Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

articulation (suite)

Embryologie ou développement des articulations

À l’origine, les os sont constitués par des ébauches cartilagineuses. À leurs extrémités, là où les futurs os doivent s’articuler, ces ébauches sont séparées l’une de l’autre par une assez grande épaisseur de tissu indifférent. Pendant que les points d’ossification envahissent et transforment le cartilage en os, le cartilage restant se renouvelle, s’accroît et se rapproche de l’os voisin, grâce à la transformation en un tissu dit « chondrogène » de la couche voisine du tissu indifférent.

Les deux os destinés à s’articuler se rapprochent ainsi progressivement l’un de l’autre, tout en demeurant séparés par une couche de tissu indifférent, de part et d’autre de laquelle se trouve du tissu chondrogène et du cartilage.

Les deux couches juxtacartilagineuses de tissu chondrogène et la couche moyenne de tissu indifférent forment la « zone intermédiaire » (Nicolas). Ce sont les diverses variations subies par ces zones intermédiaires qui déterminent le type de l’articulation future. Mais il est à retenir que le tissu chondrogène se transformera toujours et complètement en cartilage, tandis que l’ébauche cartilagineuse sera totalement envahie par le tissu osseux, à l’exception de la couche qui deviendra le cartilage articulaire.

La transformation de la totalité du tissu indifférent en tissu chondrogène, et donc en cartilage, donnera une synchondrose. Ce sera une synostose si le tissu cartilagineux est envahi par le processus d’ossification.

La transformation du tissu indifférent en tissu fibreux, puis en ligament interosseux, tendu entre les lames de cartilage, recouvrant les surfaces articulaires, réalisera une diarthro-amphiarthrose.

Dans le cas des diarthroses, lorsque les surfaces s’adaptent exactement à la suite de la transformation de la zone intermédiaire en tissu chondrogène, il apparaît des vacuoles qui, en se réunissant, vont constituer la cavité articulaire.

Lorsque, dans les diarthroses, il existe un ménisque, l’accroissement des couches chondrogènes s’arrête, et le ménisque provient du tissu indifférent qui s’est organisé en fibrocartilage.

Enfin, la capsule articulaire et la synoviale proviennent de la transformation du tissu indifférent.


Physiologie

Les mouvements sont classés en fonction des plans dans lesquels ils s’effectuent.

Dans un plan frontal (plan parallèle au front), on parle d’abduction si le segment de membre s’écarte de la ligne médiane de symétrie corporelle, et d’adduction si le segment se rapproche de la ligne médiane.

Dans un plan sagittal (plan antéropostérieur perpendiculaire au plan frontal), les déplacements sont classés en flexion ou en extension.

Dans plusieurs plans prennent place les mouvements de rotation ainsi que les mouvements composés (main sur la tête).

Une articulation mobile dans un seul plan est dite « à un degré de liberté » (articulation interphalangienne : flexion-extension). Mobile dans deux plans, elle est dite « à deux degrés de liberté » (articulation trapézo-métacarpienne du pouce ; flexion-extension, abduction-adduction). Mobile dans tous les plans (l’épaule), elle est dite « articulation à trois degrés de liberté ».

La « position de fonction » correspond à un état d’équilibre musculaire et articulaire ; c’est celle qui ne nécessite aucun effort pour être maintenue. Sauf cas particuliers, il est habituel d’immobiliser les articulations (plâtres) dans la position de fonction.


Méthodes d’exploration articulaire


L’examen clinique

Compte tenu des éléments donnés par la connaissance de l’anamnèse (histoire de la maladie), l’examen clinique donne le plus souvent des renseignements déjà importants.

Il comporte toujours trois étapes :
— l’inspection, qui permet d’apprécier la position respective des deux éléments de l’articulation, la coloration de la peau, son aspect, la disparition éventuelle des plis articulaires normaux, l’augmentation de volume, partielle ou totale, de l’article ;
— la palpation, qui permet d’estimer la température cutanée, et de rechercher la présence anormale de liquide dans l’articulation (sang, épanchement séreux ou liquide synovial). Grâce à la palpation, on peut évaluer une éventuelle modification de texture des parties molles, un épaississement de la synoviale ;
— la recherche des mouvements anormaux, qui doit être entreprise compte tenu du nombre de degrés de liberté de chaque article. La présence de mouvements anormaux, soit que le malade puisse les accomplir lui-même, soit qu’ils ne soient constatés que lors des manœuvres de force, est un signe très important. Elle témoigne le plus souvent soit d’une fracture articulaire, soit d’une atteinte de l’appareil capsulo-ligamentaire de contention des surfaces entre elles.


La ponction

Elle ne se pratique, bien entendu, que dans la mesure où l’examen clinique a permis de déceler la présence d’un épanchement articulaire, sur la nature duquel on désire être renseigné : hydarthrose (eau), hémarthrose (sang), pyarthrose (pus).

Cette ponction ramène un liquide d’aspect et de coloration variables, qui sera envoyé au laboratoire pour examen cytologique (recherche de globules blancs traduisant la présence de pus, recherche de cellules anormales) et bactériologique (identification du germe en cause).


Les radiographies

Il est habituel de prendre des clichés des deux articulations symétriques dans la même position, pour permettre une étude comparative.

Les incidences habituellement utilisées sont la face et le profil, mais l’examen peut être centré sur une région particulière. Divers artifices peuvent être nécessaires, tels qu’en particulier l’emploi de films courbes pour le genou.

Il peut être intéressant de prendre des clichés en réalisant une étude dynamique de l’articulation, c’est-à-dire en prenant des radios dans les différentes positions, ou en cherchant à objectiver des mouvements anormaux à l’aide de manœuvres de force.