Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pesticides (suite)

La toxicité chronique est due à l’accumulation de résidus de pesticides dans le corps du consommateur. Elle est très variable suivant les pesticides et en particulier suivant leur rémanence (temps pendant lequel le produit n’est pas altéré après son application). À cet égard, il faut évoquer une différence essentielle entre les pesticides. Les uns sont biodégradables, c’est-à-dire qu’ils sont rapidement détruits par des actions physiques ou chimiques dans l’atmosphère, dans ou sur le sol et les plantes, dans le tube digestif du consommateur animal ou humain.

Les autres ne sont pas biodégradables. Ils laissent dans ou sur le sol et les plantes, dans le corps de l’animal ou de l’homme des résidus plus ou moins importants qui peuvent s’accumuler si l’ingestion est répétée. Il est à remarquer que, bien souvent, la toxicité aiguë des pesticides biodégradables est plus élevée que celle des pesticides non biodégradables, mais qu’à cet égard les premiers sont moins dangereux que les seconds, puisque les doses ingérées sont toujours faibles et ne s’accumulent pas du fait de leur destruction rapide.

Les pesticides non biodégradables ont une longue rémanence. Ils ont une action prolongée à l’égard des parasites contre lesquels ils sont utilisés. C’est incontestablement une propriété intéressante qui explique pourquoi, dans bien des cas, ils ont été préférés aux autres pesticides, mais ils sont en général insolubles dans l’eau, solubles dans les graisses, et c’est dans les cellules graisseuses des tissus végétaux, animaux et humains qu’ils s’accumulent. Les plus remarquables à cet égard sont les pesticides organochlorés. Caractérisés par leur grande stabilité (ils ne comprennent pas de groupement fonctionnel facilement hydrolysable), par leur insolubilité dans l’eau, dans les solvants organiques (éther, acétone, etc.), ils ont une rémanence de plusieurs mois, voire de plusieurs années. Les principaux pesticides organochlorés sont le D. D. T., ou dichlorodiphényltrichloréthane, le H. C. H., ou hexachlorocyclohexane, et ses isomères α, β, γ (lindane) et δ, l’aldrine, la dieldrine, le chlordane, l’heptachlore.

L’emploi des organochlorés a été conseillé aux éleveurs et aux agriculteurs par les instituts de recherche et les services officiels de l’agriculture dans de nombreux pays. À l’époque où la synthèse de ces différents produits a été réalisée, il n’existait pas de méthode d’analyse assez fine pour détecter les doses infinies de résidus laissés par ces produits dans les denrées alimentaires. C’est l’application de la chromatographie en phase gazeuse, découverte en 1962 — et particulièrement l’utilisation de chromatographes à capture d’électrons — qui a permis de mettre en évidence la pollution généralisée de l’univers par les résidus de pesticides organochlorés. Du D. D. T. ou de l’H. C. H. ont été trouvés non seulement dans les sols cultivés et dans leurs productions végétales et animales, mais aussi dans les océans, les rivières, les lacs et, pour prendre des exemples extrêmes, jusque dans les cuisses de grenouilles congelées ou les graisses des animaux de l’océan Arctique. Les services d’hygiène, le corps médical et les associations de consommateurs se sont émus, et des recherches systématiques ont été entreprises d’abord aux États-Unis, puis dans différents pays. On a cru d’abord que la pollution du lait par les résidus de pesticides avait pour seule origine les traitements insecticides effectués dans les étables et les locaux de stockage du foin et des aliments du bétail, mais le lait de femme est aussi, sinon plus, pollué que les laits de vache, de chèvre ou de brebis. Les recherches effectuées dans différents pays ont montré qu’en fait la présence de résidus de pesticides est due à différentes causes, dont la principale est la pollution des aliments.

Des mesures réglementaires ont été prises dans différents pays pour interdire ou limiter l’emploi de certaines catégories de pesticides. Dès à présent, on peut affirmer que la pollution est en régression. C’est ainsi qu’en France, grâce aux efforts des producteurs et des transformateurs de lait, et grâce aussi aux efforts des pouvoirs publics, la pollution du lait, dont on avait constaté l’importance en 1968, a été ramenée à des taux très voisins des doses tolérées par les réglementations internationales.

J. C.

 F. Kaloyanova-Simeonova et E. Fournier, les Pesticides et l’homme (Masson, 1971). / F. M. Luquet, Contribution à la connaissance de la pollution (thèse, Caen, 1973).

Pétain (Philippe)

Maréchal de France et homme d’État français (Cauchy-à-la-Tour 1856 - île d’Yeu 1951).


Né dans une famille de cultivateurs de l’Artois, Philippe Pétain perd sa mère alors qu’il a dix-huit mois. Son père s’étant remarié, il est élevé par une grand-mère et par un oncle qui, en 1867, le mettent en pension à Saint-Omer. Attiré par la vocation militaire, il prépare Saint-Cyr au collège des dominicains d’Arcueil : sa promotion est celle de Driant, de Sarrail, de Franchet d’Esperey et du père de Foucauld.


Un fantassin accompli

Quand il sort de Saint-Cyr, Pétain est un garçon appliqué, auquel la vie collective qu’il vient de mener depuis plus de dix ans a donné le goût de la réflexion personnelle et secrète, avec-une certaine ironie et une froideur qui caractériseront toujours son tempérament. Sa carrière d’officier, qu’il commence à Villefranche-sur-Mer et qui se déroule entièrement en France, témoignera jusqu’en 1914 d’autant de continuité que d’absence d’éclat. Pétain est avant tout un fantassin passionné de son arme ; il passera plus de la moitié de son temps dans la troupe, et, en dehors de son stage à l’École supérieure de guerre et de son affectation durant quatre ans à l’état-major des généraux Saussier, Zurlinden et Brugère, gouverneurs de Paris et généralissimes désignés, c’est par l’enseignement du cours d’infanterie à l’École de guerre qu’il marque l’armée de 1914. Il fonde sa doctrine sur la supériorité que confère la puissance du feu. S’opposant à la théorie officielle de l’offensive à outrance, qu’illustrait en cette même École de guerre les conférences du colonel de Grandmaison, il entend subordonner toute attaque à un appui massif de l’artillerie et à une usure préalable de l’adversaire. Redoutant les enthousiasmes, l’« école Pétain » veut donner la priorité aux faits et maintenir l’action dans la limite de ses possibilités.