Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sol (travail du) (suite)

En même temps, elles assurent à la surface du sol une bonne germination des graines dans le lit de semences. Celui-ci facilite la pénétration des socs du semoir ou l’enfouissement des semences à la herse ou au rouleau. Il abrite les semences des granivores et de la sécheresse. Il dispose une quantité de terre fine suffisante au contact des semences. Les agrégats en seront d’autant plus fins que les graines seront petites. Le lit de semences protège la structure superficielle des limons battants de la violence des pluies par la présence de mottes en surface. Il établit une circulation de l’eau non saturante à proximité des semences, qui doivent pouvoir s’en gonfler (grâce à un tassement suffisant à sa base).

Le sol ainsi préparé ne doit être ni trop compact (les racines l’exploreraient mal), ni trop creux (les contacts entre racines et sol seraient insuffisants). Il doit être homogène. Les semelles, couches horizontales compactées dues aux passages des outils dans un sol humide et déjà tassé, doivent être évitées. Les façons culturales répétées et les outils qui lissent la base travaillée (disques, cultivateurs rotatifs, etc.) accroissent les risques de formation de semelles.

Les façons réchauffent le sol d’autant plus vite qu’elles réduisent son humidité (labours tardifs de printemps, buttages, etc.).

Leur choix dépendra de la texture des sols, de leur structure préalable et du climat. Le gel et la sécheresse ou l’alternance sécheresse-humidité disloquent les terres compactes contenant assez d’argile et d’humus. La sécheresse durcit au contraire les mottes des sols trop riches en limons. Les terres, surtout les limons et les sables, se tassent sous l’effet du temps et de la pluie.

Les terres argileuses gagnent à être préparées finement. Les terres limoneuses devront disposer de mottes de 1 à 10 cm selon les cultures et les saisons, en surface surtout. Les outils animés par la prise de force, les disques, les dents vibrantes ou rapprochées, les outils roulants affinent la terre. La vitesse accroît souvent l’émiettement des sols.

La vitesse a crû néanmoins ces dernières années, tant pour les labours (de 5 à 6 km/h en hiver, de 7 à 8 km/h au printemps) que pour les façons superficielles (de 8 à 10 km/h). Du temps de travail est économisé, la puissance des tracteurs est mieux utilisée, le nombre des façons est réduit, mais, souvent, les risques agronomiques sont accrus.

L’état d’humidité du sol influe sur la qualité des façons. La cohésion des terres sèches et l’adhésivité des sols humides favorisent les mottes. Les dislocations seront d’autant plus poussées aux états intermédiaires que le sol sera pauvre en argile. Les sols humides favorisent alors le lissage et la compaction des sols ; les outils à dents agglomèrent la terre fine autour des mottes, donnant des sols creux ; les pneumatiques des tracteurs compactent la terre plastique et contribuent à la formation de semelles. La sécheresse durcit les mottes des limons humides.


Préparations classiques

Les façons culturales entre deux récoltes se succèdent de la manière suivante.

• Les déchaumages (après céréales) ameublissent sur 3 à 15 cm de profondeur. Ils mélangent les pailles au sol. Ils détruisent les rhizomes. Ils font germer certaines semences d’adventices. Leur efficacité varie suivant qu’ils sont réalisés avec déchaumeurs à socs ou à disques, pulvériseurs, cultivateurs lourds ou chisels. Les dents sont plus efficaces contre les chiendents (de 5 à 8 passages répétés pendant l’été).

• Les labours (de 15 à 35 cm) ont essentiellement un rôle d’ameublissement profond et d’enfouissement. Pour des semis de printemps, ils se feront tôt avant l’hiver en terres argileuses et tard en limons battants. Les labours précoces seront motteux (sans excès, toutefois, en argiles, en climat peu gélif). Les labours tardifs de printemps seront émiettés : pour cela, ils seront rapides et précédés d’un ameublissement superficiel. En principe, les labours sont profonds pour betteraves, pommes de terre ou cultures maraîchères, superficiels pour céréales et intermédiaires pour maïs. Ils sont plus profonds en terres à structure instable (limons, sables fins, sols humides) que dans les argiles.

Les débris végétaux doivent être bien mélangés au sol et ne pas être enfouis profond par la charrue. La rasette doit être réglée en conséquence. Il faut respecter un rapport convenable (au maximum 1,5) entre la largeur et la profondeur travaillée par chaque corps de charrue. La vitesse (au-delà de 7 km/h), la forme des corps (charrue-losange) ou les intervalles entre corps permettent des tolérances supplémentaires. Toutefois, un enfouissement des débris végétaux à plus de 10 cm de profondeur réduit la virulence des attaques des Insectes ou des maladies l’année suivante (fusariose, Ergot, Kabbatiella, Pyrale, etc.). Un broyage fin préalable améliore l’enfouissement et facilite la lutte contre Insectes et Acariens (Blaniule, Pyrale).

• Les façons superficielles de reprises de labours se font aux disques en sols secs ou meubles et aux outils à dents (cultivateurs, herses) dans la plupart des cas. Elles nivellent les labours en émiettant la surface, localisent mottes et terre fine en un lit de semences, surtout avec des outils à dents rapprochées (herses) ; parfois elles détruisent les adventices.

Les roulages plus ou moins lourds alternent avec les passages d’outils à dents pour faire effondrer la structure des sols trop creux ou pour lasser la base du lit de semences à faible profondeur. Le tassement sera d’autant plus énergique que le sol sera moins émietté et la sécheresse moins crainte. Les cages roulantes remplacent parfois le roulage.

Par ailleurs, les rouleaux sont des outils précieux pour créer de la terre fine (rouleaux lisses surtout) ou pour disloquer les mottes (rouleaux crosskills, crosskillettes ou cultipackers, etc., d’autant plus efficaces qu’ils sont lourds).

Diverses variantes sont à noter.