Puce (suite)
Nutrition et rôle pathogène
Strictement hématophages, les Puces perforent la peau de leurs victimes grâce aux stylets vulnérants que constituent leurs mandibules et leur labre ; les maxilles sont peu développées, et les palpes labiaux forment un étui autour des pièces piqueuses. La salive injectée provoque une irritation désagréable. Le sang est rapidement aspiré par le pharynx, parfois en excès, si bien qu’une gouttelette en exsude par l’anus de l’Insecte. Repue, la Puce abandonne la plaie ; mais la Chique femelle reste fichée par sa trompe et s’enfonce dans la peau ; elle gonfle progressivement jusqu’à atteindre la taille d’un petit pois, alors qu’avant de se fixer elle mesurait à peine 1 mm.
Beaucoup d’espèces de Puces piquent de préférence un hôte déterminé, mais ne dédaignent pas éventuellement une espèce plus ou moins apparentée : la Puce du Chien peut se rencontrer sur d’autres carnivores ainsi que sur l’Homme ; celle de l’Homme vit à l’occasion sur le Chien ou le Chat. Toutes les espèces de Puces de la famille des Ischnopsyllidés parasitent des Chauves-Souris.
Plusieurs Puces sont responsables de la transmission de graves maladies microbiennes. Ainsi la peste bubonique est-elle propagée chez les Rats par diverses espèces, en particulier par Xenopsylla cheopis, qui la transmet à l’Homme, surtout dans les régions chaudes : absorbé avec le sang du Rat infesté, le bacille de Yersin se multiplie dans le tube digestif de la Puce et est inoculé en grande quantité quand l’Insecte pique un hôte sain. D’autres Puces transmettent chez les Rongeurs la tularémie et le typhus murin. Ajoutons que la Puce du Chien sert d’hôte intermédiaire à un Ténia propre aux carnivores, Dipylidium cannium.
Reproduction et développement
Le dimorphisme sexuel n’apparaît guère que dans la taille, plus grande chez la femelle que chez le mâle. Après l’accouplement, les œufs sont projetés à quelque distance par la femelle ou déposés sur l’hôte, puis tombent le plus souvent sur le sol. Les larves, vermiformes, apodes et aveugles, se déplacent en rampant ; avec leurs mandibules broyeuses, elles se nourrissent des débris organiques qu’elles rencontrent dans le nid ou la tanière de l’hôte ; les Puces domestiques trouvent leurs aliments dans la poussière. Après quelques jours, la larve file un cocon soyeux qui abrite la nymphe ; l’adulte éclôt, mais reste souvent dans le cocon ; la sortie est déclenchée par une excitation mécanique, par exemple par un frottement, une vibration dus à un hôte éventuel. Chez Pulex irritans, la vie larvaire dure une dizaine de jours et la vie nymphale trois semaines ; l’imago peut vivre un an et demi.
Affinités
L’ambre oligocène de la Baltique a livré des Puces voisines des formes actuelles. Une Puce beaucoup plus ancienne, découverte dans des formations secondaires d’Australie, ne diffère guère des espèces contemporaines que par ses longues antennes. La paléontologie ne nous renseigne donc guère sur les origines de l’ordre des Siphonaptères, que l’on a longtemps rapproché des Diptères.
M. D.
E. Séguy, Insectes ectoparasites mallophages, anoploures, siphonaptères (Lechevalier, 1944).