Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Religion (guerres de) (suite)

4e guerre (1573)

1573

Février-juin : essais infructueux du duc d’Anjou pour reprendre La Rochelle ; 1er juillet : traité de La Rochelle, qui octroie aux protestants le libre exercice de leur culte à La Rochelle, à Nîmes et à Montauban.

1574

30 mai : mort de Charles IX ; avènement d’Henri III.

5e guerre (1574-1576)

1575

Octobre : victoire du duc Henri de Guise à Dormans.

1576

6 mai : édit de Beaulieu (paix de Monsieur), qui accorde aux protestants la liberté de culte partout, sauf à Paris, et huit places de sûreté ; 8 juin 1576 : naissance de la Ligue à Péronne ; décembre : ouverture des états généraux de Blois.

6e guerre (1577)

1577

Soulèvement d’Henri de Navarre ; 1er mai : le duc d’Anjou prend La Charité aux protestants ; 17 septembre : paix de Bergerac, confirmée par ledit de Poitiers, qui restreint les avantages accordés aux protestants par ledit de Beaulieu.

7e guerre (1579-80)

1579

28 février : la paix de Nérac accorde aux protestants quinze places de sûreté.

1580

26 novembre : la paix de Fleix confirme la paix de Nérac.

1584

10 juin : mort du duc d’Anjou ; Henri de Navarre devient l’héritier du trône ; 31 décembre : alliance des Guise et de Philippe II (traité de Joinville).

1585

7 juillet : Henri III est obligé de s’allier à la Ligue (traité de Nemours) ;

9 septembre : Henri de Navarre est déchu de ses droits à la Couronne.

8e guerre (1585-1598)

1587

20 octobre : victoire d’Henri de Navarre à Coutras.

1588

11 mai : révolte de Paris contre Henri III ; 12 mai : journée des Barricades et fuite du roi à Chartres ; octobre : ouverture des seconds états généraux de Blois ; 23 décembre : exécution du duc de Guise.

1589

5 janvier : mort de Catherine de Médicis ; gouvernement des Seize à Paris ; 30 avril : à l’entrevue de Plessis-lez-Tours, Henri III s’allie à Henri de Navarre ; juillet : siège de Paris par les deux rois ; 2 août : mort d’Henri III, assassiné par Jacques Clément ; 21 septembre : victoire d’Henri IV à Arques.

1590

14 mars : victoire d’Henri IV à Ivry ; mai : échec du roi devant Paris.

1592

Siège de Paris.

1593

25 juillet : abjuration d’Henri IV.

1594

22 mars : Henri IV entre à Paris.

1595

5 juin : victoire sur les Espagnols à Fontaine-Française ; soumission du duc de Mayenne.

1597

septembre : les Espagnols perdent Amiens.

1598

Le duc de Mercœur, le dernier ligueur, capitule en Bretagne ; 13 avril : édit de Nantes ; 2 mai : paix de Vervins.

religion (sociologie de la)

L’approche sociologique du phénomène religieux se distingue de toutes les autres approches d’une triple manière.



Généralités

1. Elle se différencie d’abord de l’approche par l’expérience. Elle n’est pas une expérience religieuse. Elle est une science de cette expérience, comme la musicologie est une science de la musique. Une question demeure ouverte : quelque expérience religieuse est-elle ou non nécessaire à cette science des religions ? E. Durkheim a pu l’avancer : « Quiconque n’apporte pas à l’étude de la religion une sorte de sentiment religieux ne peut en parler. Il ressemblerait à un aveugle qui parlerait des couleurs. » Mais lui-même a pondéré ailleurs cette affirmation et va jusqu’à rejoindre le point de vue de Max Weber, qui s’affirme, lui, « insensible à la musique des religions ». Depuis longtemps, en tout cas, ont été progressivement évacuées les sociologies des religions qui se conjuguaient soit avec l’apologie d’une religion, ancienne ou nouvelle, soit avec la polémique contre une, la ou les religions. L’exercice sociologique n’est exercice ni de la croyance ni de l’incroyance, et ni cette croyance ni cette incroyance ne sont de nature à qualifier ou à disqualifier sa recherche, laquelle opère selon sa propre épistémologie, sa propre méthodologie et même sa propre déontologie. Ouverte à toutes les expériences religieuses comme objet éventuel de sa démarche, l’approche sociologique n’est liée à aucune de ces expériences qui prétendrait être son siège ou même simplement son ambiance.

2. Elle se différencie ensuite des sciences de la religion, qui sont ou qui ont été les sciences théologiques. Car la théologie* est aussi, à sa manière, une certaine science du phénomène religieux : celle de son auto-interprétation visant à une intelligence de la foi, c’est-à-dire à une conception ou même à une conceptualisation de l’inconcevable, à une communication de l’incommunicable, à une rationalisation de l’irrationnel ou du transrationnel. Mais cette interprétation théologique s’accomplit à l’intérieur d’un univers mental homogène où intelligence et foi s’échangent en un langage qui convient à l’une comme à l’autre et où, par conséquent, ces raisons dites « de convenance » demeurent satellisées dans un même système de gravitation. La sociologie, au contraire, fait sortir d’un système de gravitation pour entrer dans un autre. Si la théologie est la « justification intellectuelle de cette croyance préexistante » (Bergson) selon laquelle le dieu ou les dieux ont fait ou font les hommes, la sociologie est le plaidoyer critique de l’hypothèse inverse selon laquelle les hommes en société ont fait ou font, au moins d’une certaine manière, les dieux de leurs apothéoses ou de leurs panthéons.

De ce fait, la contradiction a pu paraître flagrante. Elle a été revendiquée en termes agressifs par les célèbres axiomes du jeune Marx : « C’est l’homme qui fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. » Et, inversement, elle aura été dénoncée comme une malversation méthodologique un peu dans les mêmes termes quand, en d’autres temps, une théologie fixiste du Dieu créateur dénoncera l’hypothèse d’une évolution conçue — de Darwin à Bergson — comme une évolution « créatrice ».

Aujourd’hui, cet antagonisme est largement dépassé, et Gabriel Le Bras (1891-1970), pionnier, dès les années 30, d’un renouveau de la sociologie religieuse en France, y compris dans les milieux ecclésiastiques, nous a laissé son remarquable aphorisme : « Les conditions de vie sont en partie données par la nature, mais elles dépendent plus largement de la société qui conquiert son habitat, modèle les hommes, établit les relations, crée son économie et dans une certaine mesure ses dieux. » Aujourd’hui, la ligne de démarcation entre théologie et sociologie passe quelque part dans le no man’s land de ce « dans une certaine mesure » selon laquelle une société a créé ou crée ses dieux.