Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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presse (la) (suite)

Les fonctions politiques de la presse

La presse fut dès le xviiie s. comme le quatrième pouvoir de l’État : on lui attribuait le contrôle des trois autres. Elle continue à jouer le rôle de critique vigilant de l’action des autorités, d’organe de revendications des diverses couches sociales, d’expression des programmes des partis politiques et des diverses idéologies et, dans une certaine mesure, celui d’éducation politique des citoyens. Instrument de propagande et moyen de pression, les journaux furent longtemps dans les régimes libéraux des puissances dont l’influence sur le fonctionnement des institutions et sur l’action des gouvernements n’était pas négligeable. Il est certain qu’aujourd’hui l’influence politique de la presse a beaucoup diminué avec l’affaiblissement des institutions parlementaires. Les journaux se sont, à l’évidence, dépolitisés : dans leur contenu d’abord par la multiplication des rubriques non politiques ; en constatant ensuite que leurs lecteurs étaient plus indifférents aux prises de position trop partisanes ; en prenant conscience aussi que les messages politiques les plus efficaces utilisaient désormais le canal de la radio et de la télévision. Il reste pourtant que, pour être désormais plus diffuse, l’influence des journaux sur la conscience politique de leurs lecteurs n’en est pas moins considérable : en aidant ceux-ci à préciser leurs goûts et en influençant indirectement leur genre de vie, en leur présentant une certaine vision du monde, la presse renforce ou affaiblit leurs préjugés et leurs sympathies, oriente leurs renvendications, entretient leur civisme et au total continue à former leurs opinions.


Les fonctions sociales de la presse

La lecture de la presse est un dialogue avec le monde. Les nouvelles qu’elle apporte, les idées qu’elle suggère, les sentiments qu’elle touche brisent l’isolement des individus ; par là, les journaux contribuent à leur meilleur intégration dans la société et favorisent leur participation à la vie collective. Lors même que, comme aujourd’hui, les journaux ne sont plus directement des organes idéologiques, ils aident à la diffusion des valeurs politiques et morales, et donc participent au fonctionnement de la vie sociale. En imposant collectivement à ses lecteurs les mêmes thèmes de réflexion que les événements de la grande ou de la petite actualité offrent au jour le jour, la presse harmonise leurs réactions et équilibre, en quelque sorte, la conscience collective. Ce n’est pas un phénomène négligeable que la presse fournisse la matière de beaucoup de conversations.


Les fonctions psychologiques de la presse

La lecture de la presse est un phénomène trop important pour ne pas exercer un effet sur la psychologie intime des individus. Son rôle premier est à ce point de vue de procurer une détente utile à l’équilibre psychologique. Les journaux et les magazines, par leurs récits et leurs images, aident aussi les individus à purger leurs passions. On a souvent dénoncé l’exploitation faite par la presse des reportages de faits divers immoraux et violents ou la présentation de récits destinés à entraîner les lecteurs et les lectrices dans le monde malsain des rêveries sentimentales. En fait, il est loin d’être sûr que ces textes et les images qui les accompagnent aient pour effet direct d’offrir de mauvais exemples : ils servent, au contraire, en général au défoulement naturel des instincts de violence ou des insatisfactions sentimentales ou autres. Le processus d’identification au héros, au bandit, à la vedette, ou d’évasion dans un monde socialement inaccessible et très différent du sien n’est que temporaire et finalement le plus souvent bénéfique pour l’individu. L’appel continuel à l’imagination des lecteurs participe d’une sorte de thérapeutique de l’inconscient ; la presse ne l’a pas inventé ; les civilisations orales connaissent, elles aussi, les histoires et les contes.


Les fonctions culturelles de la presse

Sans tomber dans l’excès qui consiste à croire que la presse est un instrument d’éducation permanente, il est évident que les journaux, les magazines, sans parler naturellement des revues savantes ou des publications techniques, transmettent aussi des connaissances et surtout entretiennent celles que l’éducation a fournies aux individus, principalement dans les domaines où le lecteur a conservé, par intérêt professionnel ou autre, une curiosité ouverte.


Les fonctions de renseignement de la presse

La presse est aussi un instrument utile à la vie quotidienne. La complexité croissante de la vie sociale rend de plus en plus nécessaire le recours quotidien à des renseignements pratiques : programmes de spectacles, annonce de manifestations diverses, conseils, précisions diverses, rappels d’échéances que seuls peuvent fournir les journaux, de même qu’ils sont les seuls à pouvoir, par les petites annonces et même par leurs placards publicitaires, offrir la réponse à certains besoins individuels.

Enfin, la presse spécialisée joue, dans un monde où l’accélération du progrès remet sans cesse en cause les connaissances acquises, un rôle essentiel de documentation et de mise à jour.

Le régime juridique de la presse

Ensemble de mesures émanant des pouvoirs publics tendant à réglementer les activités de la presse.

Historique

La presse dans ses débuts est entièrement soumise au pouvoir des gouvernants par la double contrainte du privilège révocable et de la censure.

La Grande-Bretagne est le premier pays à faire l’expérience de la liberté de la presse en publiant librement, pendant quelques années du milieu du xviie s., les débats du Parlement et en supprimant le Licensing act en 1695. Dès le début du xviiie s., de nombreux journaux se font concurrence et sont considérés comme des atouts précieux dans les batailles électorales entre whigs et tories. C’est également à cette époque que la publicité devient un moyen de subsistance très considérable pour la presse britannique.