Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pneumoconiose (suite)

La maladie est d’évolution extrêmement lente ; elle n’apparaît que cinq à dix ans après le début du contact en moyenne, rarement plus vite (en moins de deux ans au cours d’exposition très intense [percement de tunnels]) ; les signes cliniques sont réduits à une toux et une dyspnée très inconstante. Le début clinique est en fait lié à un examen radiologique systématique de parfaite qualité, qui permet d’observer soit une simple accentuation de la trame pulmonaire, avec aspect réticulé, soit des images nodulaires diffuses dans les deux champs pulmonaires (n’affectant pas, du moins au début, les sommets et les bases). Ce sont des opacités miliaires, micronodulaires ou macronodulaires (à petits et gros nodules). Dans quelques cas, l’image se complète d’une calcification ganglionnaire en coquille d’œuf, parfois elle est celle d’un infiltrat très intense, pseudo-tumoral, exceptionnellement excavé. Les signes cliniques et radiologiques sont précisés par des épreuves fonctionnelles respiratoires montrant des troubles assez précoces de diffusion alvéolaire, puis des signes de sclérose et de fibrose pulmonaires pouvant s’accompagner d’une défaillance cardiaque droite de type « cœur pulmonaire chronique ».

Le dépistage systématique des pneumoconioses chez les ouvriers exposés est une obligation stricte, car il n’existe aucun traitement de la silicose, et, dans quelques cas, celle-ci continue à évoluer régulièrement, même si l’ouvrier n’est plus soumis à l’exposition, les particules de silice agissant par effets physico-chimique et allergique propres. L’évolution peut être aussi aggravée par des affections secondaires : emphysème, pneumothorax, surinfection tuberculeuse, bronchite récidivante, insuffisance cardiaque.


L’asbestose

C’est une affection pulmonaire due aux poussières d’amiante, d’évolution très lente. Elle est plus difficile à dépister radiologiquement que la silicose, car la fibrose pulmonaire ne s’accompagne que d’une accentuation de la trame pulmonaire dans les régions périhilaires, mais le pronostic n’en reste pas moins sérieux par fibrose et insuffisance cardiaque droite. La recherche de corpuscules d’amiante dans l’expectoration permet souvent la découverte de corpuscules « en haltères » dus à des dépôts protéiniques sur les fibres.


La bérylliose

C’est une affection rare et très sérieuse, qui a été très étudiée lors de la création de l’industrie nucléaire. À très faibles doses dans l’air inspiré, l’oxyde de béryllium est en effet capable de provoquer soit des pneumopathies subaiguës très dyspnéisantes, accompagnées d’infiltrats denses, mais régressant par un traitement corticoïde, soit des fibroses définitives avec défaillance cardiaque.


Empoussiérages

Les surcharges pulmonaires, ou empoussiérages, s’observent soit après inhalation de poussière de verre ou de minerai de verre (sidérose), d’étain (stannose) ou de charbon (anthracose). L’empoussiérage massif peut provoquer une obstruction des bronches.

Mais, dans beaucoup de pneumoconioses avec insuffisance respiratoire chronique, l’agent nocif est la silice, qui existe à l’état de contaminant dans de très nombreux minéraux et joue un rôle fibrogène propre, associé à l’empoussiérage pulmonaire.


L’allergie pulmonaire

C’est une maladie de plus en plus fréquente, caractérisée par des manifestations fébriles, en particulier après inhalation de certaines fumées métalliques : fièvre des travailleurs du zinc et du cuivre, avec malaise général, courbatures, frissons ; la fièvre des filatures, elle, s’observe dans le travail du coton (byssinose), du chanvre (cannabiose) et du lin (linose). On observe des troubles allergiques avec anticorps aboutissant à des infiltrations pulmonaires accompagnées de dyspnée et de fièvre, et pouvant évoluer vers une insuffisance respiratoire définitive (poumon des fermiers, particulièrement fréquent avec les manipulations de foin moisi, bagassose [canne à sucre]).

Enfin, l’allergie peut se manifester par un asthme, particulièrement après inhalation de poussières de bois, surtout de bois exotiques. Certaines pneumopathies chimiques sont liées à l’inhalation de poussières caustiques ; certaines surinfections peuvent s’observer, comme le charbon des trieurs de laine.

Le cancer pulmonaire par inhalation est connu avec les poussières arsenicales, les sels de chrome, les poussières radioactives, les suies riches en hydrocarbures cancérigènes et peut-être les fibres de certaines amiantes.

La silicose a été une maladie professionnelle particulièrement fréquente, exceptionnellement grave ; les mesures de prévention ont considérablement réduit le nombre des silicoses radiologiques et celui des insuffisances respiratoires par pneumoconioses, l’allergie pulmonaire devenant la cause essentielle des troubles professionnels actuellement observés.

E. F.

 M. Linquette et C. Voisin, la Silicose et autres pneumoconioses (Flammarion, 1961). / Recherches fondamentales sur les pneumoconioses (Masson, 1967).

Fleuve d’Italie, tributaire de l’Adriatique.


C’est le fleuve le plus important d’Italie. Sa source se trouve à 2 022 m d’altitude, au Piano del Re, sur le flanc nord du mont Viso. De là, il traverse longitudinalement toute la plaine padane, sur une longueur de 652 km. Son bassin fluvial est de 70 472 km2. C’est d’abord un torrent alpin, à forte pente, se dirigeant vers le nord-est et recevant des affluents des Alpes Cottiennes (Maira, Varaita, Pellice). À Turin, à 70 km de sa source, il n’est plus qu’à 214 m d’altitude et a un débit moyen de 81 m3/s (maximal de 2 230 m3/s et minimal de 9 m3/s). Sa pente se fait alors plus douce, et son débit augmente grâce aux apports de la Doire Ripaire, de la Stura di Lanzo, de l’Orco et surtout de la Doire Baltée (160 km) ; cet affluent, né au pied du massif du Mont-Blanc, a un débit moyen de 105 m3/s au confluent avec le Pô. Le Pô se dirige alors vers l’est, en dessinant de nombreux méandres. Jusqu’au confluent avec le Mincio, les cours d’eau venus des Alpes vont l’emporter. Sur la rive droite, les affluents apennins sont mineurs (Trebbia, Nure, Taro, Parma, etc.), à l’exception du Tanaro ; ce dernier (276 km ; 130 m3/s) recueille les eaux des Alpes maritimes (Stura di Demonte) et ligures (Bormida et ses affluents). Par contre, sur la rive gauche, des apports notables ont lieu, dont on ne retiendra que les principaux. La Sesia (138 km ; 32 m3/s) descend du mont Rose. Le Tessin (248 km ; 321 m3/s) amène les eaux du massif du Gothard à travers le lac Majeur. L’Adda (313 km ; 160 m3/s) court entre les Alpes Rhétiques et Orobie (formant la Valteline), se jette dans le lac de Côme et reçoit, avant d’atteindre le Pô, le Brembo et le Serio. L’Oglio (280 km) vient du Cevedale à travers le lac d’Iseo, et le Mincio (194 km ; 60 m3/s) de l’Adamello et des Dolomites à travers le lac de Garde. Plus à l’aval, ce sont les rivières du versant apennin qui dominent avec la Secchia (172 km) et le Panaro (166 km). À Pontelagoscuro, le Pô a un débit moyen de 1 460 m3/s (maximal de 8 900 m3/s et minimal de 275 m3/s). Sa pente est très faible, car, à Ostiglia, à 150 km de l’embouchure, il n’est plus qu’à 2 m au-dessus du niveau de la mer. La masse énorme d’alluvions apportée par les affluents est en partie déposée dans le lit, qui est ainsi surélevé par rapport à la plaine environnante dès la confluence avec le Tessin. À l’entrée du delta, le Pô domine de 6 m le terrain alentour, et les hommes ont dû bâtir de grandes digues de protection. Le fleuve parcourt les cent derniers kilomètres de son cours, dans un vaste delta et se jette dans l’Adriatique par cinq bras (Po di Maestra, della Pila, di Tolle, della Gnocca, di Goro), qui sont à peine séparés de l’embouchure de l’Adige et de celle de la Brenta (au nord de laquelle se trouve la lagune de Venise). Ce delta a avancé de 25 km depuis l’époque romaine, et l’action de l’homme s’y marque fortement.