Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sol (travail du) (suite)

Une faible profondeur de reprise des labours suffit pour les sols argileux ou à bonne structure. Des roues-squelettes, des roues-cages ou des roues jumelées sur le tracteur évitent de nuire au nivellement et tassent plus régulièrement le sol. Elles s’imposent pour les reprises superficielles, sauf le cas exceptionnel de façons en sols trop humides. Des reprises profondes sont nécessaires en sols à structures instables, labourés tôt ou dont la structure n’aurait pas été améliorée par le labour ainsi que dans certaines défriches de prairies temporaires.

Les façons culturales ont intérêt à se succéder rapidement. Toutefois, des délais entre elles laissent germer les mauvaises herbes, qui seront ainsi mieux détruites et contrôlées ; les mottes limoneuses, durciront et deviendront plus stables ; les mottes argileuses, au contraire, se disloqueront.

Les outils les plus énergiques, ceux qui sont animés par la prise de force, permettent des préparations superficielles très rapides en situations difficiles. Mais ils ne réaménagent pas toujours le sol en profondeur.

Les passages successifs de tracteurs seront croisés et de préférence en oblique, si la forme de la parcelle le permet. L’efficacité en sera accrue, et le compactage par les pneus mieux réparti. Toutefois, pour des cultures sensibles aux semelles (betteraves à sucre, tabac, etc.), des préparations « en planches », avec succession de passages dans les mêmes traces de roues, sont conseillées.


Préparations minimales ou simplifiées

Le développement de l’emploi des herbicides réduit l’importance de la lutte contre les mauvaises herbes. Il simplifie les préparations des sols et supprime même des labours. Ceux-ci, néanmoins, restent indispensables, ne serait-ce que pour la lutte mécanique contre les chiendents ou contre certaines maladies et Insectes.

Les principaux types de préparations simplifiées les plus pratiqués sont :
— les préparations simplement superficielles pour les céréales d’hiver ;
— les façons au chisel en l’absence de labours ;
— la réduction au minimum des façons entre labour et semis ;
— le semis direct sans aucun travail préalable du sol.

E. D.

➙ Machinisme agricole.

 S. Henin, A. Feodoroff, R. Gras et G. Monnier, le Profil cultural (Soc. d’éd. des ingénieurs agricoles, 1960 ; 2e éd., Masson, 1969). / W. R. Gill et G. E. Van den Berg, Soil Dynamics in Tillage and Traction U. S. D. A. (Washington, 1967). / J. Duthil, Éléments d’écologie et d’agronomie, t. II, 1re partie : Exploitation et amélioration du milieu (Baillière, 1973). / S. H. Phillips et H. M. Young, No Tillage Farming Reinman Associates (Milwaukee, Wisconsin, 1973).

Solanales

Ordre qui ne comprend qu’une seule famille, les Solanacées et qui, pour certains auteurs, est voisin des Polémoniales (où se rangent les Convolvulacées) ainsi que des Personales. Nous en rapprocherons trois familles : les Verbénacées, les Plantaginacées et les Buddléiacées.



Solanacées

C’est une famille de plus de 2 500 espèces et d’une centaine de genres, des régions chaudes et tempérées du globe, en particulier d’Amérique du Sud ; en France, une dizaine de genres et une trentaine d’espèces sont indigènes ou subspontanées. Ce sont des herbes, des arbustes ou des arbres glabres ou à poils mous, à feuilles alternes simples ou composées. Les inflorescences, ordinairement des cymes unipares, groupent des fleurs bâties sur le type cinq (sauf l’ovaire) : le calice est persistant, à sépales soudés ; la corolle est gamopétale ; elle forme un tube, plus ou moins long suivant les genres, sur lequel sont insérées les cinq étamines ; les fleurs ont deux carpelles à nombreux ovules ; le fruit est une baie ou une capsule. De nombreuses plantes de cette famille sont vénéneuses, mais, cependant, quelques-unes sont très utiles et donnent des légumes, des fruits, des substances utilisées en pharmacopée (nombreux alcaloïdes) et des plantes ornementales.

Le genre Solanum est le premier à citer, car de beaucoup le plus considérable par le nombre de ses espèces (2 000), surtout américaines (4 spontanées en France), et par l’importance de la production agricole de quelques-unes. Il semble bien qu’une Pomme* de terre, Solanum tuberosum, très voisine de celle que l’on cultivait en Europe il y a cinquante ans, était déjà connue au xve s., avant l’arrivée des Européens au Chili et au Pérou. L’introduction de la Pomme de terre en Europe s’est faite en deux fois : la première en 1534 par les Espagnols qui auraient apporté une espèce à tubercules rougeâtres et à fleurs violettes, et la seconde par les Anglais en 1586 ; la variété aurait été alors à tubercules jaunâtres et à fleurs blanches. La première espèce s’est répandue d’Espagne en Italie, où elle a été populaire dès la fin du xvie s. ; de là, elle a gagné la Belgique, l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse et enfin l’est de la France ; ce n’est pourtant que vers le milieu du xviiie s., grâce à l’activité d’Antoine Augustin Parmentier (1737-1813), qu’elle s’est largement répandue en France. Au cours du xixe s., de très nombreuses études furent faites pour essayer de distinguer toutes les variétés ; c’est une entreprise difficile, car les Pommes de terre ont une grande variabilité suivant le climat et le sol où elles sont cultivées ; on en connaissait près de 2 000 variétés en France vers 1920 ; leur nombre est certainement de plusieurs milliers actuellement. Récemment, on s’est aperçu que la durée du jour (photopériode) jouait un rôle considérable dans la production des tubercules : une espèce chilienne (S. goniocalyx), vivant normalement dans les régions où la durée d’illumination est courte, ne donne aucun tubercule sous nos latitudes (jours longs pendant la période de culture), alors que S. andigenum et S. tuberosum du Chili (40e parallèle Sud) rencontrent en Europe les caractéristiques photopériodiques nécessaires pour la tubérisation de leurs tiges souterraines. Ce sont des portions de stolons (tiges souterraines), enterrées souvent artificiellement, qui constituent les tubercules de Pomme de terre remplis d’amidon. Ceux-ci, exposés à la lumière, verdissent et produisent alors un alcaloïde vénéneux, la solanine, qui rend ces organes impropres à la consommation humaine et animale s’ils ne sont pas cuits (la solanine est détruite par la chaleur). La multiplication répétée par boutures (tubercules) entraîne à la longue une dégénérescence ; certains auteurs (Joseph Magrou) pensent que c’est un Champignon (mycorhize) qui provoque la tubérisation et que la multiplication végétative atténue progressivement l’action du mycélium. Une régénération par culture en montagne ou à partir de plantules permet de nouveau de retrouver un taux de tubérisation satisfaisant. D’autre part, la Pomme de terre possède de nombreux ennemis (Insectes, Champignons, Virus…), et il faut sans cesse rechercher des races et des clones de plus en plus résistants pour que la production soit suffisante, car c’est la plante des pays tempérés la plus importante après le Blé pour l’alimentation humaine. Une espèce européenne, S. dulcamara, une liane qui vit dans nos haies et qui possède de petites baies rouges, est encore employée parfois en pharmacopée.

À côté de ce genre, il faut citer les Tomates : Lycopersicum, avec six espèces, dont la Tomate cultivée (L. æsculentum). La Tomate fut introduite en Europe (Espagne, Portugal) au xvie s. En France, d’abord plante ornementale, elle ne fut utilisée comme légume qu’à partir de 1778. De nombreuses variétés sont actuellement cultivées.