Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Roumanie (suite)

On peut aussi mesurer l’importance de la production agricole. L’accroissement a été sensible pour le blé, le maïs, les plantes dites « techniques », l’élevage. L’agriculture n’a jamais posé les mêmes problèmes de production que dans d’autres pays socialistes, et la distribution des denrées s’effectue à peu près normalement. La Roumanie exporte même des conserves et des produits à base de céréales et de l’élevage. Le fonds forestier (près de 27 p. 100 de la superficie totale) représente un atout intact, de premier ordre, et le pays peut devenir l’un des grands producteurs européens de contre-plaqués et de panneaux, de cellulose et de papier. 41 p. 100 des sols sont considérés comme arables, sur lesquels 79 p. 100 sont occupés par les céréales, la part des cultures industrielles s’étant encore insuffisamment accrue. La production végétale représente 60 p. 100 de la production totale.

L’élevage n’a pas accompli tous les progrès qu’on attendait de la stabulation, encore restreinte. La production de lait par vache ne dépasse pas 1 600 litres par an. Mais les moutons, mérinos et karakul, nombreux, sont célèbres beaucoup plus pour la laine que pour la viande. La volaille est abondante.

La croissance de la production céréalière est due moins à l’augmentation des rendements (qui restent de l’ordre de 20 à 30 quintaux à l’hectare pour le maïs, par exemple) qu’à l’extension des superficies. La Roumanie est le pays des grains et des fruits ou des plantes spéciales. Les immenses parcelles de blé et de maïs s’étendent sur les plateaux et dans les plaines. La betterave à sucre et les oléagineux, comme le tournesol et le ricin, sont entrés dans l’assolement. Le soja s’est répandu après 1964. Le tabac occupe une petite partie des plaines danubiennes. Le coton (8 000 t en 1938, 32 000 t en 1968) restera limité en raison de sa médiocre qualité. Le riz fournit une soixantaine de milliers de tonnes. Les fourrages artificiels, trèfle et luzerne, n’apparaissent qu’après la guerre. Les fleurs, les plantes aromatiques et médicinales fournissent en valeur une part appréciable de la production agricole.

Enfin, les Roumains sont très fiers de leurs vignobles (dont une partie de la production est exportée dans d’autres pays socialistes), exploités dans certaines plaines (Murfatlar en Dobroudja, combinat de Ploieşti), la Podgoria (le terme signifiant « vigne »), les Carpates de la Courbure. Les vignes à la limite septentrionale de cette culture (Cotnari, près de Iaşi) sont installées sur les collines bien orientées et abritées. Des vignobles récents de plaine occupent la basse Olténie, le bassin du Mureş, les environs des villes pannoniennes, où sont produits des vins courants et des raisins de table. La Roumanie se place au huitième ou au neuvième rang des producteurs mondiaux.

L’agriculture utilise encore trop de main-d’œuvre à temps partiel ; l’emploi des engrais chimiques est seulement amorcé ; des coopératives médiocres doivent être réunies en exploitations d’État ; la mécanisation doit atteindre le chiffre de 120 000 tracteurs (un pour 90 ha), ce qui paraît, même en pays de montagne, presque insuffisant. Il serait dommage, en raison de ses promesses, que ce secteur soit défavorisé par rapport à l’industrie. Mais les dirigeants de l’économie n’oublient pas qu’il est partiellement générateur de devises fortes : la France, par exemple, reste l’une des importatrices de la production agricole et textile du pays.


L’industrie

Les tableaux de production énergétique et industrielle laissent apparaître une progression accélérée. Les entreprises ont été agrandies sous la forme de combinats : 59 p. 100 de la main-d’œuvre travaillent dans des entreprises de plus de 1 000 salariés. Celles de plus de 5 000 salariés représentent 2 p. 100 du nombre, mais emploient 15 p. 100 de la main-d’œuvre et fournissent 16 p. 100 de la valeur de la production. C’est évidemment dans les branches dites « lourdes » que la concentration est le plus effectivement réalisée.

• L’énergie. Elle est fournie avant tout par le pétrole (presque le tiers), le gaz (40 p. 100), et le charbon, dont une bonne partie se compose de houille (18 p. 100), tandis que la part de l’énergie hydraulique, jusqu’au début de la production de la centrale des Portes de Fer, est restée faible. La production de pétrole elle-même a subi des mutations. Avant la Seconde Guerre mondiale, plus de 90 p. 100 provenaient des champs de Ploieşti. Depuis, des forages ont atteint des nappes d’hydrocarbures en Olténie (Tîcleni-Bîlteni) et dans le nord de la Moldavie, si bien que la production du bassin de Ploieşti représente moins de la moitié d’une production qui n’a pas sensiblement augmenté depuis les années 30. L’exploitation du gaz de Transylvanie date des années d’après guerre, le gisement très vaste s’étendant dans le triangle Cluj-Tîrgu Mureş-Sibiu. Un réseau de gazoducs alimente les villages, les villes et les industries chimiques (résines, plastiques, matières synthétiques). Les raffineries de pétrole, assez dispersées, ne comportent pas de gros établissements (5 Mt au maximum pour la plus grande, sans doute), mais elles sont accompagnées, comme dans le nord de la Moldavie, par des installations pétrochimiques modernes. Enfin, le gaz alimente des centrales thermiques.

Le problème des années à venir résidera dans le manque d’hydrocarbures. Il ne faut guère compter sur un accroissement de la production, les réserves étant limitées. La Roumanie a été tenue à l’écart de l’oléoduc Amitié, mais elle espère importer à Constanţa du brut du Moyen-Orient.

C’est pourquoi les autres sources d’énergie sont également favorisées : le tiers du charbon se concentre dans la vallée du Jiu, le reste étant dispersé en Transylvanie et en Moldavie. On espère beaucoup du nouveau gisement de Schela, en Olténie. Mais le pays doit importer du charbon cokéfiable et du coke, principalement des autres pays socialistes.