Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Tarn-et-Garonne. 82 (suite)

Pourtant, la diversité des reliefs et les multiples nuances de la polyculture font que ce petit département est extrêmement varié. Au nord de la Garonne, les formations calcaires tertiaires ont été découpées en longues arêtes (les serres au nord de Moissac) et donnent des plateaux plus monotones dans la région de Caussade ; vers l’est, ceux-ci font place à un causse jurassique boisé autour de Caylus. Le bas Quercy évoque l’Agenais tout proche : sur de petites exploitations, souvent perchées, est pratiquée une polyculture à base de céréales (blé surtout) et d’élevage (veaux, moutons). Y ont été adjointes au nord de Moissac, entre la Garonne et la Barguelonne, la culture du chasselas et à l’est celle des légumes ; Caussade (5 891 hab.) est le marché rural de cette région.

Les collines entre l’Aveyron et le Tarn appartiennent déjà au domaine des terreforts de l’Aquitaine orientale : les petits exploitants s’y adonnent à une polyculture faiblement rémunératrice à base de céréales ; la culture des pêchers a, néanmoins, été développée autour de Monclar-de-Quercy.

Au sud de la Garonne, la Lomagne ménage une lente transition entre le Montalbanais et la Gascogne gersoise. Plus que de coteaux, elle est constituée de vastes terrasses, traversées par la profonde vallée de la Gélise. L’eau y manque souvent cruellement en été : on s’est efforcé de pallier cette insuffisance en constituant des réserves dans des lacs collinaires. La moyenne terrasse est le domaine d’une polyculture à base de blé, tandis que les médiocres bois l’emportent sur la haute terrasse de part et d’autre de Beaumont-de-Lomagne (4 077 hab.), marché agricole dans une petite région orientée aussi vers la culture de l’ail.

Les grandes vallées ont toujours eu la réputation de bons pays, comparées aux régions voisines : aussi les hommes sont-ils les plus nombreux sur les amples terrasses intensément cultivées. Les eaux menacent cependant ces terres basses. Les riverains du Tarn n’ont pas perdu le souvenir du désastre de 1930, et, assez fréquemment encore, les rivières, gonflées par de fortes précipitations sur le sud du Massif central, se font menaçantes. En amont du confluent du Tarn, la Garonne, dont la pente est forte, est aussi soumise à de brutales crues, provoquées surtout par la fonte des neiges pyrénéennes ; aussi divague-t-elle sur une basse plaine alluviale, le ramier, plantée de peupliers ou consacrée au maïs et aux prairies naturelles. Ces variations du débit sont ressenties même en aval du confluent du Tarn ; heureusement, la retenue constituée en amont du barrage de Golfech (usine hydro-électrique de 69 MW) contribue aujourd’hui à atténuer les écarts du débit du fleuve.

Partout, la moyenne terrasse est intensément mise en valeur. Céréales et prairies ne sont pas absentes, mais reléguées au second plan, dans les préoccupations des exploitants et comme sources de revenus, par les cultures spécialisées (légumes, cornichons) et arbustives ; quelques gros exploitants ont constitué de vastes vergers ou s’adonnent à l’élevage sans sol. Sur les terres, moins riches, de la haute terrasse entre le Tarn et la Garonne, la forêt défrichée a fait place à la polyculture, dans laquelle la vigne (La Ville-Dieu-du-Temple) tient une place de choix.

Les principales villes sont toutes dans ce carrefour montalbanais, un peu étouffées, à vrai dire, par la proximité de Toulouse : Moissac (12 138 hab.), qui est célèbre pour son abbaye et pour son grand marché du chasselas, est aujourd’hui dotée d’industries ; Castelsarrasin (12 204 hab.) est plus marquée encore par l’activité manufacturière. Toutes sont desservies par des routes et des voies ferrées d’importance secondaire. Seront-elles revivifiées par les facilités de relations liées à la future autoroute Bordeaux-Toulouse ?

S. L.

➙ Midi-Pyrénées / Montauban.

Tarquinia

Antique cité étrusque dont les ruines s’étendent au lieu dit Pian di Civita, près de la ville moderne du même nom.


L’endroit fut habité dès le début du Ier millénaire av. J.-C., et l’étude des nombreuses tombes des cimetières villanoviens a permis d’y prouver l’absence de coupure entre l’époque villanovienne et l’époque étrusque. Les Villanoviens ont fondé la cité, nonobstant une possible modification de la population par un flot d’immigrants d’origine orientale, aux viiie-viie s. À l’époque de l’essor de l’Étrurie, Tarquinia était la capitale d’un puissant État dont le territoire s’étendait des parages du lac de Bolsena à la mer, où se situait son port (Gravisca à l’époque romaine et Porto Clementino aujourd’hui). Elle se targuait d’avoir été fondée par Tarchon, disciple de Tagès, et dépositaire de la science de l’haruspicine. Florissante dès la fin du viiie s. av. J.-C., elle participa aux luttes étrusques pour l’hégémonie sur le Latium, déclina au ve s. av. J.-C., comme les autres cités étrusques, du fait de la concurrence grecque, puis tenta en vain de se défendre contre les progrès de Rome* (guerre de 358-351 et entrée pacifique sous la tutelle romaine par le biais de la fédération). C’est un municipe à dater de 90 av. J.-C. et, sous l’Empire romain, une ville prospère qui conserve certaines institutions étrusques (collège d’haruspices). Les ruines des remparts, qui forment un périmètre de 8 km, ont une parenté d’aspect avec le mur de Servius à Rome et peuvent être de la même époque. Le tracé des rues est en damier. Les fouilles sur le site dit Ara della Regina ont révélé qu’il s’agissait d’un grand temple, des iv-iiie s. av. J.-C., encore fréquenté à l’époque romaine et qui se superposait aux vestiges d’un sanctuaire antérieur. Un fragment du fronton, en relief de terre cuite, représente d’admirables chevaux ailés. De l’époque romaine datent les Terme Tulliane.

Les nécropoles s’étendent aux alentours de la cité. La principale est celle de la Colle dei Monterozzi, parallèle à Pian di Civita. Les tombes à tumulus, des viie-vie s., donnent un aspect pittoresque aux lieux. Les tombes à chambre souterraine, explorées en grand nombre de longue date, l’ont été systématiquement ces dernières années grâce aux méthodes de C. M. Lerici. La tombe dite « de la Cabane », du type le plus simple et le plus ancien, reproduit servilement dans ses formes intérieures une fruste charpente en bois. Un grand nombre de chambres sont peintes et fournissent la collection la plus ample de peintures étrusques, échelonnée du vie s. à la fin du iie s. av. J.-C. et classée selon différents styles. Dans la première partie du vie s. av. J.-C., une influence orientalisante se développe, qui fait bientôt place, vers 550, au style ionico-étrusque, illustré par les fresques des tombes des Taureaux, des Augures, des Lionnes, de la Chasse et de la Pêche, etc. Cette empreinte ionienne, décelée dans le style de la décoration ou la manière dont sont traités les visages, est associée à celle de la céramique de la Grèce continentale. La présence d’artistes grecs est très probable, mais, devant les conditions économiques favorables et l’intense activité artistique déployée à Tarquinia, on peut envisager l’existence d’écoles locales où apports étrangers et goût étrusque pour l’exubérance et le concret sont subtilement confondus.