oxygène de l’air ;
— mécanisme de la minéralisation, quand la cellulose forme avec certains sels sous l’action de la chaleur des cendres incombustibles ;
— mécanisme de l’asphyxie, si le produit ignifuge se décompose à la chaleur en donnant des gaz incombustibles ;
— mécanisme catalytique, si l’apprêt joue un rôle de catalyseur pour modifier la décomposition thermique du textile ;
— transformation chimique de la fibre la rendant ignifuge.

• Apprêts antitaches. Il existe deux genres d’apprêts, les apprêts « Soil repellent », rendant oléophobe la surface du textile, qui « repousse » les taches, et les apprêts « Soil release », rendant hydrophile la surface du textile, ce qui facilite l’élimination des taches au lavage.

V. Le R.

➙ Blanchiment / Bonneterie / Coton / Encollage / Feutre / Impression / Laine / Non-tissé.

 J. Meybeck, les Colorants (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1943 ; 3e éd., 1963).

Tékés

Ethnie de la République populaire du Congo.


Composée d’environ 200 000 personnes aujourd’hui, elle occupe les plateaux au nord de Brazzaville. Téké est le nom que lui donnent les étrangers, eux-mêmes s’appelant tyo. Elle est un amalgame de groupes aux noms différents : Bawoumous, Bambembés, Abomas, Ndzikous, Koukouyas, Batsinsékés, Bakwés. Ces groupes, qui s’étendent de la rive sud du Stanley Pool jusqu’aux régions forestières des bassins de la Bouenza et de la Louéssé à l’ouest, appartiennent à la même famille linguistique. Les Tékés occupent essentiellement une région de plateaux pour ne pas vivre près des marigots. C’est une région très peu dense démographiquement : une personne au kilomètre carré, à l’exception du plateau Koukouya. Ce phénomène est la conséquence de la participation du royaume téké au commerce de traite et notamment à la vente d’une partie de la population comme esclaves : c’était la seule ressource à la disposition du pouvoir. L’émigration moderne vers les villes a contribué au maintien de cette situation. Mais les Tékés ont eu du mal à se réadapter et à conserver leur ancienne prééminence. Cela explique leur rôle effacé à Brazzaville, dont ils étaient pourtant les premiers occupants, et le déplacement vers le nord des limites entre les Kongos et eux. Les Tékés pratiquent l’agriculture, la chasse et la pêche. La saison des pluies dure de septembre à juin avec une petite saison sèche en décembre-janvier. Ce sont surtout les riverains du Congo qui sont pêcheurs et apparemment c’est une technique qu’ils ont empruntée à d’autres populations. Les cultures de savane, vivrières, sont assurées par les femmes. On y cultive des courges, des patates et surtout du manioc et de l’arachide. Dans la forêt, les hommes ont des cultures commerciales de haricots et de tabac. Sur le plateau Koukouya, on trouve une agriculture très élaborée où l’on pratique l’enfouissement en vert. Le gibier n’est pas spécialement abondant et se limite aux pintades, outardes et antilopes. Il existe plusieurs types de chasse. Le territoire de chasse ne se confond pas avec le territoire agricole. Les grandes chasses collectives au filet se déroulent à des endroits précis et se renouvellent chaque année aux mêmes endroits. Les Tékés ont un système de parenté matrilinéaire. Il ne subsiste pratiquement rien de leur superstructure politique dans la mesure où la perception d’un surproduit (notamment artisanal et en biens de prestige) a disparu avec les transformations de l’économie coloniale. Mais les fonctions rituelles, idéologiques et juridiques du système seigneurial se maintiennent ainsi que les techniques de sorcellerie. Le pays téké enfin a subi les effets des missions catholiques, notamment au niveau de la scolarisation. L’attachement des Tékés à leurs traditions se manifeste dans leurs sculptures.

J. C.

 B. Guillot, la Terre Enkou. Recherches sur les structures agraires du plateau Koukouya, Congo (Mouton, 1973).