Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Philadelphie (suite)

La ville même de Philadelphie compte 1 950 000 habitants, celle de Camden 115 000. L’aire métropolitaine de Philadelphie totalise environ 4 820 000 âmes (3 950 000 en Pennsylvanie et 868 000 dans le New Jersey). Si l’on tient compte de l’aire métropolitaine de Trenton (285 000 hab.) et de celle de Wilmington (420 000 hab.), la population de la région urbaine de la basse Delaware s’élève à environ 5 525 000 habitants.

Philadelphie est confrontée aujourd’hui aux problèmes propres à toutes les grandes villes américaines. Il y a d’abord la « congestion » du trafic automobile due à l’étroitesse des rues et à l’insuffisance des transports en commun, métro et bus. Il y a aussi la question de l’eau, en qualité (pollution industrielle) et en quantité disponible (quatre États, adhérents au Delaware River Basin Compact, se disputent l’eau du fleuve). Il y a enfin le problème de la rénovation des quartiers centraux dégradés, habités principalement par une communauté noire de plus en plus nombreuse (18,1 p. 100 de la population dans l’aire métropolitaine, mais 33,5 p. 100 dans la ville même).

P. B.

➙ Pennsylvanie.

 P. A. W. Wallace, Pennsylvanie (New York, 1962).

Philidor

Surnom, d’origine inconnue, d’une dynastie de musiciens français qui portaient le nom patronymique de Danican et ont servi la musique royale sous l’Ancien Régime.


Comme spécialistes du jeu et de la facture des instruments à vent, on rencontre d’abord un Michel, hautboïste sous Louis XIII, un autre Michel († 1659), cromorne et trompette marine de la grande Écurie (1651), et un Jean (v. 1620 - Versailles 1679), fifre de la Grande Écurie (1659), cromorne et trompette marine de la grande Écurie, auteur d’airs de danse. Parmi les enfants de Jean, citons André et Jacques.

André, dit « l’Aîné » (v. 1657 - Dreux 1730), hautbois et violon, cromorne et trompette marine, fifre et tambour de la Grande Écurie. Noteur (c’est-à-dire copiste), il deviendra garde de la Bibliothèque musicale du roi ; à ce titre, on lui doit la constitution d’archives de pièces jouées à la cour, de François Ier à Louis XIII, et du répertoire des principales partitions données sous le règne de Louis XIV et au début du règne de Louis XV. (Cet important ensemble, connu sous le nom de Collection Philidor, est actuellement réparti entre la Bibliothèque de la Ville de Versailles, la Bibliothèque nationale de Paris, la bibliothèque de Saint Michael’s College de Tenbury en Angleterre et la Library of Congress de Washington ; les autres volumes sont dispersés chez des particuliers, ou perdus.)

Comme compositeur, André a laissé des pièces pour deux basses de viole, basse de violon et basson, des suites de danses, des marches, des divertissements (le Canal de Versailles, 1687 ; le Mariage de La Couture avec la grosse Cathos, 1688 ; la Princesse de Crète, 1700 ; Mascarade du roi de la Chine, 1700, etc.).

Jacques, dit « le Cadet » (Paris 1657 - Versailles 1708), frère d’André, hautbois et violon, cromorne et trompette marine, fifre et tambour de la Grande Écurie, basson de la Chapelle, petit violon de la Chambre, a composé des marches et batteries. La plupart de ses enfants furent musiciens, et employés au service de la Couronne.

De son premier mariage, André eut plusieurs fils musiciens, dont Anne (1681 - Paris 1728), auteur de pièces pour flûte à bec, flûte traversière, violon et basse continue (1712), d’un Te Deum et de pastorales. Il a fondé en 1725 le Concert spirituel, qui constituera, jusqu’à la Révolution, la plus prestigieuse organisation de concerts, assurant la diffusion des œuvres religieuses et profanes européennes.

C’est du second mariage d’André que naquit le compositeur François André (Dreux 1726 - Londres 1795). Après avoir reçu sa première formation de Campra et servi comme page de la musique du roi, il entreprit, de 1748 à 1754, une tournée en Hollande, en Allemagne — où paraîtra son Analyse du jeu d’échecs (1749) — et en Angleterre, où il rencontrera Händel et lui soumettra ses premiers essais. À partir de ce moment-là, Philidor partagera son temps entre la France et l’Angleterre, où il mourra ; malgré ses idées jacobines et la présence d’un de ses fils aux armées, il sera porté sur une liste d’émigrés et succombera à la goutte alors qu’il venait d’obtenir enfin l’autorisation de rentrer dans son pays.

Sa carrière aura duré exactement trente ans depuis la création de son premier opéra-comique, Blaise le savetier, en 1759 — la même année que les Aveux indiscrets de Monsigny —, jusqu’à la composition de l’Ode anglaise pour la convalescence de George III (partition inédite, récemment retrouvée dans les archives de la famille Philidor). Elle aura été jalonnée par dix-huit opéras-comiques, trois opéras et des œuvres polyphoniques concertantes, perdues sauf l’Ode anglaise, déjà citée, et l’ode profane Carmen saeculare sur des poèmes d’Horace (1779), première partition d’esprit résolument civique, apparue dix ans avant la Révolution française. En 1768, Philidor avait participé sans succès au concours organisé par le Concert spirituel pour la composition du motet Super flumina Babylonis.

Une double réussite dans l’opéra-comique et dans la polyphonie concertante profane ou religieuse distingue Philidor des autres compositeurs d’opéras-comiques. Sa cordialité robuste est à l’opposé de la mélancolie et de la tendresse de Monsigny. Philidor se signale aussi par l’entrain et la solidité de ses ensembles ; par exemple, le quatuor des buveurs de Tom Jones (1765), le plus important de ses ouvrages lyriques, inspiré du roman de Fielding et dans lequel il donna probablement toute sa mesure.

Le Carmen saeculare fut exagérément égalé aux oratorios de Händel, mais l’influence du maître anglo-saxon, sur cet ouvrage, n’est pas douteuse. Ce prototype des compositions civiques de la Révolution française devait être repris en 1798 pour la Fête des objets d’art et de science conquis en Italie. Les mêmes qualités dans le traitement des chœurs se retrouvent à travers l’Ode anglaise, jamais encore exécutée en France.

M. B. et F. R.

➙ Concerts (association de) / Échecs / Opéra-comique / Versaillaise (école musicale).

 G. E. Bonnet, Philidor et l’évolution de la musique française au xviiie siècle (Delagrave, 1921). / Roman et Lumières au xviiie siècle (Éd. sociales, 1970).