Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

septicémie (suite)

Traitement

Le traitement des septicémies repose sur l’antibiothérapie par une association synergique de deux antibiotiques* choisis d’après les résultats du laboratoire (antibiogramme) et d’après la pharmacologie des produits utilisés en fonction d’éventuelles localisations. L’antibiothérapie doit être poursuivie au moins un mois par voie générale. La corticothérapie est rarement indiquée. Les anticoagulants ne doivent pas être utilisés. Au traitement antibiotique doit parfois s’ajouter un traitement chirurgical. Dans tous les cas, le traitement médical hygiéno-diététique est nécessaire.

P. V.

➙ Antibiotiques / Infection / Streptocoque / Typhoïde.

 A. Raybaud, l’État septicémique. Physiopathologie, clinique, thérapeutique générale de septicologie humaine (Doin, 1955). / Septicémies à anaérobies (Baillière, 1959). / J. Monnier et Y. Le Tallec, les Septicémies (Heures de France, 1961).

Septime Sévère

En lat. Lucius Septimius Severus Aurelius Antoninus (Leptis Magna [auj. Lebda], près de Tripoli, 146 - Eburacum [auj. York] 211), empereur romain (193-211).


Issu d’une famille de l’ordre équestre dont certains membres avaient été consuls, il n’en était pas moins foncièrement provincial : le latin n’était pas sa langue maternelle ! Il aurait fait de solides études grecques et latines, tant à Leptis qu’à Rome, et son goût pour les questions juridiques est peut-être en rapport avec sa formation. Sa famille lui obtint de Marc Aurèle l’accès à l’ordre sénatorial. En 172, il eut un siège au Sénat et devint questeur militaire pour la Bétique, puis, à la suite de désordres qui se déroulèrent dans cette province et qui la firent prendre en charge par l’empereur, sa questure se trouva transférée en Sardaigne. En 174 ou 175, il fut légat du proconsul d’Afrique, en 177 tribun de la plèbe, en 178 ou 179 préteur, puis il séjourna en Espagne en qualité de legatus juridicus. Il commanda ensuite une légion en Syrie. Après la mort de Marc Aurèle, il aurait séjourné à Athènes, pour études. En 186, il gouverna la Gaule Lyonnaise comme légat propréteur. Il fut consul probablement en 189. Il eut encore vers cette époque le gouvernement de la Sicile, puis de la Pannonie supérieure, épousa en ce même temps Julia Domna († 217), une Syrienne.


La lutte pour le pouvoir

C’est en Pannonie, à Carnuntum, que lui parvint en 193 la nouvelle de la mort de l’empereur Commode. Les prétoriens avaient désigné Pertinax, honorable et consciencieux, puis l’avaient éliminé, et enfin avaient littéralement vendu le pouvoir impérial à Didius Julianus. Les légions de Pannonie, qui n’étaient pas hostiles à Pertinax, se soulevèrent contre Didius Julianus et proclamèrent empereur Septime Sévère. Celui-ci hésita un moment, puis, une fois décidé, agit avec rapidité. Il avait trois adversaires : Didius Julianus, soutenu par les prétoriens, Pescennius Niger, qui venait d’être proclamé par les soldats de Syrie, et Clodius Albinus, proclamé en Bretagne. De même que Sévère neutralisa Clodius Albinus un moment en lui proposant l’association au pouvoir, de même Didius Julianus tenta sans succès d’en faire autant avec Septime Sévère, quant il vit celui-ci marcher sur Rome. Les prétoriens effrayés massacrèrent Didius Julianus, et le sénat se rallia à Septime Sévère. Celui-ci désarma et éloigna de Rome les prétoriens, qu’il remplaça par de nouvelles recrues. Censément vengeur de Pertinax, il fit à celui-ci une apothéose. Il s’assura la bienveillance du sénat en feignant de lui accorder des égards. La lutte contre Pescennius Niger, qui tenait tout l’Orient, remplit l’année 194 (batailles de Cyzique et d’Issos) et fut suivie de campagnes contre des princes orientaux qui l’avaient soutenu, contre le royaume d’Édesse, l’Adiabène, l’Osroène, les Arabes et les Parthes (194-95). Byzance, ultime refuge des partisans de Pescennius Niger, ne céda qu’après un siège de trois ans (196). À cette date, Clodius Albinus, ne se contentant plus du titre de césar, était proclamé auguste et avait été reconnu par les Gaules. Septime Sévère riposta en nommant césar son fils Bassianus (surnommé Caracalla*) et prit le chemin de la Gaule, où les troupes se rencontrèrent à Lyon, en une bataille exceptionnelle (197). Clodius Albinus se suicida.


La défense des frontières

Peu après, les Parthes ayant repris l’offensive, Laetus fut assiégé dans Nisibis (auj. Nusaybin). Sévère le délivra, puis pénétra au cœur de l’empire parthe, prit Séleucie et Ctésiphon, fit une foule de prisonniers. Les Parthes tenus en respect pour longtemps, Sévère parcourut les provinces orientales. Après quelques années passées à Rome (202-208), il se rendit en Bretagne, où les peuples insoumis ne cessaient de harceler les défenses romaines. Il était accompagné de ses fils Caracalla et Geta. Il eut des difficultés avec les Calédoniens, et restaura le mur d’Hadrien. Il mourut à Eburacum (auj. York), et la tradition veut que Caracalla, associé à l’empire depuis 197, ait contribué à hâter sa fin.


La monarchie terroriste

Les derniers mots de l’empereur furent : « Laboremus » (travaillons...). Son règne n’est pas, en dépit de ces nombreuses guerres, sans changements nombreux dans le domaine de la politique administrative. Soldat avant tout, préoccupé d’organisation militaire, sans grands égards pour les civils, Septime Sévère a contribué cependant à faire évoluer l’ensemble de la physionomie de l’empire. Il a d’abord, par rapport à ses prédécesseurs au pouvoir, en quelque sorte jeté le masque. Après des générations d’empereurs qui ménagèrent le sénat de même que les apparences au moins d’institutions républicaines, il ne cacha rien de sa volonté d’absolutisme : titre de dominus, sénat sans pouvoir aucun et traité de façon hostile, fonctionnaires exclusivement désignés par l’empereur (et volontiers choisis parmi les anciens officiers). Le préfet du prétoire devint un véritable justicier. L’un d’eux fut le jurisconsulte Papinien, exécuté en 212 à l’instigation de Caracalla. Bien des sénateurs suspects furent eux aussi mis à mort sous prétexte de collusion avec Pescennius Niger ou Clodius Albinus. L’autonomie administrative des villes italiennes disparut, et l’Italie eut la condition d’une province. L’administration devint de plus en plus militaire. L’empereur ne cacha pas qu’il considérait la politique de rigueur de Marius et de Sulla comme préférable à la clémence de Pompée ou de César, et il fit l’éloge de Commode, dont il se déclarait arbitrairement le frère. La cruauté de Sévère n’était pas celle de Commode : c’était une cruauté politique, calculée. S’il montra aux populations les têtes de ses ennemis vaincus, Pescennius Niger à Byzance, Clodius Albinus à Rome, ce fut à titre d’avertissement.