Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Stanislas II Auguste Poniatowski (suite)

Si le mérite de son œuvre culturelle a toujours fait l’unanimité, Stanislas Auguste Poniatowski, en tant que souverain et homme politique, alimente encore les plus vives controverses. Ses derniers historiens soulignent l’aspect positif de l’action qu’il poursuivit avec des moyens aussi disproportionnés aux forces liguées contre son ambition, qui se confondait avec le relèvement de la Pologne.

C. G.

➙ Pologne.

 J. Fabre, Stanislas-Auguste Poniatowski et l’Europe des lumières (Les Belles Lettres, 1952). / A. Zahorski, la Politique de Stanislas-Auguste (en polonais, Varsovie, 1959). / E. Rostworowski, le Dernier Roi de la République (en polonais, Varsovie, 1966).

Stanley (John Rowlands, sir Henry Morton)

Explorateur britannique (Denbigh, pays de Galles, 1841 - Londres 1904).


De très modeste origine, enfant naturel, il est abandonné par sa mère et recueilli quelque temps par son grand-père, puis par des oncles avant d’être confié, à six ans, à un asile, l’« Union Workhouse » de Saint Asaph, établissement sinistre, mais où il fait cependant une brillante scolarité. Il s’évade à quinze ans, après s’être révolté contre les mauvais traitements dont il était victime, trouve asile chez un cousin, puis obtient un petit emploi à Liverpool : là, il se lie avec des gens de mer et s’embarque comme mousse sur un bateau en partance pour La Nouvelle-Orléans (1858). Arrivé en Amérique sans la moindre ressource, il a la chance de se faire protéger par un négociant, qui lui trouve un emploi, le considère bientôt comme son fils et lui donne même son nom, Stanley. Mais le bienfaiteur meurt à la veille de la guerre de Sécession. Sans enthousiasme, son fils adoptif doit s’engager dans les rangs sudistes. Prisonnier des nordistes à la bataille de Shiloh (6 avr. 1862), il ne tarde pas à changer de camp, mais, malade, il est réformé.

Désormais, entièrement libre de toute obligation, il voyage en Europe, puis revient en Amérique à la fin de la guerre et reprend l’uniforme des fédérés. Il trouve alors une première vocation en envoyant à des journaux des comptes rendus sur les combats dont il a été témoin. La guerre finie, il reprend ses voyages, gagne l’Asie Mineure, où il est prisonnier de bandits pendant quelques semaines. Les récits de ses aventures sont de plus en plus appréciés. Rentré aux États-Unis, il devient un journaliste coté et donne des articles sur les « guerres indiennes » auxquelles il assiste. En 1868, le New York Herald l’envoie « couvrir » une campagne britannique contre l’Éthiopie ; c’est l’occasion d’un scoop à sensation extorqué par des moyens obliques : Stanley a soudoyé les responsables du télégraphe de Suez et obtenu une priorité de transmission. Ainsi, les lecteurs du journal connaissent la chute de la forteresse de Magdala bien avant les ministres de la reine Victoria... Stanley est désormais un grand « reporter ». En 1869, il part pour l’Espagne afin de décrire une insurrection carliste.

Mais Stanley va bientôt délaisser le journalisme et trouver la gloire avec une autre vocation, celle d’explorateur : le monde est sans nouvelles du grand Livingstone*, dont on sait simplement qu’il est, s’il vit encore, quelque part vers les grands lacs du centre de l’Afrique. Le directeur du New York Herald, James Gordon Bennett, met de grands moyens financiers à la disposition de son reporter pour retrouver le missionnaire écossais. Stanley part le 21 mars 1871 de la région de Zanzibar, avec une immense caravane, comprenant près de 200 personnes. Retardé par des conflits, auxquels il se mêle, par des désertions et des mutineries dans ses rangs, il parvient enfin au village d’Ujiji, sur la rive orientale du lac Tanganyika. C’est alors la célèbre rencontre des deux grands explorateurs (10 nov. 1871). Après une exploration commune vers le nord et l’est, Livingstone, pourtant très fatigué par ses années d’exploration, refuse de revenir avec Stanley, malgré les pressions de ce dernier. À son retour, Stanley connaît la célébrité, mais aussi la jalousie et l’hostilité d’une partie de l’opinion britannique, qui le croit Américain et qui n’apprécie pas ses méthodes d’exploration, ostentatoires, brutales, proches de l’expédition militaire : on va jusqu’à mettre en cause l’authenticité des lettres de Livingstone qu’il a rapportées...

Après avoir suivi la campagne des troupes britanniques contre les Achantis de la Côte-de-l’Or (Ghāna) [1873-1874], Stanley se persuade, à la mort de Livingstone, qu’il doit reprendre le flambeau de l’exploration et éclaircir enfin le dernier grand mystère de la géographie africaine, celui des sources du Nil, que l’on cherche à dévoiler depuis la plus haute Antiquité... Avec l’aide du Daily Telegraph et du New York Herald, Stanley repart donc de Bagamoyo, en face de Zanzibar, en novembre 1874. Il gagne d’abord le lac Victoria, qu’il étudie en détail grâce au bateau démontable qu’il a emmené, puis redescend vers le lac Tanganyika et parvient enfin, deux ans après son départ, sur le Lualaba, le grand fleuve où Livingstone croyait voir l’origine du Nil. Grâce à l’appui d’un puissant marchand d’esclaves, Tippoo-Tip (v. 1837-1905), il commence à descendre le Lualaba le 5 novembre 1876, se heurtant constamment à l’hostilité des riverains. Les chutes auxquelles son nom a été donné sont contournées en janvier 1877. Peu après, il devient évident que le fleuve s’oriente définitivement vers l’Ouest : le Lualaba apparaît comme le cours supérieur du Zaïre (Congo*) ; l’une des principales découvertes géographiques du xixe s. est due à Stanley, dont la troupe, décimée et épuisée, parvient enfin à l’estuaire le 9 août 1877. Le plus grand explorateur du temps va, désormais, se mettre au service d’un nouvel impérialisme, celui, personnel, du roi des Belges, Léopold II* : reparti discrètement pour l’Afrique en 1879, Stanley entreprend méthodiquement de créer des postes dans le bassin du Zaïre pour le compte d’un « Comité d’études du Haut-Congo ». Alors, il se heurte à l’influence française, représentée par Savorgnan de Brazza*, qui a établi un poste là où se développera Brazzaville : la rivalité entre les deux hommes sera vive. Mais, par son labeur acharné, les centaines de traités qu’il signera avec des chefs locaux, Stanley réussit, cependant, à jeter les bases de l’« État indépendant du Congo », qui fut placé sous la souveraineté de Léopold II (1885). Toutefois, le manque de diplomatie de l’explorateur, ses rapports difficiles avec les Français rendent impossible la poursuite de sa tâche dans des régions où la politique internationale, c’est-à-dire la mise au point du partage impérialiste de l’Afrique, prend le pas sur l’exploration. Une diversion s’offre alors à Stanley : Emin bey (plus tard Emin pacha), gouverneur de l’Equatoria, au service de l’Égypte, est assiégé dans la région du lac Albert par les rebelles mahdistes. Stanley est chargé, par un comité philanthropique, d’aller le délivrer. À partir de juin 1887, son expédition remonte le Zaïre, puis un affluent, l’Arouhouimi. Après un voyage très pénible à travers la grande forêt, Emin bey est retrouvé le 28 avril 1888 ; il reçoit son « libérateur » avec faste et n’éprouve pas du tout le besoin d’être « secouru » : Stanley doit beaucoup insister pour le ramener vers Zanzibar. Peu après son retour d’Afrique, Stanley se marie avec une descendante de Cromwell (1890) et entreprend des tournées de conférences triomphales en Europe, puis aux États-Unis et jusqu’en Nouvelle-Zélande. Il avait été naturalisé américain en 1885, mais il retrouve la nationalité britannique en 1892 et peut alors entamer une carrière politique, qui sera d’ailleurs terne, en se faisant élire aux Communes comme libéral-unioniste (1895).

S. L.