Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Picabia (Francis) (suite)

Entre l’exaltation et la dépression, Picabia écrit de nombreux recueils de poèmes de 1915 à 1920 (Cinquante-deux Miroirs, Pensées sans langage...), fonde des revues, dont la plus durable, 391 (1917-1924), fera avec lui escale à Barcelone, à New York et en Suisse, autour de Tristan Tzara*. Puis, André Breton* imposant le regroupement des dissidents, Picabia se dérobe ; sa période novatrice s’achève en même temps.

Il reprendra quelques études de « monstres » ébauchés dans les années 1907-08, exécutera une série de « transparences » où visages et corps apparaissent au travers de fleurs ou de papillons, manifestations de la fête qu’il continue à vivre sur la Côte d’Azur. Il mourra à Paris après une dernière série de toiles qui font retour à la non-figuration.

Le pouvoir ou le vouloir de destruction de Picabia, subordonné à l’imaginaire, s’est, dans un moment clé, mué en une étonnante effusion de nouvelles formes plastiques, en un jaillissement du langage qui ont préludé à l’écriture automatique des surréalistes.

M. W.

➙ Dada (mouvement).

 M. Sanouillet, Picabia (Éd. du Temps, 1964). / M. Le Bot, Francis Picabia et la crise des valeurs figuratives, 1900-1925 (Klincksieck, 1968). / Y. A. Bois, Picabia (Flammarion, 1976).

Picardie

Région située au nord de Paris. Capit. Amiens*.


La Picardie regroupe les trois départements suivants : Aisne*, Oise* et Somme*. Elle couvre 19 411 km2 et compte environ 1 678 644 habitants, c’est-à-dire qu’elle occupe à peine 4 p. 100 du territoire national et possède une part encore un peu moindre de la population française. Elle englobe l’ancienne province de Picardie (Somme, nord de l’Oise et de l’Aisne), sauf le pays de Montreuil et le Boulonnais, laissés au Pas-de-Calais, et des morceaux d’Île-de-France (sud et est de l’Oise, centre de l’Aisne) et de Champagne (sud de l’Aisne).


Le milieu

La Région présente un relief très modéré dans l’ensemble (moins de 300 m au maximum sur la frontière belge), mais très varié en raison de la structure et de l’érosion. Du nord au sud, les couches sédimentaires plongent des confins du plateau ardennais (Primaire) au creux parisien (Tertiaire moyen), faisant alterner, selon la dureté des roches et la vigueur de la plongée, plateaux et plaines en une suite de dépressions et de talus au front tourné vers le nord et au revers lentement incliné vers le sud. Dans l’est de la Picardie, ce schéma est le plus net avec l’amorce de la dépression liasique subardennaise dominée au sud par les hauteurs de craie marneuse de la Thiérache, puis avec la plaine de craie blanche s’étendant de la Champagne à la Manche et surplombée au sud par les plateaux calcaires successifs du Tertiaire inférieur du Soissonnais, du Valois et de la Brie. À l’ouest, la plaine de craie blanche règne plus largement, simplement éventrée par la « boutonnière » du pays de Bray et ses argiles crétacées entre le plateau picard et le pays de Thelle confinant au Vexin tertiaire. Plongée nord-sud et bombements nord-ouest-sud-est (Bray et Artois) ont guidé le tracé de vallées profondes et larges selon deux directions sensiblement perpendiculaires (Oise, Somme, Aisne) et fait de toute la Picardie un pays de passage aisé, mais facile à défendre, lieu de nombreuses batailles à travers les siècles. La modération du relief et son léger relèvement vers le nord-est, comme l’enfoncement de la Picardie à l’intérieur de la France, donnent au climat une double appartenance, océanique vers l’ouest, déjà teinté de continentalité à l’est : les pluies dominantes sont d’automne près de la côte, d’été vers l’intérieur ; à la fraîcheur égale et brumeuse du littoral succèdent une amplitude thermique plus marquée et une insolation plus longue vers le sud-est. La végétation traduit ces contrastes : herbages et hêtraies de l’ouest font place au maïs-grain ou à la vigne au sud-est. Enfin, le sous-sol crayeux de la plaine picarde égalise encore cette modération des précipitations en constituant pour tout le nord-ouest de la France une réserve hydrologique précieuse et convoitée.


La population

Dans ce cadre physique, la population a subi depuis un siècle une évolution nuancée dans le temps et l’espace. De 1861 à 1946, la population est tombée de 1 539 000 à 1 291 000 habitants (du fait d’un fort exode rural) pour remonter à 1 680 000 habitants (soit 140 000 hab. de plus qu’en 1861, mais seulement aujourd’hui 3,1 p. 100 de la population française contre 4,1 p. 100 en 1861). Cette situation récente tient à plusieurs facteurs. La Picardie connaît encore un excédent naturel légèrement supérieur à la moyenne française, mais cet excédent, plus vigoureux à la ville qu’à la campagne, s’affaiblit dans l’Aisne et l’Oise et se renforce dans la Somme. Le mouvement migratoire, négatif jusqu’en 1962, est devenu légèrement positif par apports du Nord en difficulté ou de la Région parisienne, grâce à la décentralisation industrielle ou aux migrations de retraite ; beaucoup de ces migrants sont des étrangers. Cette immigration est plus forte et croissante dans l’Oise (négative dans l’Aisne). La population picarde présente des caractères variés : elle est inégalement dynamique, la Somme est la plus vieillie (14 p. 100 de plus de 65 ans) ; l’Aisne, la plus jeune (37,5 p. 100 de moins de 20 ans), l’Oise, la plus riche en adultes (51,4 p. 100 de 20 à 65 ans). La Picardie est encore très rurale (45 p. 100 contre 30 p. 100 en France), même si les agglomérations urbaines fixent de plus en plus les nouveaux venus (13 p. 100 d’accroissement urbain de 1962 à 1968 du fait de l’Oise plus que de la Somme ou de l’Aisne). La Picardie présente ainsi des zones de faible densité (littoral, est et sud du Santerre, Aisne) quelques taches de forte densité le long de l’Oise moyenne et de ses prolongements vers Beauvais, Soissons et Saint-Quentin ou autour d’Amiens et dans le Vimeu : aux campagnes peu peuplées s’opposent quelques zones urbaines plus denses. L’emploi reflète ce contraste et son évolution récente : de 1954 à 1968, le secteur primaire est passé de 29 à 16 p. 100, le secondaire de 38 à 44 p. 100, le tertiaire de près de 33 p. 100 à près de 40 p. 100.