Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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teinture et apprêts (suite)

Si la teinture de l’acétate de cellulose et du polyamide peut être faite par des méthodes usuelles dans des appareillages classiques, la teinture du polyester, des chlorofibres, des acryliques a présenté plus de difficultés, et divers procédés ont été mis au point pour les surmonter.
— Teinture en présence de gonflants et de « véhiculeurs ». Pour les chlorofibres, certains adjuvants possédant la propriété de gonfler la fibre améliorent sensiblement le rendement de l’opération. Pour les fibres de polyester, certains produits sont capables d’augmenter la vitesse de teinture à température inférieure ou égale à 100 °C : n’ayant pas de pouvoir gonflant, ils agissent en relâchant les forces de liaison entre les macromolécules des fibres et facilitent ainsi la diffusion du colorant.
— Teinture à haute température. Dans des appareils de teinture autoclaves, permettant d’augmenter la pression relative jusqu’à 3 ou 4 bar, on peut faire monter la température jusqu’à 130 °C environ : on accélère ainsi la diffusion des colorants plastosolubles et on augmente leur valeur de saturation dans les fibres.
— Teinture par thermofixage. Le procédé « Thermosol » permet de faire la teinture en même temps que le traitement de fixation thermique des fibres de polyester (traitement de stabilisation à 180-200 °C). Il consiste à passer un tissu de polyester dans une dispersion de colorants plastosolubles, à exprimer l’excédent par « foulardage », à sécher à température modérée pour éliminer l’eau, puis à soumettre le tissu à la température d’environ 200 °C pendant 30 à 60 mn dans une enceinte chauffée. À cette température, la diffusion du colorant se fait dans de meilleures conditions. Ce procédé est appliqué aussi au triacétate avec les colorants plastosolubles, mais il ne réussit pas pour les polyamides. En revanche, il a été appliqué avec d’autres catégories de colorants pour les polyesters et aussi pour les fibres cellulosiques.

À part les colorants plastosolubles, certains autres colorants sont utilisés pour les fibres synthétiques. C’est ainsi que les polyamides peuvent être teints en colorants acides, et les acryliques en colorants basiques.


Méthodes et appareillages de teinture

On peut classer les machines de teinture suivant que la matière textile à teindre est mobile ou immobile et que le bain de teinture est mobile ou immobile.

• Appareils à matière immobile et à bain mobile. Ces appareils, du type cuve, sont équipés pour assurer une circulation de bain. Ils sont ouverts ou fermés si l’on opère à la pression atmosphérique. Lorsque le traitement doit être fait à une température supérieure à 100 °C, on utilise des cuves autoclaves.

• Appareils à matière mobile et à bain immobile. Dans les appareils tels que barques ou Jigger, le contact entre bain et textile est soit prolongé, soit bref, mais répété.

La barque dérive du cuveau utilisé autrefois, mais le mouvement de la matière est maintenant assuré mécaniquement ; tel est le cas par exemple de la rotation des écheveaux de filés sur des guindres animés de mouvements alternatifs réglables. Les pièces de tissu passent dans le bain sous la forme « boyau », rarement « au large ».

Le Jigger travaille de façon discontinue par passages répétés dans un volume de bain relativement faible par rapport à la masse de la pièce à teindre.

Le foulard travaille par contact bref et non répété. Il a pris une grande importance, car il permet un procédé de teinture continue : après un passage rapide du textile dans le liquide tinctorial (imprégnation), l’exprimage se fait entre des rouleaux.

• Appareils à matière et à bain mobiles. Dans ces appareils (appelés en anglais « jets »), la pièce d’étoffe « en boyau » est entraînée par déplacement du bain à travers un dispositif, en assurant un contact intime du textile et du bain.

• Appareils annexes. À côté de la teinture proprement dite, des traitements annexes nécessitent des appareils spéciaux, tels que :
— les cuves à roulettes, servant principalement à des traitements tels que le développement de la teinture, le savonnage, le rinçage ;
— les séchoirs, assurant une opération délicate, dont l’importance est grande sur le résultat ; le séchage doit être régulier et égal pour éviter les accidents et les défauts ;
— les thermofixeuses, qui font intervenir la chaleur sous forme d’air chaud, de rayonnement infrarouge, de fluides chauffants, etc., non seulement pour le séchage, mais aussi pour la fixation des colorants sur la fibre ;
— les vaporiseuses, qui sont utilisées pour le développement de certains colorants ; elles travaillent soit à la pression atmosphérique en vapeur saturée, soit à pression plus élevée en vapeur saturée ou surchauffée, à des températures qui atteignent parfois 150 °C.


Évolution de la teinture, de ses méthodes et des appareillages

Suivant une tendance générale de l’industrie moderne, des efforts ont été faits en vue d’automatiser les traitements de teinture. Mais pour cela il faut pouvoir les programmer et effectuer des réglages précis en fonction des variations de tous les paramètres. Le but recherché étant la réalisation d’une teinte conforme, il faut que cette conformité soit assurée d’un bout à l’autre de la pièce.

L’introduction de la teinture en continu, commencée vers 1900, s’est poursuivie avec de nombreux procédés ; cependant, si aux États-Unis on cherche à mettre en une seule ligne continue le plus grand nombre possible de phases de fabrication, le mode européen vise plutôt à une semi-continuité, ce qui permet une meilleure souplesse d’application.

Le problème de l’eau est sans doute le plus actuel : la teinture est l’industrie qui consomme le plus d’eau par poids de matière traitée. Exigeante sur la pureté de l’eau, elle est l’une des industries les plus polluantes. Il faut donc économiser l’eau et s’efforcer de la récupérer par des installations appropriées. Il est envisagé de remplacer totalement l’eau par des solvants organiques. À côté des avantages de cette méthode, il faut en prévoir les inconvénients et les dangers (toxicité, inflammabilité) et étudier sa rentabilité.