phosphore (suite)
Un grand nombre de dérivés organiques du phosphore ont été caractérisés. Les phosphines RPH2, R2PH et R3P (où R est un radical alcoyle) correspondent aux aminés, mais sont très instables, très oxydables et souvent spontanément inflammables. On connaît diverses séries de produits d’oxydation des phosphines : ainsi les acides phosphoniques RPO3H2, les acides phosphiniques R2PO2H et les oxydes de phosphine R3PO.
Enfin, l’acide orthophosphorique est un constituant fondamental des nucléotides ; un nucléotide est formé d’une base purique ou pyrimidique à laquelle est rattachée par un lien glucosidique un sucre combiné à une molécule d’acide phosphorique. Le nucléotide est l’unité de base des acides nucléiques. Les acides nucléiques combinés à une ou à plusieurs molécules de protéines produisent des nucléoprotéines, qui constituent une partie importante des noyaux des cellules et se retrouvent aussi dans le cytoplasme. Ainsi, le phosphore est un élément fondamental de la matière vivante et de la biochimie.
Rôle biologique du phosphore
Dans les tissus animaux et végétaux, le phosphore figure toujours à l’état oxygéné, au maximum de dérivé de l’anhydride phosphorique P2O5, forme particulièrement stable qui servira de support à de nombreux dérivés qui pourront alors subir des réactions métaboliques, par exemple d’oxydoréduction, parfois répétées, comme les réactions enzymatiques. La présence du phosphore est particulièrement importante dans le tissu osseux, où il sert de support au calcium.
Les phosphatases sont des enzymes présentes dans la plupart des tissus vivants et qui interviennent dans les métabolismes du phosphore. Le sérum sanguin renferme des phosphatases dont la connaissance est particulièrement utile en biochimie clinique, car leur augmentation rend compte de l’évolution de certaines maladies. Les phosphatases les plus couramment dosées sont :
• Une phosphatase dite « alcaline », active à pH 9,0, qui est augmentée dans les maladies osseuses et dans certaines affections hépatiques ;
• une phosphatase acide, active vers pH 5,3, dont l’augmentation traduit un cancer évolutif de la prostate.
Formes pharmaceutiques du phosphore
En pharmacie, on utilise depuis longtemps le phosphore comme « reconstituant » et fixateur du calcium :
• sous forme de phosphore métalloïdique en solution huileuse (huile phosphorée, huile de foie de morue phosphorée) [ces médications sont aujourd’hui abandonnées en raison de leur toxicité] ;
• sous forme de dérivés minéraux de l’acide orthophosphorique, du calcium, du sodium, du magnésium, du manganèse : ces sels sont peu assimilables, et on leur a substitué fréquemment des dérivés organiques, comme les glycérophosphates, ou des extraits végétaux phosphores, comme l’inositocalcium ; l’acide orthophosphorique en nature est également prescrit comme fixateur du calcium et comme acidifiant ; cette thérapeutique est peu active ; toutefois, elle connaît actuellement un certain renouveau par l’emploi de hautes doses de phosphates alcalins et de glycérophosphates dans les affections où le métabolisme du calcium est perturbé.
R. D.
H. B.
➙ Cycles biosphériques.
A. Demolon et A. Marquis, le Phosphore et la vie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1949 ; 2e éd., 1961). / J. R. Van Waser, Phosphorus and its Compounds (New York, 1958 ; 2 vol.). / Chimie organique de phosphore (C. N. R. S., 1972).