Piast (suite)
Le relèvement et l’apogée de la dynastie : Ladislas le Bref (1306-1333) et Casimir III le Grand (1333-1370)
L’énergie indomptable de Ladislas le Bref mobilisa progressivement les forces nationales contre l’emprise allemande, dangereusement développée par les rois tchèques (1300-1305). Ladislas s’imposa d’abord avec l’aide hongroise en Petite Pologne, puis en Poméranie. Mais, hostiles, les grands féodaux lui opposaient d’autres Piast. Décidés à briser ses efforts, le Brandebourg et l’ordre Teutonique s’allièrent à Jean de Luxembourg, qui, devenu roi de Bohême (1310-1346), prétendait aussi au trône polonais et avait pour lui le patriaciat allemand des grandes cités. L’ordre enleva, à Ladislas, Gdańsk par traîtrise (1308) et toute la Poméranie orientale (1309). Mais Ladislas parvint à mater la révolte des bourgeois et des moines allemands de Cracovie (1311-12), et s’imposa en Grande Pologne avec l’aide de la chevalerie locale et de la population polonaise des villes (1314). Il consolida les positions acquises et se fit couronner roi de Pologne en 1320 à Cracovie, avec l’accord tacite du pape. L’aigle blanc sur un bouclier pourpre devint l’emblème royal.
Ladislas ne se résigna jamais à abandonner la Poméranie à l’ordre Teutonique et poursuivit sans relâche sa restitution. La vanité du recours à la Justice pontificale (1320) le poussa à consolider l’amitié hongroise, affermie par le mariage de sa fille avec le roi Charles Robert d’Anjou. En 1325, Ladislas osa s’allier contre l’ordre à l’irréductible Lituanie païenne. Mais le roi de Bohême Venceslas II réussit à se faire prêter hommage par les Piast de Silésie (1327-1329) et par un duc de Mazovie qui se rangea aux côtés de l’ordre Teutonique, lequel envahit le nord du pays. Ladislas le battit à Płowce (1331), mais se vit enlever la Couïavie entière avec le patrimoine de sa maison (1332). Absorbé par ses campagnes, il ne put se consacrer aux institutions ; il gouverna le pays avec l’aide des lignages modestes, dévoués à sa cause, et convoqua en 1331 la première Diète. Il affermit si bien son pouvoir que son fils Casimir lui succéda sans difficulté aucune (1333). Le royaume qu’il avait reconstruit, bien qu’inachevé et menacé, offrait une base solide à l’œuvre glorieuse du plus grand des Piast.
Casimir III* le Grand ne put reconstruire l’État de Boleslas le Vaillant : la Silésie et la Poméranie ne reviendront en totalité à la Pologne qu’en 1945. Mais il renforça ses positions, s’ingéniant à ménager l’avenir, et chercha des compensations dans une politique orientale qui agrandit son État des riches provinces de Ruthénie (Lwów) et de Volhynie. Grand législateur, bâtisseur infatigable et fondateur de l’université de Cracovie, il sut être le populaire « roi des paysans » et demeura pour son peuple l’idéal du souverain.
C. G.
➙ Casimir III le Grand / Mieszko Ier / Pologne.
O. M. Balzer, Généalogie des Piast (en polonais, Cracovie, 1895). / S. W. Zakrzewski, Bolesław le Vaillant (en polonais, Lwów, 1925). / Z. Kaczmarczyk, la Monarchie de Casimir le Grand (en polonais, Poznań, 1939-1946 ; 2 vol.). / K. Maleczyński, Bolesław Bouche-Torse (en polonais, Wrocław, 1946). / P. Grodecki, la Pologne des Piast (Varsovie, 1969). / T. Manteuffel, la Pologne des premiers Piast (en polonais, Varsovie, 1970). / S. Kieniewicz et coll., Histoire de Pologne (en polonais, Varsovie, 1971). / H. Ludat, Am Elbe und Oder um das Jahr 1 000. Skizzen zur Politik des Ottonenreiches und der slavischen Mächte in Mitteleuropa (Cologne, 1971). / P. W. Knoll, The Rise of Polish Monarchy, 1320-1370 : Piast Poland in East Central Europe (Chicago, 1972).