Tarn-et-Garonne. 82 (suite)
Pourtant, la diversité des reliefs et les multiples nuances de la polyculture font que ce petit département est extrêmement varié. Au nord de la Garonne, les formations calcaires tertiaires ont été découpées en longues arêtes (les serres au nord de Moissac) et donnent des plateaux plus monotones dans la région de Caussade ; vers l’est, ceux-ci font place à un causse jurassique boisé autour de Caylus. Le bas Quercy évoque l’Agenais tout proche : sur de petites exploitations, souvent perchées, est pratiquée une polyculture à base de céréales (blé surtout) et d’élevage (veaux, moutons). Y ont été adjointes au nord de Moissac, entre la Garonne et la Barguelonne, la culture du chasselas et à l’est celle des légumes ; Caussade (5 891 hab.) est le marché rural de cette région.
Les collines entre l’Aveyron et le Tarn appartiennent déjà au domaine des terreforts de l’Aquitaine orientale : les petits exploitants s’y adonnent à une polyculture faiblement rémunératrice à base de céréales ; la culture des pêchers a, néanmoins, été développée autour de Monclar-de-Quercy.
Au sud de la Garonne, la Lomagne ménage une lente transition entre le Montalbanais et la Gascogne gersoise. Plus que de coteaux, elle est constituée de vastes terrasses, traversées par la profonde vallée de la Gélise. L’eau y manque souvent cruellement en été : on s’est efforcé de pallier cette insuffisance en constituant des réserves dans des lacs collinaires. La moyenne terrasse est le domaine d’une polyculture à base de blé, tandis que les médiocres bois l’emportent sur la haute terrasse de part et d’autre de Beaumont-de-Lomagne (4 077 hab.), marché agricole dans une petite région orientée aussi vers la culture de l’ail.
Les grandes vallées ont toujours eu la réputation de bons pays, comparées aux régions voisines : aussi les hommes sont-ils les plus nombreux sur les amples terrasses intensément cultivées. Les eaux menacent cependant ces terres basses. Les riverains du Tarn n’ont pas perdu le souvenir du désastre de 1930, et, assez fréquemment encore, les rivières, gonflées par de fortes précipitations sur le sud du Massif central, se font menaçantes. En amont du confluent du Tarn, la Garonne, dont la pente est forte, est aussi soumise à de brutales crues, provoquées surtout par la fonte des neiges pyrénéennes ; aussi divague-t-elle sur une basse plaine alluviale, le ramier, plantée de peupliers ou consacrée au maïs et aux prairies naturelles. Ces variations du débit sont ressenties même en aval du confluent du Tarn ; heureusement, la retenue constituée en amont du barrage de Golfech (usine hydro-électrique de 69 MW) contribue aujourd’hui à atténuer les écarts du débit du fleuve.
Partout, la moyenne terrasse est intensément mise en valeur. Céréales et prairies ne sont pas absentes, mais reléguées au second plan, dans les préoccupations des exploitants et comme sources de revenus, par les cultures spécialisées (légumes, cornichons) et arbustives ; quelques gros exploitants ont constitué de vastes vergers ou s’adonnent à l’élevage sans sol. Sur les terres, moins riches, de la haute terrasse entre le Tarn et la Garonne, la forêt défrichée a fait place à la polyculture, dans laquelle la vigne (La Ville-Dieu-du-Temple) tient une place de choix.
Les principales villes sont toutes dans ce carrefour montalbanais, un peu étouffées, à vrai dire, par la proximité de Toulouse : Moissac (12 138 hab.), qui est célèbre pour son abbaye et pour son grand marché du chasselas, est aujourd’hui dotée d’industries ; Castelsarrasin (12 204 hab.) est plus marquée encore par l’activité manufacturière. Toutes sont desservies par des routes et des voies ferrées d’importance secondaire. Seront-elles revivifiées par les facilités de relations liées à la future autoroute Bordeaux-Toulouse ?
S. L.
➙ Midi-Pyrénées / Montauban.