Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pesticides

Produits antiparasitaires à usage agricole.


Le mot pesticide, d’origine anglaise, est passé dans la langue française et a remplacé l’expression produit antiparasitaire à usage agricole. En fait, il a désormais une acception plus large, certains pesticides étant utilisés non seulement dans la lutte contre les ennemis des cultures, mais aussi pour la destruction des parasites de l’homme et de son environnement (bombes aérosols, plaquettes insecticides, etc.).

Depuis longtemps, l’homme a cherché les moyens de protéger les plantes cultivées, les animaux domestiques et les denrées agricoles, au cours de leur production ou de leur conservation, contre les animaux prédateurs, les insectes ou les microorganismes parasites.

Pratiquement, les seuls moyens de lutte employés à présent sont d’origine chimique, et, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, on ne connaissait guère pour cet usage que des produits chimiques minéraux simples : acide sulfurique pour la destruction des chardons et autres plantes adventices, sels de cuivre pour la désinfection des locaux ou la protection de la vigne contre des affections microbiennes comme le mildiou, sels d’arsenic pour la protection des arbres fruitiers ou la préparation d’appâts empoisonnés, sulfure de carbone pour la désinsectisation des semences ou l’assainissement microbien des sols, formol, etc.

Les progrès rapides des connaissances dans différents domaines (chimie organique et en particulier chimie de synthèse, phytopharmacie, zoologie, zootechnie, agronomie, etc.) ont permis de préciser les conditions de vie des parasites, leur sensibilité ou leur résistance aux actions toxiques. Aussi les agriculteurs ont-ils à leur disposition une quantité sans cesse croissante de produits toujours plus efficaces, plus spécifiques, et, à l’heure actuelle, on trouve sur le marché quelque quatre mille spécialités commerciales pour la fabrication desquelles on met en œuvre environ quatre cents matières actives différentes.

Avant de donner quelques indications sur la classification des pesticides, sur les critiques que suscite leur emploi et sur les répercussions qu’ils peuvent avoir sur la santé humaine, il faut souligner la nécessité toujours plus impérieuse d’un développement de la production agricole pour assurer tant bien que mal la subsistance de la population du globe, qui augmente d’année en année à un rythme très rapide, ce qui implique l’utilisation de tous les moyens connus pour protéger cultures et denrées récoltées.

Si l’on interdisait actuellement, comme le demandent les ligues de consommateurs de certains pays, l’utilisation de tous les pesticides en agriculture, on verrait réapparaître à brève échéance, même dans les pays d’agriculture intensive, des famines telles que celle qui sévissait à l’état endémique au cours des siècles passés dans une Europe beaucoup moins peuplée qu’aujourd’hui. Il n’est pas inutile de rappeler qu’au xixe s. il y eut en France plusieurs années de graves disettes (1812, 1817, 1847, 1853, 1854, 1856 et 1862) et qu’en Irlande la grande famine de 1846-1849 fut provoquée par le mildiou, dont l’attaque généralisée détruisit les cultures de pommes de terre, base du régime alimentaire des Irlandais.

D’autre part, on a montré qu’une interdiction de l’emploi des pesticides aurait pour conséquence aux États-Unis une baisse de rendement de l’ordre de 50 p. 100 pour la pomme de terre, le blé et le coton, et de l’ordre de 25 p. 100 pour la viande, le lait et la laine. La lutte contre les parasites en agriculture est donc une nécessité inéluctable, et le seul moyen efficace, dans l’état actuel de nos connaissances, est l’utilisation des pesticides.

On peut envisager différentes classifications des pesticides.

• Si l’on utilise un classement en fonction du rôle qu’ils sont appelés à jouer, on distingue :
— les herbicides, pour la destruction des mauvaises herbes et des plantes adventices ;
— les insecticides, pour la destruction des insectes parasites ;
— les acaricides, pour la destruction des acariens parasites ;
— les bactéricides, pour la destruction des bactéries vectrices de maladies ;
— les fongicides, pour la destruction des moisissures.

• On peut aussi classer les pesticides en fonction de la matière active qu’ils contiennent : produits chimiques simples ou complexes, minéraux ou organiques, naturels ou de synthèse. La liste des pesticides est publiée dans l’index des produits phytosanitaires édité par l’Association de coordination technique agricole (A. C. T. A.)

Du fait de leur toxicité spécifique à l’égard des ennemis des cultures, on a trop souvent tendance à affirmer que tous les pesticides présentent des risques d’intoxication pour l’animal et pour l’homme. Il faut, à cet égard, rappeler une notion essentielle de toxicologie qui fut énoncée dès le xvie s. par Paracelse : « Tout est poison et rien n’est poison ; seule la dose fait le poison. » Autrement dit, suivant les doses où elle est absorbée par un consommateur, une substance peut être inoffensive, médicamenteuse ou toxique (par exemple l’arsenic ou la belladone).

Pour préciser cette notion de toxicité d’un produit pour le consommateur humain, il convient de distinguer la toxicité aiguë et la toxicité chronique.

La toxicité aiguë est caractérisée par ce que l’on appelle la dose létale 50 (ou mortelle), c’est-à-dire la quantité susceptible d’entraîner la mort de l’animal d’expérience, quantité exprimée par le nombre de milligrammes de la substance toxique par kilogramme de poids vif de l’animal.

En fait, les doses létales de pesticides ne sont jamais présentées dans les denrées alimentaires. Mais il est évident que les utilisateurs de pesticides doivent, pour éviter les intoxications aiguës, prendre des précautions minutieuses au cours de la manipulation de ces produits ou de leur application. Ils doivent protéger leur peau ou leurs muqueuses en utilisant des vêtements de travail spéciaux, des gants et, dans certains cas, des masques.