Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Septime Sévère (suite)

En revanche, les légions, sur lesquelles il s’appuyait, furent choyées et reçurent le plus gros donativum, don de joyeux avènement. Brave capitaine, Sévère ne fut pourtant pas l’artisan des victoires, qui furent l’œuvre de ses officiers. L’armée, à la fin du règne, se retrouva plus efficace et plus forte qu’au moment où il l’avait prise en main. Mais diverses précautions avaient été prises pour réduire le risque qu’un général se révoltât avec quelque chance. Les jurisconsultes furent un précieux soutien dans cette politique. Ils tinrent une plus grande place et firent pénétrer le point de vue absolutiste dans la trame du droit romain. Le lieu d’exercice de la justice passa du forum au palais impérial. Les possibilités de condamnation s’élargirent.

Les finances furent gérées avec économie. Les provinces connurent la prospérité, le ravitaillement de Rome fut assuré sans problèmes et on construisit de nombreux monuments. Sévère favorisa sa ville natale, Leptis, dont les grands monuments datent de son temps. À Rome, l’arc de triomphe qui porte son nom et subsiste au nord du forum commémore sa victoire sur ses concurrents à l’Empire. Une autre construction du règne, le Septizonium, érigé sur le Palatin, était constitué de sept terrasses, supportées par sept colonnades. Cet édifice, en partie conservé sous la Renaissance et démoli par le pape Sixte Quint, avait une signification religieuse qui nous éclaire sur les idées de l’époque.


La cour impériale

L’essor des divers cultes orientaux fut, à Rome, favorisé par la présence à la cour de nombreux Syriens, amenés par l’impératrice Julia Domna, qui était la fille du grand prêtre du Soleil à Émèse. Septime Sévère lui-même, qui était, selon Dion Cassius, le plus superstitieux des monarques, favorisa les cultes exotiques, mais un rescrit de 202 contre les chrétiens entraîna quelques persécutions. Julia Domna s’entoura aussi de philosophes : Philostrate l’Athénien, Diogène Laërce, Élien. La cour devint un foyer intellectuel. Mais la langue latine ne semble pas alors briller ; les seuls écrivains latins valables de cette époque sont des chrétiens : saint Cyprien et Tertullien.

R. H.

 M. Platnauer, The Life and Reign of the Emperor Lucius Septimius Severus (Londres, 1918).

Serbie

En serbe Srbija, république fédérée de Yougoslavie ; 88 361 km2 ; 8 437 000 hab. Capit. Belgrade.
Ces chiffres incluent les régions autonomes de la Vojvodine (21 506 km2 ; 1 950 000 hab. ; capit. Novi Sad) et du Kosovo (10 887 km2 ; 1 245 000 hab. ; capit. Priština).


La Serbie est la république yougoslave la plus étendue, la plus peuplée, celle dont le poids économique est le plus grand.

C’est la première république industrielle du pays. Au point de vue énergétique, elle fournit plus de 13 Mt de charbons de toutes qualités, 800 millions de mètres cubes de gaz naturel et près de 1 Mt de pétrole brut. Elle produit environ le tiers de l’acier et la totalité du cuivre (plus de 10 Mt de minerai) du pays. Dans les domaines de certains métaux non ferreux, comme l’antimoine, le plomb et le zinc, les pyrites, etc., elle occupe la première ou une des toutes premières places parmi les républiques de la Fédération.


Les Serbies

En fait, la République fédérative de Serbie comprend la « Serbie étroite » (Uža Srbija) et des « régions » jouissant, à l’intérieur de la république, d’une certaine autonomie : la Vojvodine et le Kosovo (autrefois Kosovo-Metohija, ou Kosmet). La Serbie étroite correspond au territoire qui, s’étendant au sud, à l’ouest et à l’est de Belgrade, constitue la Serbie « historique ». Les régions comprennent une forte minorité (majorité dans certains districts et dans certaines villes) de population non serbe, ayant gardé l’usage de sa culture, de sa langue, de ses coutumes : ainsi les Hongrois, ou Magyars, en Vojvodine ; les Siptares, ou Albanais, dans le Kosovo.


La « Serbie étroite »

Elle se compose essentiellement des pays situés au sud de Belgrade, réunis par la Morava (Morava du Sud et Morava de l’Ouest) et son affluent de l’est, la Nišava. Il s’agit de la partie septentrionale d’un long couloir menant à Thessalonique, formée de montagnes appartenant surtout au système du Rhodope et de l’Égée. La Morava et ses affluents constituent des golfes digités et profonds de l’ancienne mer pannonienne, traversent en défilés des massifs surélevés ou basculés et s’élargissent en bassins de confluence où se situent les villes.

La Grande Morava trace un sillon peuplé de gros villages et de bourgs avant d’atteindre le seuil assez bas de Kumanovo. Ce sillon est suivi par une belle route et une voie ferrée. L’ensemble forme le Pomoravlje (« pays de la Morava »). Les industries textiles et alimentaires sont développées dans les bourgades.

À l’ouest, la Šumadija, au sud de Belgrade, a été le « berceau » et l’« arsenal » de l’Étal serbe. Le sillon complexe de la Morava occidentale sépare la Šumadija et la montagne du Kopaonik. Les industries des villes moyennes (quelques milliers ou quelques dizaines de milliers d’habitants) sont celles, modernisées, de la tradition pastorale (produits laitiers [fromages] de Titovo Užice) et du sciage du bois. En aval, de nouvelles activités se sont développées ; Kraljevo utilise le manganèse extrait dans sa région, Kruševac fournit des produits métallurgiques, de l’armement et monte des automobiles.

La Serbie orientale, par les larges vallées bordées de terrasses de la Morava occidentale et du Timok, paraît plus ouverte, moins pastorale et rurale. Ses limites en direction de la Bulgarie* sont formées par les premiers chaînons de la Stara Planina bulgare, mais elle s’ouvre vers le Danube* (vers les Portes de Fer, dont l’aménagement doit stimuler les activités touristiques et industrielles). Les gros bourgs de la vallée du Timok semblent encore somnoler, mais les riches gisements de cuivre, de Bor et ceux, plus récents, de Majdanpek ont puissamment contribué à dépeupler les villages d’une montagne hostile. Il faut y ajouter l’exploitation de lignites et d’un peu de wolfram, de cuivre, de zinc. La vieille colonie minière de Bor est devenue un pôle d’attraction.

À la limite de ces deux Serbies, Niš compte plus de 100 000 habitants, au milieu d’un beau bassin agricole où se sont développées des branches modernes d’industrie qui ont attiré une main-d’œuvre d’origine paysanne : matériel ferroviaire, métaux non ferreux, appareillage électroménager, etc.

Sur le Danube, Smederevo, célèbre par ses raisins de table, est le siège d’une aciérie électrique alimentée en partie par le gaz naturel de la Vojvodine.