Tarquinia (suite)
Avant d’être décorée, la paroi rocheuse est d’abord polie, puis généralement enduite d’une couche de crépi (très mince dans les phases anciennes, elle s’épaissit ultérieurement). Souvent gravé ou peint en noir, le dessin préparatoire délimite le cadre de la composition, mais aussi certains détails. De fréquents repentirs nous révèlent la spontanéité de ces œuvres, due aussi à la technique de la fresque réalisée sur enduit frais (la peinture à la détrempe sur enduit sec — telle la peinture romaine — semble être en usage plus tard). Les couleurs à base d’éléments minéraux et végétaux sont délayées dans un liquide adhésif. La gamme de coloris se diversifie peu à peu, mais le clair-obscur apparaît vers le ive s. av. J.-C. seulement.
Le style sévère d’Athènes règne pendant la première moitié du ve s. av. J.-C. et correspond à l’épanouissement de l’art pictural en Étrurie. Les thèmes, toujours mythologiques (voyages dans l’au-delà, banquets ou jeux funéraires), illustrent aussi la vie quotidienne. La tombe du Triclinium (v. 470 av. J.-C.), aujourd’hui conservée au Musée national tarquinien, est l’un des témoins de l’esprit nouveau qui anime cette période. L’homme, tout en prenant une place plus importante, est parfaitement intégré à la nature qui l’entoure. La composition est non seulement aisée, mais aussi structurée et cohérente ; le trait souple est moins schématique, et les variations chromatiques sont plus nombreuses. Si l’inspiration est encore grecque, le thème du plaisir musical est traité ici d’une façon tout à fait originale.
Dès la fin du ve s. et durant tout le ive s. av. J.-C., l’Étrurie traverse une période économique difficile. Pendant cette phase classique, une méditation mélancolique se substitue à l’allégresse et à la force vitale de l’époque précédente. L’au-delà devient terrifiant, mais l’artiste étrusque garde toute sa verve lorsqu’il évoque les démons et le royaume d’Hadès. Certains portraits sont de grande qualité, comme en témoigne celui de la jeune femme dans la chambre ancienne de la tombe de l’Ogre (fin du ive s. av. J.-C.). Le peintre maîtrise la technique grecque, un léger tracé noir affirme la pureté du profil, le passage d’une couleur à l’autre n’est pas brutal, et le clair-obscur accentue certains détails.
Avant de disparaître complètement au iie s. av. J.-C., la peinture tarquinienne est l’œuvre d’artisans populaires qui, malgré de multiples sources d’inspiration, n’oublient pas certains éléments de la tradition locale. Le séjour de l’homme outre-tombe est devenu une préoccupation majeure, et toutes les fresques sont le reflet d’une profonde angoisse.
Le Musée national tarquinien, installé dans le palais Vitelleschi (xve s., bel exemple d’architecture du début de la Renaissance) contient, outre certaines peintures détachées provenant des tombes, les trésors qui ont été trouvés dans celles-ci : de la bijouterie, des vases grecs et une remarquable collection de sarcophages à personnages.
Dévastée par les Lombards (iiie s.) puis par les Sarrasins (viiie-ixe s.), Tarquinia fut désertée par ses habitants, qui fondèrent la bourgade voisine de Corneto. Corneto devint un évêché en 1435 et, après avoir été longtemps commune libre, fut incorporée dans les territoires pontificaux au xvie s. Il reste un bon nombre des tours qui furent érigées par ses habitants. Corneto prit en 1872 le nom de Corneto Tarquinia et en 1922 celui de Tarquinia.
R. H.
➙ Étrusques.
F. Weege, Etruskische Malerei (Halle, 1921). / M. Pallortino, Tarquinia (Rome, 1937) ; la Peinture étrusque (Genève, 1952). / P. Romanelli, Tarquinia, la necropoli e il museo (Rome, 1954). / M. Moretti, Nuovi monumenti della pittura etrusca (Milan, 1966). / G. A. Mansuelli, Le Tombe di Tarquinia (Florence, 1967). / H. Hencken, Tarquinia, Villanovans and Early Estruscans (Cambridge, Mass., 1968 ; 2 vol.).