Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pologne (suite)

L’avant-pays est plus complexe jusqu’à la Vistule. À l’est, le plateau de Lublin est une des régions agricoles les plus riches du pays avec le blé, les plantes sarclées. Lublin, ancien grand marché de produits agricoles et centre d’industries alimentaires, a souffert de la proximité de la frontière, mais a conservé ses quelque 240 000 habitants, son université célèbre, et est devenue une ville de textiles et d’industries mécaniques.

Au sud, Sandomierz a donné son nom à un bassin sédimentaire. Il reste dans cette région quelques gisements de pétrole et de gaz naturel. Rzeszów est une petite capitale agricole, pastorale, textile, au centre d’une des régions rurales les plus surpeuplées de la Pologne et où l’absence de collectivisation a entraîné la prolifération de très petites exploitations à temps partiel.

La Petite Pologne, Małopolska, se situe au nord de la Vistule et peut être considérée comme appartenant à l’avant-pays carpatique. Elle se compose de vieilles montagnes bien aplanies, le massif de la Sainte-Croix (Świętokrzyskie Góry) avec la fameuse Łysa Góra, où apparaissent quelques karsts et des chaînons appalachiens à la faveur d’un exhaussement du socle. Dans les grès permiens et le Lias argileux, on exploite depuis longtemps des minerais de fer (bassin de Kielce), du plomb, du zinc et du cuivre. Le pays de la Nida, affluent de la rive gauche de la Vistule, est un plateau creusé de vallées et couvert de riches couches de lœss évoluées en terres noires. C’est par excellence le pays du blé, de la betterave à sucre et des oléagineux. Les excédents de population rurale ont contribué à la population des bourgs. Le « Jura » de Cracovie se compose d’une cuesta et d’un revers tournés en direction de la haute Silésie. De beaux karsts souterrains y ont été inventoriés. Sous les dernières collines se présente déjà le riche bassin de Silésie*. Le fer apparaît au nord dans la curieuse ville de Częstochowa, sur la haute Warta. Le Trias y présente des aspects métallifères, on trouve du zinc, du plomb, de l’antimoine, si bien que, si une partie de la ville est restée centre de pèlerinage national (culte de la Vierge noire qui sauva la Pologne des Suédois au xviie s.), une autre, la ville basse, ouvrière, métallurgique, ignore presque la première. Enfin, au sud, c’est Cracovie*. La haute Silésie forme la partie industrielle du bas pays des montagnes du sud de la Pologne.


La Pologne littorale

Depuis la Seconde Guerre mondiale, la Pologne a gagné plus de 500 km de côtes. La nouvelle façade maritime se compose de plusieurs éléments.

L’embouchure complexe de l’Odra est ramifiée, avec le port de Szczecin, le plus actif par le trafic (10 Mt) et qui étend vers l’aval ses installations jusqu’au lac (aujourd’hui réserve naturelle) de Wolin et à Świnoujście, devenu un avant-port.

Plus de 400 km de côtes relativement élevées, où le soubassement gréseux ou calcaire, couvert par des dépôts morainiques épais, apparaît rarement, sont constitués de falaises. Elles forment la Kachoubie, aux franges trouées de lacs et où aboutissent de courts fleuves qui ont fixé par leur embouchure le site des ports tels que Kołobrzeg, Ustka, Łeba, ports de pêche côtière et hauturière dans la Baltique, qui possèdent aussi des chantiers de construction de navires de pêche.

Le grand golfe de Gdańsk est formé de ce que la terminologie internationale appelle haff (le golfe), fermé en partie par le nehrung (la flèche sableuse qui s’élargit et s’avance) : la flèche de Hel en Pologne, au nord de l’agglomération de Gdańsk*-Sopot-Oliwa-Gdynia, celle de la Wiślana à l’est, dont la partie méridionale, fermant complètement la partie du golfe de la Vistule, appartient seule à la Pologne.

L’embouchure complexe de la Vistule se divise en plusieurs bras. À l’est, celui de Nogat débouche dans le golfe de la Vistule ; au centre, le bras principal de la grande Vistule est sans agglomération notable ; à l’ouest, les bras multiples, en partie artificiels, de la Vistule Morte (Wisła Martwa), viennent déboucher dans l’ancien port de Gdańsk.

Puissance baltique, la Pologne l’est par l’activité globale de ses ports (près de 30 Mt), dont le trafic est libéré par l’action de brise-glace durant l’hiver. Elle l’est par la pêche et ses industries, notamment de construction de navires, une partie de la pêche lointaine s’effectuant dans l’Atlantique, où a pris place une imposante flotte polonaise. Elle l’est aussi par l’importation de minerai de fer suédois, les exportations de bois, de soufre, de houille et de coke, de minerais non ferreux, en grande partie en direction du Comecon. Elle se pose depuis la guerre comme la rivale en Baltique des républiques baltes de l’U. R. S. S., de la Finlande, de la Suède et du Danemark.


La Grande Plaine polonaise

En apparence, elle est monotone, mais, en fait, elle se compose d’éléments morphologiques, climatiques et pédologiques divers.

Au nord, le pays dit « des croupes baltiques » offre les paysages les plus élevés et les plus accidentés de la plaine, formant l’amas complexe des dépôts morainiques de la Grande Plaine, ceux de la dernière glaciation. Ce sont donc les moraines les plus fraîches du pays. Mais leur agencement est encore anarchique : les collines ont des formes indécises, et l’hydrographie, mal hiérarchisée, comporte de nombreux lacs qui sont plus ou moins des marais à peine asséchés. La région, qui fait partie des territoires récupérés en 1945, a été partiellement désertée, mais les grands domaines des junkers prussiens sont devenus des exploitations d’État. En outre, un tourisme intense, populaire, a pris naissance depuis la Libération dans cette région verdoyante, bien ravitaillée (surtout en produits laitiers) et où les sports à voile et de rivière sont encouragés. Il faut distinguer : à l’ouest de la Vistule, le Pomorskie (arrière-pays maritime) ; à l’est, la moitié méridionale de l’ancienne Prusse-Orientale, aux terrains plus pauvres et aux hivers plus froids, moins peuplée en partie en raison de ces caractères. La fraîcheur due à la proximité de la côte favorise partout les forêts, les marécages, les cultures sur sols fortement podzolizés comme celles du seigle et de la pomme de terre.