Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Tarquinia (suite)

Avant d’être décorée, la paroi rocheuse est d’abord polie, puis généralement enduite d’une couche de crépi (très mince dans les phases anciennes, elle s’épaissit ultérieurement). Souvent gravé ou peint en noir, le dessin préparatoire délimite le cadre de la composition, mais aussi certains détails. De fréquents repentirs nous révèlent la spontanéité de ces œuvres, due aussi à la technique de la fresque réalisée sur enduit frais (la peinture à la détrempe sur enduit sec — telle la peinture romaine — semble être en usage plus tard). Les couleurs à base d’éléments minéraux et végétaux sont délayées dans un liquide adhésif. La gamme de coloris se diversifie peu à peu, mais le clair-obscur apparaît vers le ive s. av. J.-C. seulement.

Le style sévère d’Athènes règne pendant la première moitié du ve s. av. J.-C. et correspond à l’épanouissement de l’art pictural en Étrurie. Les thèmes, toujours mythologiques (voyages dans l’au-delà, banquets ou jeux funéraires), illustrent aussi la vie quotidienne. La tombe du Triclinium (v. 470 av. J.-C.), aujourd’hui conservée au Musée national tarquinien, est l’un des témoins de l’esprit nouveau qui anime cette période. L’homme, tout en prenant une place plus importante, est parfaitement intégré à la nature qui l’entoure. La composition est non seulement aisée, mais aussi structurée et cohérente ; le trait souple est moins schématique, et les variations chromatiques sont plus nombreuses. Si l’inspiration est encore grecque, le thème du plaisir musical est traité ici d’une façon tout à fait originale.

Dès la fin du ve s. et durant tout le ive s. av. J.-C., l’Étrurie traverse une période économique difficile. Pendant cette phase classique, une méditation mélancolique se substitue à l’allégresse et à la force vitale de l’époque précédente. L’au-delà devient terrifiant, mais l’artiste étrusque garde toute sa verve lorsqu’il évoque les démons et le royaume d’Hadès. Certains portraits sont de grande qualité, comme en témoigne celui de la jeune femme dans la chambre ancienne de la tombe de l’Ogre (fin du ive s. av. J.-C.). Le peintre maîtrise la technique grecque, un léger tracé noir affirme la pureté du profil, le passage d’une couleur à l’autre n’est pas brutal, et le clair-obscur accentue certains détails.

Avant de disparaître complètement au iie s. av. J.-C., la peinture tarquinienne est l’œuvre d’artisans populaires qui, malgré de multiples sources d’inspiration, n’oublient pas certains éléments de la tradition locale. Le séjour de l’homme outre-tombe est devenu une préoccupation majeure, et toutes les fresques sont le reflet d’une profonde angoisse.

Le Musée national tarquinien, installé dans le palais Vitelleschi (xve s., bel exemple d’architecture du début de la Renaissance) contient, outre certaines peintures détachées provenant des tombes, les trésors qui ont été trouvés dans celles-ci : de la bijouterie, des vases grecs et une remarquable collection de sarcophages à personnages.

Dévastée par les Lombards (iiie s.) puis par les Sarrasins (viiie-ixe s.), Tarquinia fut désertée par ses habitants, qui fondèrent la bourgade voisine de Corneto. Corneto devint un évêché en 1435 et, après avoir été longtemps commune libre, fut incorporée dans les territoires pontificaux au xvie s. Il reste un bon nombre des tours qui furent érigées par ses habitants. Corneto prit en 1872 le nom de Corneto Tarquinia et en 1922 celui de Tarquinia.

R. H.

➙ Étrusques.

 F. Weege, Etruskische Malerei (Halle, 1921). / M. Pallortino, Tarquinia (Rome, 1937) ; la Peinture étrusque (Genève, 1952). / P. Romanelli, Tarquinia, la necropoli e il museo (Rome, 1954). / M. Moretti, Nuovi monumenti della pittura etrusca (Milan, 1966). / G. A. Mansuelli, Le Tombe di Tarquinia (Florence, 1967). / H. Hencken, Tarquinia, Villanovans and Early Estruscans (Cambridge, Mass., 1968 ; 2 vol.).

Tasmanie

En angl. Tasmania, État d’Australie.



La géographie

La Tasmanie présente une forte originalité, d’abord par sa faible superficie (68 000 km2), ensuite par son insularité : elle est séparée du continent par le détroit de Bass. De plus, alors que l’Australie est dans son ensemble assez plate, elle présente des paysages très accidentés. Au point de vue du relief, trois ensembles peuvent en effet s’individualiser. À l’ouest, un massif montagneux occupe plus de la moitié de la superficie de l’île et est prolongé par le plateau central. Il s’agit de blocs faillés constitués de quarzites, de schistes, de granites qui ont été soulevés jusqu’à plus de 1 200 m au sud et de 600 au nord : d’importants glaciers ont buriné la montagne au moment des grandes glaciations du Quaternaire. Au centre, le plateau compris entre 800 et 1 000 m est surmonté de quelques crêtes allant jusqu’à 1 500 m ; il est formé de dolérite du Jurassique et a été recouvert au Quaternaire par une calotte glaciaire ; il est aujourd’hui parsemé de lacs. Un second massif montagneux occupe l’est de l’île, et un horst de dolérite atteint aussi 1 500 m (Ben Lomond), mais le paysage le plus caractéristique est celui de collines plus ou moins vigoureuses. Ces deux ensembles de hautes terres sont séparés par un couloir de plaines nord-sud : la plaine du Tamar ou de Launceston est un large fossé qui s’étrangle vers le sud dans le sillon des Midlands et aboutit à la baie de Hobart.

Autre originalité de la Tasmanie : son climat tempéré océanique doux, mais très humide. L’île est située entre 40 et 43° de lat. S., ce qui la place dans le grand courant des Westerlies : les perturbations l’abordent en toutes saisons, mais les périodes de beau temps sont plus fréquentes en été, et il peut même y avoir de temps en temps d’assez fortes chaleurs. Les précipitations atteignent au moins 2 ou 3 m à l’ouest ; elles sont plus modérées dans le couloir de plaines et les collines orientales abritées des vents océaniques. Dans les montagnes, les chutes de neige sont très abondantes en hiver.