Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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presse (la) (suite)

reporter, journaliste qui rapporte à son journal les nouvelles qu’il est allé recueillir à l’extérieur, sur les lieux mêmes de l’événement. S’oppose au journaliste sédentaire, et en particulier aux chroniqueurs, qui sont des hommes de bureau, proches des écrivains traditionnels. Les grands reporters assurent la couverture des grandes enquêtes ou des événements lointains. Les envoyés spéciaux chargés de couvrir tel ou tel événement s’apparentent aux grands reporters.

rewriter, spécialiste chargé, à la mode américaine, de réécrire les articles pour en améliorer la rédaction ou pour donner à l’ensemble des articles le « style maison ».

rubrique, partie spécialisée du contenu d’un journal, paraissant régulièrement. Plus généralement, le journal est divisé en rubriques qui sont comme les chapitres d’un livre.

secrétariat de rédaction, service spécialisé chargé de la mise en page définitive de la publication : les secrétaires de rédaction ont des responsabilités très grandes, car ils doivent souvent titrer les articles, les couper quand ils sont trop longs et établir l’équilibre entre le texte et les illustrations.

sténographes de presse, secrétaires chargés d’écrire les articles ou les informations reçus par téléphone.


Économie de la presse

La nature économique de la presse est très difficile à cerner. Produit industriel, le journal mobilise pour sa fabrication des machines très complexes, d’un coût très élevé, et utilise une main-d’œuvre abondante et très qualifiée : les ouvriers des imprimeries de presse ont un statut qui leur assure des conditions de travail et des rétributions favorables. Les frais de fabrication sont très élevés et croissent proportionnellement plus vite que dans les autres secteurs industriels du fait du progrès des techniques et des améliorations constantes de la qualité du produit.

La commercialisation de la presse est très originale : sa production est instockable ; ses publications s’apparentent aux produits périssables puisque, sauf les périodiques à périodicité longue, dont la nature se rapproche de celle du livre, leur période de vente est très courte, quelques heures pour un quotidien, quelques jours pour un hebdomadaire. Les réseaux de distribution des journaux, contrôlés par des entreprises de messageries de forme plus ou moins coopérative pour les journaux nationaux et par des services des entreprises éditrices elles-mêmes pour les journaux de province, sont très complexes et très coûteux : en France, la diffusion d’un exemplaire de quotidien revient au total à la moitié de son prix de vente. L’abonnement postal, avantageux pour l’entreprise, qui perçoit à l’avance les sommes versées par le lecteur et qui est assurée d’une vente fixe, est peu répandu en France. Le portage à domicile, qui assure aussi une vente régulière, est très pratiqué dans les pays anglo-saxons et germaniques ; il l’est très peu en France. La vente au numéro, génératrice d’invendus, est la méthode de diffusion la plus coûteuse pour les entreprises. Le « papier », rassemblé par les services de messageries, est livré aux dépositaires, qui le livrent ensuite aux sous-dépositaires, lesquels le répartissent entre les points de vente. Les vendeurs sont la plupart en boutiques ou en kiosques sur la voie publique ; dans les grandes villes, les « terrassiers » installés sur des éventaires temporaires et les colporteurs sont aussi très nombreux.

La dispersion de la clientèle et les contraintes de la rapidité aboutissent à un déchet considérable : la presse est la seule industrie à fabriquer systématiquement plus de marchandise qu’elle n’en vend. En France, on estime le bouillon de l’ensemble de la presse à 15 p. 100, mais il n’est pas rare qu’un quotidien fabrique quatre journaux pour n’en vendre que trois.

Chaque numéro de journal est différent du précédent, et finalement l’industrie de la presse mobilise d’énormes moyens pour fabriquer et diffuser seulement un emballage d’encre et de papier qui est jeté après avoir été consommé sans s’être matériellement usé. En fait, le journal est plus un service qu’un produit.

Autre originalité, les publications de la presse sont vendues à un prix fixe quelle que soit la qualité du produit, et ce prix de vente est sans rapport avec le prix de revient. En effet, la presse a un double marché : celui de ses lecteurs et celui de ses annonceurs. Les premiers achètent le journal au numéro, et les seconds paient au journal, en bloc, le moyen d’atteindre sa clientèle par les annonces qu’il publie. Or, la valeur de cette clientèle est, pour les annonceurs, très variable d’un titre à l’autre : les recettes de publicité sont donc très inégales. L’Humanité doit demander à sa vente, donc à ses lecteurs, près de 90 p. 100 de ses ressources, le Figaro moins de 20 p. 100. Les grands magazines féminins, à la présentation luxueuse, sont payés à plus de 80 p. 100 par la publicité qu’ils véhiculent.

La publicité détruit donc, a priori, toute égalité de chances entre les titres et fausse les données traditionnelles du marché. Elle est un des facteurs principaux de la concentration de la presse, car seules les grandes entreprises peuvent espérer équilibrer leur trésorerie : les feuilles à faible tirage, sauf dans le cas de publications spécialisées, qui, par la qualité et la spécificité de leur clientèle, peuvent être de bons supports publicitaires, sont condamnées à une vie médiocre. De fait, on assiste depuis le début du siècle à une diminution croissante des titres de la grande presse. Il y avait 70 quotidiens politiques à Paris en 1914, 35 encore en 1939, 28 en 1946 : il n’y en a plus qu’une dizaine en 1976. En province, les 242 quotidiens de 1914 n’étaient plus que 170 en 1939 ; il en reste aujourd’hui moins de 80, et la même évolution s’est produite dans les autres pays occidentaux.


Les catégories de publications

Les limites de la presse écrite sont malaisées à tracer. Il est déjà bien difficile de différencier exactement la nature de la presse écrite de celle des autres moyens d’information qui sont à la fois ses compléments et ses concurrents. Quant à la séparation entre la presse périodique et le livre, elle est de plus en plus arbitraire. Le critère de périodicité n’est plus toujours décisif : bien des livres paraissent en collection et bien des numéros spéciaux de revues forment de véritables livres. Celui du prix n’est plus décisif : les livres des collections populaires sont moins chers que des numéros de magazines. Celui de la conservation n’est pas toujours valable : on conserve volontiers dans sa bibliothèque des revues de luxe, alors qu’on se débarrasse des livres au format de poche. Quant au contenu, il paraît aujourd’hui bien des ouvrages consacrés à l’actualité politique, économique ou sociale, alors que les revues traitent souvent de sujets qui sont du domaine de la littérature ou de la science.

Enfin, en marge du monde de la presse, existe le domaine des brochures, des tracts, des circulaires, des bulletins internes, des publications en fascicules, etc.