Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

spasmophilie (suite)

Les causes de la spasmophilie sont mal connues : le psychisme des malades est dominé par l’anxiété, l’immaturité affective, et, malgré une calcémie souvent normale, l’étude de la masse totale du calcium échangeable montre celle-ci franchement abaissée. Ces deux traits expliquent que les manifestations de la spasmophilie puissent être déclenchées par tous les facteurs d’hypocalcémie (vus plus haut), par les chocs affectifs et les situations conflictuelles.

La coexistence dans une même famille de formes différentes de spasmophilie suggère l’hypothèse d’une même insuffisance génétique à expression polymorphe.

C. V.

spécialités médicales

Branches particulières de la médecine, individualisées soit par l’étude approfondie d’un organe, d’un appareil ou d’un système, soit par l’étude d’une maladie ou d’un ensemble de maladies, ou bien par les groupes humains auxquels elle se limite, ou bien encore par un ensemble de techniques spéciales.


Le doctorat en médecine confère à son détenteur la possibilité d’exercer la médecine, c’est-à-dire de dispenser des soins dans tous les domaines médicaux. À l’époque où la médecine* était un art sans grand support scientifique, le médecin pouvait prétendre assumer sa tâche dans toute l’étendue de son art. Le savoir était limité, et les progrès se faisaient à pas lents, modifiant peu l’exercice médical tout au long d’une génération. Avec l’apparition de bases scientifiques et le développement des techniques de laboratoire, avec la meilleure connaissance des maladies, de leurs causes et du mécanisme des troubles, et avec les possibilités croissantes dans le domaine thérapeutique, la pratique médicale est devenue de plus en plus complexe. Le médecin a ainsi vu le champ des connaissances indispensables s’accroître ; ce qui était appris à la faculté devait être régulièrement enrichi de données d’un volume croissant dans des domaines variés. Dès lors, une bifurcation s’est spontanément dessinée. Certains médecins sont dits « généralistes ». Ils gardent des notions de tout, plus ou moins approfondies, leur permettant de faire face à la pathologie courante. D’autres sacrifient délibérément de nombreux domaines de la médecine pour en approfondir une branche d’élection, devenant ainsi des « médecins spécialisés ».


Les raisons de la spécialisation

Certaines conditions particulières d’exercice furent à l’origine des premières spécialités.

Ainsi, certains médecins présidaient aux cures thermales, dont les indications, limitées sous le Roi-Soleil, se multiplièrent à la suite du second Empire. Le thermalisme* est sans doute l’une des plus anciennes spécialités, encore très représentée de nos jours dans nos diverses stations.

La chirurgie* représente un exercice si particulier de la médecine que les médecins qui la pratiquaient le faisaient le plus souvent à titre exclusif, devenant ainsi des spécialistes. Pourtant, l’exercice de la chirurgie est resté, jusqu’au début de la seconde moitié du xxe s., une activité que tout docteur en médecine pouvait avoir. Actuellement, elle est devenue aussi une spécialité.

De même, la pédiatrie*, médecine des enfants, a depuis longtemps pris une place à part. Les médecins généralistes assurent la surveillance de la plupart des enfants, mais les spécialistes de pédiatrie sont nécessaires dans les cas difficiles.

Parfois, le caractère marginal à l’égard de la pathologie générale de certaines affections a été à l’origine de quelques spécialités (oto-rhino-laryngologie*, ophtalmologie*, stomatologie*...) ou encore le caractère mixte, médical et chirurgical, de certains domaines a permis depuis longtemps de distinguer gynécologues et urologues. Plus récemment, le vaste domaine de la médecine générale s’est vu cloisonné en un grand nombre de spécialités (neurologie*, cardiologie*, endocrinologie*, maladies de l’appareil digestif*, etc.). Il existe à cela plusieurs raisons.

• Comme on l’a dit plus haut, la masse d’informations qu’un médecin est appelé à connaître croît chaque année dans des proportions considérables. Il devient difficile aux médecins de les assimiler toutes dans tous les domaines. Le spécialiste recueillera donc les informations essentielles de l’ensemble de la pathologie et pourra approfondir les connaissances relevant de sa spécialité.

• Les procédés complémentaires d’analyses contribuant à l’établissement du diagnostic font des progrès incessants et rapides. Ils croissent en nombre. Les analyses automatisées voient s’accroître parallèlement les difficultés d’interprétation des résultats. Enfin, certaines explorations nécessitent la participation active d’un médecin entraîné à un acte particulier (endoscopies, cathétérismes, radiographies vasculaires, etc.).

Ainsi s’explique la tendance des médecins à se spécialiser dans telle ou telle branche. Bien plus, les données scientifiques comme les techniques de laboratoire sont de plus en plus spécialisées, de telle sorte que certains médecins deviennent des spécialistes d’un domaine restreint à l’intérieur même d’une spécialité. Si cela est courant depuis plusieurs années pour la chirurgie (chirurgie orthopédique, chirurgie cardiaque, chirurgie plastique, neurochirurgie...), le même phénomène se produit dans certaines spécialités médicales.


Avantages et inconvénients

• Les avantages que représente la spécialisation sont assez évidents.

Pour le médecin, elle apporte la satisfaction de pouvoir se tenir « à jour » dans un domaine précis de la médecine, chose qui serait impossible à l’heure actuelle sur l’ensemble des disciplines. Elle permet théoriquement au praticien de ne voir que des malades déjà triés et orientés, ce qui exclut un certain nombre d’appels inutiles.

Pour le malade, il a l’avantage d’être examiné par un médecin très au fait des derniers progrès dans le domaine dont il relève et de bénéficier dans les meilleurs délais d’un diagnostic complet et d’un traitement ayant fait, dans de nombreux cas analogues, la preuve de son efficacité.

• Les inconvénients ne doivent cependant pas être méconnus.

Pour le médecin, ce mode d’exercice peut aboutir à une certaine monotonie. Par définition, il tend à tenir le praticien à l’écart de l’évolution des autres disciplines.

Pour le malade, le danger vient du fait que, dans certains cas complexes, les différents spécialistes se renvoient l’un à l’autre le malade et aucune synthèse correcte n’est effectivement faite.

Enfin, les médecins non spécialistes ont parfois le sentiment d’être « dévalorisés » aux yeux du public par rapport aux spécialistes.

Les inconvénients que l’on vient de passer en revue montrent quelle place de choix doit être encore faite au médecin généraliste, puisque c’est à lui qu’incomberont les tâches du dépistage en temps utile, de la bonne orientation vers les spécialistes nécessaires, de la bonne coordination des conseils de ceux-ci et enfin la surveillance des traitements institués.