Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Puccini (Giacomo) (suite)

Grâce à ces trois dernières œuvres, il est maintenant célèbre dans le monde entier. En musicien sûr de lui, mais nullement grisé, il va poursuivre ses expériences sans trop tenir compte de son public, qui demeure prisonnier d’une formule. Il part pour les États-Unis. La découverte du Nouveau-Monde l’engage à s’évader une fois de plus du simple lyrisme. La Fanciulla del West (1910) est un grand opéra dont l’histoire est assez violente pour que certains l’assimilent à un western. En fonction de ce climat, Puccini néglige le bel canto, use largement du parlando, se libère de la servitude thématique et élabore des ensembles mouvementés soutenus par un orchestre coloré d’une rare intensité. Après ce chef-d’œuvre, demeuré sans héritiers, mais qui frappe encore aujourd’hui par son actualité, la comédie musicale La Rondine (l’Hirondelle, 1917), construite sur un scénario léger, est d’une veine beaucoup moins riche. Elle a de l’élégance, du brio, mais on n’y retrouve pas la griffe du maître. Celui-ci avoue, d’ailleurs, que c’est une « expérience à ne pas recommencer ». Entre-temps, il lui vient l’idée d’écrire, à la manière de R. Strauss, des opéras en un acte. En 1918, il présente Il Trittico (le Triptyque), comprenant trois actes très dissemblables et destinés à être entendus au cours d’une même soirée : Il Tabarro (la Houppelande), Suor Angelica (Sœur Angélique) et Gianni Schicchi. Le premier, plein de sève et de couleur, relate un fait divers réaliste, pittoresque, où la poésie se mêle au tragique de Tosca. Le second, plus conventionnel, met en scène une histoire florentine qui se déroule dans un couvent et se termine par un miracle. Dans Gianni Schicchi, qui raconte une affaire d’héritage où les voleurs sont volés, Puccini manifeste son goût pour l’humour et la farce ; il y déploie une verve inépuisable dans le style de l’opera buffa. La déclamation fait penser à celle de Rossini et parfois, lorsqu’elle adopte un ton caustique ou démoniaque, à celle de Moussorgski. L’ouvrage, qui use d’une harmonie agressive, s’achève sur un texte parlé. Exceptionnel dans l’œuvre de Puccini, il fut hautement loué par la critique, mais le grand public l’ignorerait encore totalement aujourd’hui si le disque ne l’avait fait connaître. Vers la fin de sa vie, le compositeur, une dernière fois, revient au grand opéra. Turandot (1926), dont le livret est tiré d’une légende italienne de Carlo Gozzi, mêle aux constantes pucciniennes les matériaux les plus actuels. Bien que le lyrisme en soit épuré et le discours ferme, l’artiste reste fidèle à la loi du théâtre musical, qui veut que la mélodie prédomine et reste l’intermédiaire entre lui et son auditoire. Il y témoigne aussi du refus de se soumettre à une mode et donne à cette œuvre ultime, que, vaincu par la maladie, il n’eut pas le temps d’achever, une résonance universelle.

En dépit de quelques effets expressionnistes, Puccini, champion du vérisme, est peut-être moins réaliste qu’on ne le pense. Il tente de faire la synthèse de l’art symphonique du xixe s. et du drame en luttant, après Verdi et sans toujours y parvenir, contre la domination du bel canto. Paradoxalement, ses efforts portent plutôt sur la mélodie que sur le récitatif, déjà pratiqué par Wagner, Moussorgski et Debussy. Malgré les apparents abandons de sa musique, qui peuvent parfois sembler démagogiques, Puccini sait faire admettre aussi, à l’insu des auditeurs, les procédés les plus hardis que l’on rencontre chez Debussy, Schönberg et le jeune Stravinski : quintes parallèles, effets de faux-bourdon, gammes par ton dans Tosca, harmonies impressionnistes dans Madame Butterfly et La Fanciulla, dissonances non résolues, bitonalité et atonalité dans le triptyque et Turandot. Sensible à tous les courants, il n’en a pas moins souvent devancé, par des initiatives qu’a de tout temps favorisées l’expression théâtrale, les formes modernes du langage musical.

A. V.

➙ Bel canto / Naturalisme / Vérisme.

 F. Torrefranca, Giacomo Puccini e l’opera internazionale (Turin, 1912). / A. Weissmann, G. Puccini (Munich, 1912). / A. Fraccaroli, La Vita di Giacomo Puccini (Milan, 1925 ; 2e éd., Giacomo Puccini si confida e racconta, 1957). / G. Adami, Epistolario di Puccini (Milan, 1928). / F. Salerno, le Donne pucciniane (Palerme, 1928). / R. Specht, Giacomo Puccini. Das Leben, der Mensch, das Werk (Berlin, 1931). / V. J. Seligman, Puccini among Friends (Londres, 1938). / F. Thiess, Puccini. Versuch einer Psychologie seiner Musik (Vienne, 1947). / G. R. Marek, Puccini. A Biography (New York, 1951). / R. Leibowitz, Histoire de l’opéra (Corrêa, 1957). / M. Carner, Puccini. A Critical Biography (Londres, 1958). / O. Martinez, El sentido humana en la obra de Puccini (Buenos Aires, 1958). / C. Sartori, Puccini (Milan, 1958 ; 2e éd., 1963). / A. Gauthier, Puccini (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1961). / D. Amy, Puccini, l’homme et son œuvre (Seghers, 1970).

Puce

Insecte qui vit en ectoparasite sur les Mammifères ou les Oiseaux, caractérisé par son appareil buccal piqueur, ses pattes adaptées au saut et ses métamorphoses complètes.



Généralités

On connaît environ 1 200 espèces de Puces sur la Terre ; elles sont réunies dans l’ordre des Siphonaptères (ou Aphaniptères) et sont présentes dans tous les continents, y compris l’Antarctique. Certaines espèces sont cosmopolites, comme la Puce de l’Homme (Pulex irritans), la Puce du Chien (Ctenocephalus canis), les Puces des Rongeurs (Nosopsyllus fasciatus, Xenopsylla cheopis) et, dans les régions chaudes, la Chique (Dermatophilus penetrans).

Ce sont des Insectes à corps comprimé latéralement, à tégument brun ou jaunâtre, dépourvus d’ailes et dont la longueur ne dépasse pas 6 mm. Leurs griffes, robustes et recourbées, leur permettent de s’agripper à la fourrure et au duvet de leur hôte ; les nombreuses soies que porte leur corps ainsi que les épines disposées en peigne sur le thorax (cténidies) interviennent sans doute dans le même sens. En attendant de trouver l’hôte convenable, les Puces peuvent séjourner dans les terriers des Mammifères sauvages, les nids d’Oiseaux ou dans nos habitations (tapis, parquets, vêtements). Inquiétées, elles détendent leurs pattes postérieures et effectuent des bonds pouvant atteindre 40 cm de long.