Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Suède (suite)

 J. Béranger, la Grande Aventure du cinéma suédois (le Terrain vague, 1961) ; le Nouveau Cinéma scandinave de 1957 à 1968 (Losfeld, 1968). / P. Cowie, Swedisch Cinema (Londres, 1966 ; nouv. éd., 1970, 2 vol.). / Les Films partants et leurs réalisateurs (en suédois, Stockholm, 1967 ; 2e éd., 1969).


Quelques grands metteurs en scène suédois


Ingmar Bergman.

V. l’article.


Gustaf Molander

(Helsinki 1888 - Stockholm 1973). Après avoir été acteur, puis scénariste — notamment de certains films de Sjöström (Terje Vigen) et de Stiller (Dans les remous, le Trésor d’Arne) —, il débute comme réalisateur en 1920. Au cours de sa très longue carrière, il tourne de nombreux films, parmi lesquels : les Maudits (1924-1926) d’après Selma Lagerlöf, Intermezzo (1936, avec une débutante nommée Ingrid Bergman), la Parole (Ordet, 1943), l’Empereur du Portugal (1944).


Alf Sjöberg

(Stockholm 1903). Metteur en scène de théâtre très prisé — à l’instar d’Ingmar Bergman, qu’il fait débuter au cinéma comme scénariste dans Tourments en 1944 —, il poursuit parallèlement une carrière cinématographique commencée à la fin du muet (le Plus Fort, 1929). Il est à l’origine de la renaissance du cinéma suédois après 1940 : Avec la vie pour enjeu (1940), le Chemin du ciel (1942), la Chasse royale (1944), Iris et le lieutenant (1946), Rien qu’une mère (1949), Mademoiselle Julie (1950), Karin Månsdotter (1954), les Oiseaux sauvages (1954), le Juge (1960), l’Île (1964), le Père (1969).


Vilgot Sjöman

(Stockholm 1924). Journaliste, écrivain, critique théâtral et littéraire, il signe sa première mise en scène de cinéma en 1962 (la Maîtresse). Il tourne ensuite 491 (1964), Ma sœur mon amour (1965), Je suis curieuse en 2 parties : Jaune (1967) ; Bleu (1968), Pâques joyeuses (1970), Troll (1972), Une poignée d’amour (1974).


Victor Sjöström.

V. l’article.


Mauritz Stiller

(Helsinki 1883 - Stockholm 1928). Certains de ses films, comme Dans les remous (1918), le Trésor d’Arne (1919), À travers les rapides (1920), le Vieux Manoir (1922) et la Légende de Gösta Berling (1923), comptent parmi les plus belles réussites de la grande époque muette du cinéma suédois. Stiller est aussi à l’aise dans les œuvres dramatiques, épiques et poétiques que son ami Victor Sjöström, mais il se distingue de ce dernier par un goût prononcé pour les comédies légères (Erotikon, 1920). Les dirigeants de Hollywood proposent à Stiller un contrat. Il franchit l’Atlantique en compagnie de l’actrice Greta Garbo, qu’il a lancée, mais il ne peut s’habituer aux conditions de travail des cinéastes américains : les œuvres qu’il réalise hors de Suède sont des échecs artistiques. Sa santé déclinant, Stiller revient dans son pays natal pour y mourir.


Arne Sucksdorff

(Stockholm 1917). Auteur complet de ses films, il se révèle vers 1940 comme l’un des grands documentaristes mondiaux (le Vent d’ouest ; 1942 ; Rythmes de la ville, 1947 ; le Vent et la rivière, 1950 ; la Grande Aventure, 1953 ; l’Arc et la flûte, 1957). Son lyrisme naturel s’exprime de façon moins convaincante dans ses longs métrages de fiction : le Garçon dans l’arbre (1960), Chez moi à Copacabana (1964).


Jan Troell

(Limhamn, près de Malmö, 1931). Chef opérateur renommé (il travaille avec Widerberg pour le Péché suédois en 1962), il aborde la mise en scène en 1966 (les Feux de la vie). En 1967, il réalise Am Stram Gram. De 1969 à 1972, il entreprend une vaste fresque lyrique en deux volets : les Émigrants et le Nouveau Monde, qui sera l’un des plus grands succès au box-office de toute l’histoire du cinéma suédois. Aux États-Unis, il tourne en 1974 Zandy’s bride.


Bo Widerberg

(Malmö 1930). Écrivain connu, il dirige son premier long métrage en 1962 : le Péché suédois. Dès le Quartier du corbeau (1963), il prend place parmi les plus talentueux réalisateurs de la « nouvelle vague suédoise ». Son nom devient surtout connu hors des frontières de son pays à partir de son drame romantique Elvira Madigan (1966). Il tourne ensuite Adalen 31 (1969), Joe Hill (1971) et Tom Foot (1973).


L’art suédois


Préhistoire et protohistoire

• La Suède participe à un art de chasseurs-pêcheurs (gravures sur os et sur pierre) qui se répand en Scandinavie à la suite de l’installation des hommes du Mésolithique, entre 10000 et 8000 av. J.-C. Vers 3000 apparaissent les premiers cultivateurs néolithiques, et, à partir de ce moment, la Scandinavie entre en relations suivies avec les diverses civilisations européennes. La taille du silex, à son apogée, reproduit la forme d’objets de bronze (poignards, haches) qui sont d’abord importés, avant que s’installe une industrie locale du métal. Sur les pierres tombales gravées de Kivik (Scanie) apparaissent des scènes de courses de chevaux, des processions de guerriers casqués, armés de haches. Des barques, attestant un important commerce maritime, figurent sur les rasoirs (pour la toilette du mort ?) retrouvés dans les tombes de l’âge du bronze.

• Celui-ci donne lieu, en Scandinavie, à une civilisation brillante et originale. Les croyances religieuses et funéraires suscitent une floraison de figurines (hommes casqués, chevaux, etc.), d’armes et de bijoux d’une perfection grandissante, d’objets tels que des tambours de bronze montés sur des sortes de roues (évoquant le soleil ou la foudre ? ; musée des Antiquités nationales de Stockholm). L’époque du bronze ancien (dès le milieu du IIe millénaire av. J.-C.) offre un décor géométrique où se retrouve la spirale de l’art créto-mycénien, à laquelle succède l’étoile, suivie elle-même d’un retour à la ligne ondulante. Après le milieu du Ier millénaire av. J.-C., la Scandinavie entre dans l’orbe celtique, et une nouvelle floraison, associant fer et bronze, se produit au iie s. av. J.-C.


L’art des Vikings

Du ve s. apr. J.-C. jusque vers l’an 1000, la civilisation viking (v. Normands) fait revivre le style spirale et tourbillonnant de l’âge du bronze. Mais elle hérite également de nouvelles influences étrangères : celle des Celtes romanisés (bractéates d’or, v. 400-600 apr. J.-C., musée des Antiquités nationales) et probablement celle des peuples nomades de l’Est, avec lesquels la Suède entretient des rapports suivis (fibules en forme d’oiseau à bec recourbé).