Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

psychanalyse (suite)

Les grands noms de la psychanalyse


Alfred Adler.

V. l’article.


Sándor Ferenczi,

médecin et psychanalyste hongrois (Miskolc, Hongrie, 1873 - Budapest 1933). Après son doctorat en médecine, S. Ferenczi exerce comme neurologue, puis comme psychiatre. En 1908, il rencontre Freud, dont il deviendra le disciple favori et l’un des rares amis. Après une psychanalyse sous la direction de Freud, il sera avec Ernest Jones et Karl Abraham un de ceux qui ont le plus contribué au développement de la psychanalyse hors de Vienne. Le succès des idées freudiennes en Hongrie permet à Ferenczi d’ouvrir une clinique, et même d’enseigner la psychanalyse à l’université pendant la période du gouvernement de Béla Kun.

Cependant, à partir de 1923, des divergences commencent à apparaître entre Freud et Ferenczi, alimentées par la complexité de leurs liens affectifs. Elles portent surtout sur la technique de la cure. Partant des mêmes observations qu’Otto Rank (avec qui il écrit en 1923 Entwicklungsziele der Psychoanalyse [le Développement de la psychanalyse]), Ferenczi propose une nouvelle orientation : l’« analyse active », fondée davantage sur l’analyse des situations actuelles que sur le souvenir des traumatismes inconscients.

Sur le plan théorique, Ferenczi vise à l’extension de la théorie psychanalytique au domaine de la biologie ; il appelle cette nouvelle science « bio-analyse » ou « analyse des origines ». Dans Versuch einer Genitaltheorie (1924 ; trad. fr. Thalassa. Psychanalyse des origines de la vie sexuelle), s’appuyant sur les théories évolutionnistes, il formule l’hypothèse selon laquelle l’existence intra-utérine serait la répétition des formes antérieures de vie, dont l’origine est marine. La naissance serait une perte de cet état originaire, auquel tous les êtres vivants aspirent à retourner. Outre une intéressante contribution à l’analyse symbolique, Ferenczi ouvre la voie à une approche plus attentive des relations mère-enfant.


Sigmund Freud.

V. l’article.


Ernest Jones,

médecin et psychanalyste britannique (Gowerton, Glamorganshire, 1879 - Londres 1958). Après des études de médecine, Jones se spécialise en neurologie, puis, après avoir découvert les écrits de Freud en 1903, il commence à appliquer la psychanalyse. Il participe au premier congrès de psychanalyse en 1908, au cours duquel il rencontre Freud et Ferenczi, et resserre ses liens avec le mouvement psychanalytique. Enseignant à Toronto de 1908 à 1912, il contribue à répandre les idées freudiennes outre-Atlantique. De retour en Europe, il entreprend une analyse avec Ferenczi à Budapest, fonde à Londres la London Psychoanalytical Society, partageant son temps entre la pratique et l’enseignement de la psychanalyse. Il joue souvent le rôle de médiateur dans les crises qui marquent l’histoire du mouvement psychanalytique à partir de 1911. Grâce à lui, Londres devient un lieu d’accueil de psychanalystes d’Europe centrale, ainsi pour Melanie Klein en 1926 et pour Freud en 1938.

Après la Seconde Guerre mondiale, E. Jones entreprend la rédaction de la biographie de Freud, qui est son œuvre maîtresse. Mais, par ailleurs, il a apporté une importante contribution à la théorie psychanalytique sur les stades prégénitaux et la sexualité féminine ; on lui doit également d’importants travaux sur le symbolisme, l’art, la religion. Ses principaux ouvrages sont : Treatment of the Neuroses (1920), On the Nightmare (1931), The Early Development of Female Sexuality (1927 ; trad. fr., 1929), The Life and Work of Sigmund Freud (3 vol., 1953, 1955, 1957 ; trad. fr., 1958-1969).


Carl Gustav Jung.

V. l’article.


Melanie Klein.

V. l’article.


Jacques Lacan.

V. l’article.


Otto Rank

[Otto Rosenfeld, dit], psychanalyste autrichien (Vienne 1884 - New York 1939). Otto Rank rencontre S. Freud en 1904 ; sur ses conseils, il entreprend des études supérieures et obtient un doctorat en philosophie en 1912. Il est secrétaire de la société psychanalytique de Vienne de 1910 à 1915 et partage avec S. Ferenczi et E. Jones la direction de l’Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse, créée en 1913. Rank, par ses travaux sur les mythes et légendes tels que der Mythus von der Geburt des Helden (le Mythe de la naissance du héros, 1909) et das Inzest-Motiv in Dichtung und Sage (le Thème de l’inceste dans la poésie et la légende, 1912 ; trad. fr., 1934) et par sa grande érudition, acquiert rapidement une certaine notoriété. Il est pendant longtemps l’un des plus proches collaborateurs de Freud, qui tient en grande estime ses premières œuvres.

Il s’installe comme psychanalyste en 1920. Il est alors très lié avec S. Ferenczi, avec qui il écrit en 1923 Entwicklungsziele der Psychoanalyse (le Développement de la psychanalyse), étude des aspects dynamiques de la cure analytique, qui contribuent à l’élargissement de celle-ci à la thérapie des psychoses. De cette époque datent les divergences de Rank avec l’orthodoxie freudienne, que la publication de Das Trauma der Geburt (le Traumatisme de la naissance, 1924 ; trad. fr., 1928) accentue. Sur le plan théorique, O. Rank récuse la fonction centrale du complexe d’Œdipe au profit de l’angoisse de la naissance. Sur le plan de la technique analytique, O. Rank est partisan des cures courtes, où la remémoration cède la place à une opération de renaissance.

Après la rupture définitive avec S. Freud (1924), O. Rank partage son temps entre les États-Unis et la France, où il organise des conférences sur la psychanalyse. Il fait encore paraître Technick, der Psychoanalyse (3 vol., 1926, 1929, 1931), Don Juan, une étude sur le double (1932), où sont rassemblés der Doppelgänger (le Double, 1914) et Die Don Juan Gestalt (le Personnage de Don Juan, 1922), et Art and the Artist (1932).

Il est exclu en 1930 de la société psychanalytique. Il s’installe définitivement à New York en 1934, où il continue son travail d’enseignement.


Géza Róheim,

psychanalyste et anthropologue hongrois (Budapest 1891 - New York 1953). Róheim découvre la psychanalyse au cours de ses études supérieures en Allemagne. De retour à Budapest, il entreprend une analyse avec Ferenczi. Il étudie les thèmes du folklore hongrois à travers la thématique freudienne. En 1919, sous le gouvernement de Béla Kun, il est titulaire de la chaire d’anthropologie à l’université de Budapest. Après avoir publié une étude sur le totémisme australien (1925), il part en 1928 sur le terrain et séjourne pendant deux ans au centre de l’Australie. Il y recueille un matériel abondant (mythes et contes), qui sera publié dans The Eternal Ones of the Dream (1945 ; trad. fr. Héros phalliques et symboles maternels dans la mythologie australienne, 1970). Soucieux de vérifier les thèses de Malinowski, il étudie ensuite une population insulaire de Nouvelle-Guinée qui présente la même structure sociale que celle de Trobriandais, et ses conclusions sont opposées : il affirme la présence d’une structure œdipienne dans les sociétés matrilinéaires et la fréquence des thèmes anaux. Réfugié aux États-Unis, en 1938, il enseigne la psychanalyse à l’université de New York à partir de 1940.

Géza Róheim, qui se dépeint lui-même comme le premier anthropologue analysé et pratiquant lui-même la psychanalyse, est parti dans son étude des sociétés « primitives » essentiellement des thèmes exposés par Freud dans Totem et tabou (1912), qu’il a élargis en reconnaissant l’importance des fantasmes préœdipiens tels que M. Klein les a décrits.

Outre les ouvrages cités, Róheim est l’auteur de nombreux articles de revues. On lui doit encore : The Origin and Function of Culture (1943), Psychoanalysis and Anthropology (1950 ; trad. fr., 1953), The Gates of the Dream (1953), Magic and Schizophrenia (1955).


Donald Woods Winnicott,