Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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presse (la) (suite)

• Les hebdomadaires d’information. On peut en distinguer trois grands types : les feuilles de présentation comparable à celle des journaux comme die Zeit ; les « news magazines », dont la formule inspirée de Time se retrouve, de l’Express au Spiegel, dans la plupart des pays occidentaux ; les magazines illustrés du type Match, qui sont en décadence (de 1964 à 1972, les États-Unis ont ainsi vu disparaître ce type de publication [Look, Life], la télévision, en vulgarisant l’image, leur ayant fait perdre l’essentiel de leur intérêt). Dans la même catégorie peuvent être comprises les feuilles d’échos politiques du type le Canard enchaîné, le Punch ou le New Yorker.

• Les magazines spécialisés illustrés. Dans tous les pays occidentaux, les magazines féminins, excellents supports publicitaires, sont parmi les périodiques les plus prospères, et leurs tirages sont toujours très élevés. Il reste cependant que l’évolution des mœurs et les changements de la mentalité féminine obligent ces hebdomadaires à modifier continuellement leur contenu pour conserver le contact avec une clientèle de plus en plus diversifiée. La présentation des programmes de la télévision a suscité la création d’un nouveau type de magazine, dont les tirages sont le plus souvent très élevés. Les magazines sportifs, les hebdomadaires et les mensuels économiques, les mensuels spécialisés dans le monde des loisirs (automobile, tourisme, chasse, nautisme...) sont des publications très caractéristiques de notre société de consommation. Quant aux mensuels masculins, du type Playboy ou Lui, ils adaptent à notre époque la vieille tradition de la presse grivoise.

• La presse des jeunes. Longtemps consacrés à la publication de bandes dessinées et de littérature enfantine, les hebdomadaires de jeunes traversent une très grave crise, liée à l’évolution de la mentalité de leur clientèle. Les anciennes formules ont subitement vieilli, et les nouveaux titres exploitent le marché de la musique de variétés et de la pop musique ou cherchent, dans un curieux humour contestataire, le moyen de retenir les adolescents.

• Les périodiques de lecture et d’évasion. Beaucoup de périodiques sont orientés vers le délassement : la vieille formule de la presse humoristique de caricature est en décadence, ainsi que les magazines de cinéma. Au contraire, la presse à sensation, qui vit de « révélations » vaguement scandaleuses sur la vie des vedettes, de récits sentimentaux, de conseils médicaux et astrologiques, trouve toujours une clientèle abondante. Dans les pays latins, les publications de romans-photos sont l’équivalent des magazines de confidence des pays anglo-saxons. Les mensuels de lectures romanesques sont, eux, plus directement concurrencés par les livres à bon marché et par les multiples éditions du Reader’s Digest et de ses imitateurs.

• Les périodiques de culture. Si les grandes revues polyvalentes du type la Revue des Deux Mondes ont une vie difficile, les revues spécialisées, dont la clientèle est surtout universitaire, sont toujours aussi nombreuses.

• Les publications techniques de documentations. C’est par centaines que se comptent les titres des publications professionnelles, destinées à un public de spécialistes et dont la matière documentaire est souvent indispensable à l’exercice de la profession. Ces publications, au tirage faible, sont le plus souvent d’excellentes affaires, car elles assurent à la publicité spécialisée un excellent rendement.


Les fonctions de la presse écrite

Dans la diversité de ses organes, la presse écrite joue dans la vie des nations comme dans celle des individus un rôle très complexe. Ses fonctions politiques, sociales et psychologiques sont multiples et malaisées à isoler. Aussi bien, l’action exercée par les journaux et les périodiques n’est-elle jamais autonome ; elle se conjugue avec celle des autres moyens d’information et d’éducation ; elle ne peut être non plus examinée en dehors des circuits de la communication interindividuelle des conversations et des contacts épisodiques ou réguliers des individus entre eux. De plus, l’action de la presse écrite est naturellement très variable selon les pays : très faible dans les pays sous-développés, où son audience est presque nulle, la puissance des journaux n’est évidemment pas la même dans les pays libéraux et dans les pays totalitaires, où elle n’est qu’une des composantes de la propagande officielle.

La censure

En droit, elle n’existe plus en France, les ordonnances du 6 mai 1944, du 15 juin 1945 et du 12 octobre 1945 ayant restauré le régime de liberté de presse de la loi de 1881, sauf sur deux points (correctionnalisation des délits de presse, responsabilité du directeur de la publication). Néanmoins, elle pourrait être rétablie provisoirement en cas de circonstances exceptionnelles suscitant l’instauration de l’état de siège ou de l’état d’urgence. Dans la première hypothèse, ce serait l’autorité militaire qui pourrait interdire, saisir ou censurer chaque numéro de journal ; dans la seconde, les autorités administratives pourraient assurer le contrôle des publications de toute nature. La loi du 3 avril 1955, instaurant l’état d’urgence en Algérie, avait ainsi permis la censure de la presse algérienne.

Certains journaux sont soumis à un régime spécial : les journaux étrangers publiés en France — ils peuvent faire l’objet d’une interdiction par le ministre de l’Intérieur —, les publications pour la jeunesse, soumises à une commission de contrôle spéciale, et certaines publications interdites à la vente pour la jeunesse ou à l’exposition au public.

G. M.


La presse et les autres moyens d’information

Un des rôles essentiels de la presse fut longtemps d’annoncer les nouvelles : si aujourd’hui c’est le plus souvent la radio, voire la télévision qui informent les premières le public, la presse peut seule développer et commenter avec suffisamment d’ampleur la grande et la petite information (il faudrait par exemple plus de six heures d’émission radiophonique pour lire au micro un numéro moyen du Monde). Le texte écrit est toujours beaucoup plus dense que le discours oral, l’attention exigée pour la lecture est plus forte que celle qui est demandée par l’écoute de la radio ou par la réception du spectacle télévisé. Chaque individu adapte la lecture à sa personnalité, alors que le rythme de l’émission radiophonique ou télévisuelle lui est imposé ; il peut feuilleter son journal et y choisir ses lectures selon sa curiosité du moment ; il peut fractionner sa lecture, la reprendre. Toutes choses auxquelles les moyens audiovisuels ne se prêtent pas. Il est vrai, à l’inverse, que la lecture de la presse exige un effort plus grand que l’écoute de la radio ou l’assistance au spectacle télévisé. Enfin, et c’est peut-être sur ce point que joue véritablement la concurrence entre les moyens d’information, le temps disponible dans la journée des individus pour leur consommation est finalement très limité : le choix s’impose donc et si, par exemple, la soirée est consacrée à la télévision, la lecture de la presse en est d’autant réduite.