Septime Sévère (suite)
En revanche, les légions, sur lesquelles il s’appuyait, furent choyées et reçurent le plus gros donativum, don de joyeux avènement. Brave capitaine, Sévère ne fut pourtant pas l’artisan des victoires, qui furent l’œuvre de ses officiers. L’armée, à la fin du règne, se retrouva plus efficace et plus forte qu’au moment où il l’avait prise en main. Mais diverses précautions avaient été prises pour réduire le risque qu’un général se révoltât avec quelque chance. Les jurisconsultes furent un précieux soutien dans cette politique. Ils tinrent une plus grande place et firent pénétrer le point de vue absolutiste dans la trame du droit romain. Le lieu d’exercice de la justice passa du forum au palais impérial. Les possibilités de condamnation s’élargirent.
Les finances furent gérées avec économie. Les provinces connurent la prospérité, le ravitaillement de Rome fut assuré sans problèmes et on construisit de nombreux monuments. Sévère favorisa sa ville natale, Leptis, dont les grands monuments datent de son temps. À Rome, l’arc de triomphe qui porte son nom et subsiste au nord du forum commémore sa victoire sur ses concurrents à l’Empire. Une autre construction du règne, le Septizonium, érigé sur le Palatin, était constitué de sept terrasses, supportées par sept colonnades. Cet édifice, en partie conservé sous la Renaissance et démoli par le pape Sixte Quint, avait une signification religieuse qui nous éclaire sur les idées de l’époque.
La cour impériale
L’essor des divers cultes orientaux fut, à Rome, favorisé par la présence à la cour de nombreux Syriens, amenés par l’impératrice Julia Domna, qui était la fille du grand prêtre du Soleil à Émèse. Septime Sévère lui-même, qui était, selon Dion Cassius, le plus superstitieux des monarques, favorisa les cultes exotiques, mais un rescrit de 202 contre les chrétiens entraîna quelques persécutions. Julia Domna s’entoura aussi de philosophes : Philostrate l’Athénien, Diogène Laërce, Élien. La cour devint un foyer intellectuel. Mais la langue latine ne semble pas alors briller ; les seuls écrivains latins valables de cette époque sont des chrétiens : saint Cyprien et Tertullien.
R. H.
M. Platnauer, The Life and Reign of the Emperor Lucius Septimius Severus (Londres, 1918).